(Québec) Après un début de journée inhabituel au 1500 m, Kim Boutin a rétabli son statut de meneuse de l’équipe canadienne en remportant de façon convaincante le 500 m des Championnats canadiens de patinage de vitesse courte piste, qui s’ouvraient vendredi à Québec.

Reléguée au deuxième rang après un dépassement tardif de Rikki Doak, Boutin a repris la tête en osant un dépassement intérieur à l’entrée du dernier virage.

« Honnêtement, je suis contente d’avoir essayé un dépassement. C’est rare que j’en fais au 500 m », a noté la quadruple médaillée olympique.

La manœuvre de Doak, de Fredericton, a rappelé à Boutin des tactiques similaires de l’Italienne Arianna Fontana et de la Néerlandaise Suzanne Schulting, deux de ses principales rivales sur la scène internationale.

Ça a été une belle représentation de comment je peux préparer mon dépassement par la suite. J’en fais peu au 500 m, c’est quand même une de mes bêtes noires. C’est le fun parce que j’ai pu y travailler et ça s’est quand même bien terminé.

Kim Boutin

La finale du 1500 m, disputée en matinée au Centre de glaces Intact Assurance, fut moins heureuse pour la Québécoise. Coincée à la queue du peloton, elle n’a pu faire mieux que de remonter jusqu’au cinquième rang de cette course remportée par l’Ontarienne Renee Steenge, qui ne fait pas encore partie de l’équipe nationale.

Boutin a rappelé qu’à l’instar de ses coéquipières, elle abordait cette première compétition sans être reposée.

« Travailler dans le trafic, pour moi, c’est quand même un enjeu. Avec la fatigue, je ne peux pas nécessairement compter sur ma force pour dépasser. Il aurait fallu que je joue un peu plus de l’avant. C’est ce qu’on risque de voir dans les prochaines courses pour moi. »

Ce résultat inusité a fouetté celle qui a déjà dominé ces championnats canadiens de bout en bout.

« J’ai toujours eu le feu dans les yeux et je suis entrée dans cette course en voulant un peu travailler mes faiblesses. C’est dur pour la confiance. Je pense que je vais peut-être viser un peu moins haut et essayer de travailler vers l’avant du peloton et travailler mes dépassements de façon plus agressive, ce qui est ma personnalité. Je ne veux donc pas me dénaturer complètement à l’arrière. »

La veille, Boutin avait identifié sa « favorite » pour prendre une place dans l’équipe canadienne en cette première saison du cycle olympique où deux patineuses de renom, Alyson Charles et Florence Brunelle, ont choisi de retarder leur rentrée. Son nom : Ann-Sophie Bachand, une concitoyenne de Sherbrooke.

Bachand saisit sa chance

Bachand s’est montrée à la hauteur en prenant le troisième rang de la finale du 500 m. La jeune femme de 18 ans était évidemment ravie de partager ce premier podium national senior avec celle qui est vraisemblablement une idole.

Kim, je l’adore ! C’est tellement un bel exemple pour moi. On vient de la même ville, on s’entend super bien.

Ann-Sophie Bachand

Bachand, double médaillée aux derniers Mondiaux juniors, se souvient d’être allée encourager Boutin durant les sélections olympiques de 2018. Deux ans plus tard, Boutin l’a « tellement bien accueillie » quand elle s’est jointe au centre national à l’aréna Maurice-Richard.

« J’ai hâte de partager plus de temps avec elle, a souligné Boutin. Là, on ne s’entraîne pas toutes ensemble tout le temps. Si elle se classe dans le top 6 ou le top 8, ça va être intéressant parce que je vais pouvoir passer plus de temps avec elle. C’est un beau moment pour le club [de Sherbrooke]. Ça montre qu’on se développe et qu’on a de la relève. »

Au 1500 m, Danaé Blais a gagné l’argent derrière Doak et devant Courtney Sarault, médaillée de bronze. La patineuse de Châteauguay se félicitait d’avoir changé son programme de musculation pour gagner de la masse et de la puissance après une déception aux Jeux olympiques de Pékin, où elle a chuté en quart de finale.

« Ça a été une expérience quand même difficile, a noté Blais. Mais j’en suis sortie plus motivée que jamais. J’ai travaillé plein de points cet été : mental, physique, tactique. J’ai essayé d’améliorer tout ce que je pouvais. Je m’attends certainement à performer en fin de semaine. J’ai le physique et la puissance pour le faire. »

Dubois et Dion, en alternance

Chez les hommes, Steven Dubois et Pascal Dion se sont échangé les victoires en cette première journée de compétition en courte piste. Le premier au 500 m et le second au 1500 m.

« Ça solidifie comment je voulais me sentir », a confié Dubois, seul triple médaillé masculin du Canada aux JO de Pékin. « Je suis même surpris des jambes que j’avais aujourd’hui. Je suis content de ma deuxième place au 1500 m et vraiment content d’avoir gagné aussi. Ça m’enlève beaucoup de stress. Je vais pouvoir commencer à essayer des choses et essayer de gagner encore plus en fin de semaine. »

Chauffé par Dubois à la fin du 1500 m, Dion s’est félicité d’avoir pu fermer la porte. Au 500 m, il a été ralenti par une violente chute de Jordan Pierre-Gilles avec un tour et demi à faire.

« Les jambes sont là, les performances sont là, j’ai fait d’excellentes courses, a résumé le vice-champion mondial. Je suis juste vraiment fier de la façon dont j’ai couru. Ça faisait quelques mois qu’on n’avait pas eu de compétitions. Ça fait du bien de commencer comme ça. Il s’agit maintenant de garder cette énergie pour les deux prochains jours. »

Alexandre Migner (1500 m) et Antoine Gagnon-Lamarche (500 m), deux jeunes au début de la vingtaine, ont causé une surprise en gagnant le bronze dans leur épreuve respective.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Laurent Dubreuil

Dubreuil casse encore la baraque

Au lendemain de sa démonstration balistique sur 500 m, Laurent Dubreuil a encore une fois cassé la baraque sur la glace de l’anneau Gaétan-Boucher au 1000 m, vendredi soir. Pour la première fois de sa carrière au niveau de la mer, le héros local est descendu sous les 1 min 8 s. Son chrono de 1 min 7,94 s est plus rapide que celui qui lui avait valu la médaille d’argent aux Jeux olympiques de Pékin, en février. « Je ne m’attendais pas à être aussi vite », s’est réjoui Dubreuil, qui ne « s’explique pas » comment il peut être dans la forme de sa vie en octobre après une reprise d’entraînement calamiteuse. « Ça n’allait pas bien avec mon dos, j’ai eu l’influenza au mois de mai aussi, une bronchite. J’avais pris un solide sept, huit livres dans la saison morte… Un peu de fromage… Ça a été long pour me remettre en marche, mais du moment où c’est revenu, que mon dos se soit replacé, ça s’est mis à aller extrêmement bien. » Pour être certain de pouvoir bien finir ses 1000 m, un problème la saison dernière, il s’est également astreint à un nouvel exercice à l’entraînement : la montée de la moitié des quelque 400 marches de l’escalier du Cap-Blanc, à fond, quatre fois. À ne pas essayer à la maison…