Le conseil est prodigué à chaque réunion d'équipe: skiez par-dessus la ligne d'arrivée. Autrement dit: maintenez l'effort jusqu'au bout. Alex Harvey n'a pas appliqué ce précepte élémentaire lors de la troisième étape du Tour de ski, mardi, dans le Val Müstair, en Suisse.

Alors qu'une qualification pour la demi-finale du sprint libre lui tendait les bras, le fondeur canadien a baissé la garde à moins de 10 mètres du fil. Ç'a été suffisant pour que le Suédois Simon Andersson, qui remontait sur la droite, lui pique la deuxième place par sept centièmes de seconde.

Conséquence de ce faux pas, Harvey a laissé au minimum 15 secondes de bonification sur la table. Il a fini 16e de l'étape, passant de la 2e à la 5e position au classement général.

Harvey ne s'est pas défilé et a pris tout le blâme. «J'ai vraiment fait le con, a-t-il admis au téléphone, une heure plus tard. J'ai regardé à gauche et je ne voyais personne. Je pensais vraiment que j'avais la voie libre. J'ai comme relaxé un peu. J'ai vraiment fait un geste de junior, il n'y a pas d'autre façon de le décrire. Tu ne fais pas ça. Tu ne relâches pas avant de passer la ligne d'arrivée. C'est une des premières choses que tu apprends quand tu fais des courses.»

«Je ne peux pas vraiment justifier ça»

L'athlète de 26 ans s'en voulait d'avoir gaspillé une journée où ses jambes avaient du ressort. Il avait aussi bien tiré son épingle du jeu dans sa vague, malgré un mauvais départ. Il a évité la chute d'un rival allemand avant de se remettre dans le coup dans la dernière montée, un exercice qui lui cause souvent des ennuis en pas de patin, comme ç'a été le cas aux Jeux olympiques de Sotchi.

«À l'arrivée, j'ai juste vraiment fait l'idiot, a-t-il renchéri. Normalement, c'est moi qui finis fort sur le dernier 200 mètres en pas de patin, c'est moi qui reviens de l'arrière. Je ne peux pas vraiment justifier ça.»

À part pour dire que l'enchaînement des étapes dans un Tour suppose une gestion quotidienne de l'énergie. Il a voulu économiser, il a plutôt payé. «C'est le genre d'erreur que tu fais à 18 ans. À 26 ans, normalement, tu as appris de tes erreurs. Faut croire qu'on apprend quelque chose chaque jour!»

Sans s'apitoyer, Harvey a comparé sa mésaventure à celle que le cycliste canadien Curt Harnett a vécue aux JO d'Atlanta, en 1996. Le pistard s'était tourné du mauvais côté pour se faire surprendre par son adversaire en demi-finale de l'épreuve de vitesse. Il avait remporté le bronze le lendemain.

Harvey accuse dorénavant un retard de 54,2 secondes sur le meneur du Tour, le Norvégien Petter Northug, deuxième d'une finale endiablée au cours de laquelle l'Italien Federico Pellegrino, un spécialiste du sprint, s'est imposé. Seule consolation, le fondeur canadien espère tirer avantage des efforts supplémentaires déployés par ses principaux rivaux dans le cadre des demi-finales et de la finale.

Mercredi, le Tour se transporte à Toblach, dans les Dolomites, pour les quatrième et cinquième étapes. Harvey cherchera à améliorer son sort dans le cadre du 10 km classique. L'épreuve est critique en vue de la longue poursuite de 25 km, jeudi.

Dans l'état actuel des choses, le Québécois pourrait s'allier à Dario Cologna (6e) ou à Niklas Dyrhaug (8e) pour revenir sur le quatuor de tête composé de Northug, Martin Johnsrud Sundby, Calle Halfvarsson et Evgeniy Belov, tous dans la même minute. Le Tour prend fin dimanche dans le Val di Fiemme.