Les rosés ont leurs admirateurs inconditionnels, partout sur la planète, ou du moins en Occident, particulièrement l'été et au début de l'automne. Le Québec fait lui aussi partie de la vague... rosée, si l'on peut dire!

Rien d'étonnant, donc, à ce que les ventes de ces vins aient progressé de 9,5% en volume au cours du dernier exercice de la SAQ pour atteindre ainsi 472 000 cartons de 12 bouteilles standards!

En valeur, la hausse a été légèrement plus élevée (+11,3%), si bien que les Québécois ont acheté au cours de la dernière année pour 65 millions de dollars de rosés...

Pour fins de comparaison (il faut toujours comparer, comme on sait), l'ensemble des vins, blancs, rouges et rosés, tranquilles ou effervescents, ont connu pour leur part une augmentation de l'ordre de 6% à la fois en volume et en valeur au cours de l'année civile 2008.

Autrement dit, les rosés ont la cote, tout en représentant moins de 5% du volume des ventes de vins de la société d'État, lesquelles atteignent quelque 14 millions de cartons (ou caisses) par an!

De certains rosés, ou même parfois de tous les rosés, on dit que ce sont... des vins de piscine.

On veut dire par là que ce sont des vins à boire sans façon, par exemple au bord de la piscine, au soleil, au cours d'un repas improvisé dans la campagne ou en voyage, sans y chercher la complexité que peuvent offrir de très bons vins rouges et blancs.

Vrai ou faux?

C'est vrai, en ce sens que les rosés n'ont pour ainsi dire jamais la richesse de nuances, et donc la complexité, de tels vins. N'empêche, ils peuvent donner eux aussi beaucoup de plaisir.

Ce qu'on leur demande peut se résumer ainsi: qualité du fruit et donc des saveurs, netteté des arômes, et équilibre, avec par conséquent la juste dose d'acidité, sans amertume ou astringence indésirables.

Autre raison de l'intérêt que suscitent les rosés: ils peuvent accompagner quantité de plats, du poisson et des fruits de mer en passant par la charcuterie, les viandes blanches telles que le veau, et même - pourquoi pas? - de simples sandwichs.

Toutefois, ils ne font pas bon ménage avec les viandes rouges, qui demandent impérativement du vin rouge.

Enfin, et tout comme les vins blancs, les rosés sont à servir bien frais, et même davantage rafraîchis si on les boit à l'extérieur, au soleil, la chaleur faisant en sorte que la température du vin déjà dans les verres grimpe rapidement.

Quels rosés boire?

Comme tous les ans, la SAQ a fait déguster récemment à la presse spécialisée quantité de ces vins, soit 32 rosés commercialisés à titre de produits courants (et donc vendus dans de multiples succursales), plus 15 rosés de spécialité, qui sont ou seront vendus ceux-là dans un nombre plus restreint de succursales.

Comme à l'habitude, j'ai dégusté ces 47 vins à l'aveugle, et (je me répète) j'ai noté bas...

Une fois chaque vin dégusté, je consultais la liste établie par la SAQ, afin de savoir quel vin je venais de goûter et pour en connaître le prix. (C'est à mon sens la meilleure façon de bien se souvenir de tout vin goûté à l'aveugle, surtout s'il y en a un bon nombre.)

Parmi tous ces vins, j'en ai retenu 12, soit ceux que j'ai notés au moins 14 sur 20, ou deux étoiles sur cinq, plus quelques autres notés un peu moins bien.

Enfin, tous ces vins sont ou seront offerts en quantités importantes, et je n'ai pas indiqué combien il y en a dans l'ensemble du réseau (entrepôts et succursales).

En voici de courtes descriptions, en commençant par ceux qui m'ont semblé les plus réussis, et, finalement, sans indication sur leur potentiel de garde que je n'ai pas tenté d'évaluer.

> Côtes de Provence 2008 Vieux Château d'Astros. Question de goût, question de style, ce vin est à ranger parmi les rosés exemplaires, du moins à mes yeux. Rose pâle, peu coloré, son bouquet est délicat, fin, avec même certaines nuances peu communes dans des rosés. Même délicatesse en bouche. Plutôt léger, ses saveurs sont franches, avec un peu de gaz carbonique qui en rehausse les saveurs - comme c'est d'ailleurs le cas pour plusieurs autres rosés. Savoureux.

S, 10790843, 16$, **, ou 14,8/20, $$.

> Cava Pinot Noir Codorniu. Rosé mousseux espagnol, d'une couleur jouant entre le rose et l'orangé, au joli bouquet de fruits rouges. Également plutôt léger, assez dosé sans que ce soit exagéré, m'a-t-il semblé (légèrement sucré, donc), cela se boit... le plus aisément du monde.

S, 10499167, 16,25$, **, 14,8/20, $$.

> Bardolino 2007 Lamberti. Rosé de la Vénétie. Orangé, et donc bien coloré (c'est un 2007, et non un 2008). Le bouquet a de l'ampleur, et j'ai cru qu'il s'agissait d'un rosé élaboré avec du Cabernet Sauvignon. En bouche, une certaine complexité, du caractère.

C, 396572, 13,55$, **, 14,5/20, $ 1/2.

> Vin de Pays des Cévennes 2008 Domaine de Gournier. Rosé du Languedoc, de couleur orangée lui aussi. Simple, tout en fruits rouges, son bouquet a du charme. En bouche, un bon goût de fruit, de l'équilibre, avec un après-goût qui a de la persistance. Fort bon.

C, 464602, 11,60$, **, 14,2/20, $.

D'autres vins

J'ai attribué la même note (14/20) aux huit vins qui suivent, et qui sont présentés en allant des moins chers aux plus chers.

> Western Cape 2008 Tribal. Rosé d'Afrique du Sud, toujours fiable. Rose-orangé, et donc passablement coloré, son bouquet est marqué par des nuances rappelant, à mon sens, les oranges. Les saveurs sont relevées, avec dans l'après-goût des arômes genre vin de Pinotage (un cépage sud-africain qui est un croisement de Pinot noir et de Cinsault, aux arômes particuliers et bien difficiles à décrire). Impeccable à ce prix. Doit être mis en vente le 20 mai, quoiqu'on le trouve déjà dans certaines succursales.

S, 10511120, 11,35$, **, 14/20, $.

> Côtes du Roussillon Fruité Catalan. Vin du Languedoc non millésimé, très coloré pour un rosé, avec du corps, et des saveurs bien présentes de fruits rouges. Susceptible d'accompagner plusieurs types de plats.

C, 11015902, 13,75$, **, 14/20, $ 1/2.

> Rioja 2007 Marqués de Caceres. Rosé espagnol. D'une couleur orangée à reflets rougeâtres, son bouquet donne l'impression d'avoir, dans ce cas également, des arômes d'orange. Il est moyennement corsé, ses saveurs ont toute la netteté voulue, et sont rehaussées par un peu de gaz carbonique. À noter que c'est un 2007.

C, 10263242, 14,40$, **, 14/20, $ 1/2.

> Côtes de Provence 2008 Roseline Prestige. Une couleur légèrement orangée (oeil-de-perdrix, dit-on parfois), un bouquet d'un certain volume, et de corps moyen comme rosé, avec un bon goût de fruit.

C, 534768, 15,70$, **, 14/20, $ 1/2.

> Toscana 2008 IGT Carpineto. Rosé de Toscane, comptant parmi les plus colorés, au bouquet de fruits rouges, avec des notes de... bonbon. Rosé qui ne manque pas de corps, avec une bonne acidité (quasi de l'astringence) en fin de bouche. Ira bien à table.

S, 10263189, 15,85$, **, 14/20, $ 1/2.

> Côtes de Provence 2008 Pétale de Rose. Très peu coloré comme l'est toujours ce vin. Bouquet net, ténu, simple. Vin léger aux saveurs tout aussi nettes que l'annonce le bouquet, et avec un peu de gaz carbonique. On le souhaiterait un peu moins cher, cependant...

C, 425496, 17,40$, **, 14/20, $$.

> Tavel 2008 Domaine du Vieil Aven. Un des rosés les plus colorés parmi les produits courants. Bouquet de très bonne ampleur pour un rosé, de fruits rouges, non sans certaines nuances. Avec du corps, et des saveurs encore là de fruits rouges. Cher, comme tous les vins de cette appellation autrefois considérée comme celle produisant les meilleurs rosés de France.

C, 640193, 19,65$, **, 14/20, $$.

> Californie 2008 Vin Gris de Cigare. Peu coloré, un bouquet qui ne manque pas de charme, rappelant le Vieux Château d'Astros (voir plus haut). Peu corsé, riche en gaz carbonique (mais cela s'accepte), ses saveurs ont beaucoup de franchise. Mais le prix...

S, 10262979, 20$, **, 14/20, $$.

Enfin, et toujours en dégustant à l'aveugle, j'ai attribué la note d'une étoile et demie, ou 13,8/20, aux quatre vins suivants: Region de Cuyo 2008 Astica, d'Argentine, à très petit prix et qui sera en vente à partir du 20 mai (S, 10385565, 8,35$); Mendoza 2008 Shiraz Fuzion, aussi d'Argentine, et qui a du corps (S, 10938781, 9,80$);

Campo de Borja 2007 Borsao Rosado, d'Espagne, de corps moyen et aux saveurs nettes (C, 10754201, 11,70$) et, enfin, Venezie 2008 IGT Voga, qui sera commercialisé à partir du 20 mai (S, 11104788, 15,85$).