Depuis le début de la saison, Marie-Michèle Gagnon affirme à qui veut l'entendre en avoir assez de sentir le parfum du podium sans pouvoir y goûter. Ce discours volontaire a fini par lui entrer dans la tête et par dérégler son ski entre les piquets.

«J'ai réalisé que les trois premières courses de l'année, je les ai faites de la mauvaise façon, en essayant d'aller chercher la prochaine marche, en attaquant trop, en voulant trop», a analysé la skieuse de Lac-Etchemin, jointe en Italie hier après-midi.

Sans plonger dans les bas-fonds du classement, Gagnon a enregistré des résultats en deçà de ses capacités lors des trois premiers slaloms de la saison : 6e à Levi, 8e à Aspen et 11e à Äre, vendredi dernier, au lendemain d'une autre luxation de l'épaule gauche en slalom géant, sa quatrième en moins d'un an. Sur sa messagerie personnelle, elle a réclamé une nouvelle épaule au père Noël.

«J'étais vraiment frustrée, a-t-elle soupiré. Je ne suis même pas tombée, rien. J'ai juste touché la neige avec ma main dans un virage pour me stabiliser. L'épaule est sortie, je ne pouvais plus continuer.»

Au fil des blessures, la technicienne québécoise, sixième en slalom l'hiver dernier, a appris comment se comporter. Après s'être laissée glisser jusqu'au bas du parcours, elle a enlevé ses skis, détaché ses bottes et s'est assise dans la neige avant de replacer elle-même son articulation, comme un médecin le lui avait enseigné. Cette réaction rapide lui a permis de limiter les dégâts et de retourner dès le lendemain dans le portillon du slalom.

Deux jours plus tard, Gagnon a néanmoins ressenti de la nervosité à son premier entraînement en géant suivant la blessure. L'équipe canadienne est restée en Suède pour profiter du froid et des excellentes conditions qui prévalent en Scandinavie.

«Finalement, ça a super bien été, a-t-elle relaté avec soulagement. J'ai construit et je m'améliorais à chaque descente. Je n'étais pas trop intense. Je ne regardais pas trop les temps. J'ai juste pratiqué la piste et la neige, qui était dure et injectée.»

Comme l'an dernier

Sur vidéo, la différence avec la saison dernière est presque imperceptible: «Un ou deux centièmes par porte.» Mais Gagnon sent très bien qu'elle perd au change en voulant être trop directe dans sa trajectoire.

«Quand je fais ça, je suis trop tendue. Je connais la sensation quand je skie de façon vraiment propre. Il n'y a jamais de puissance perdue. J'utilise chaque porte pour produire de la puissance. Je reste en avant du tempo.»

Les trois journées d'entraînement à Äre lui ont permis de se remettre dans le rythme. Elle espère en récolter les fruits à la mi-mars, au retour de la Coupe du monde dans la station suédoise, là où elle a décroché son premier podium en 2012.

En attendant, Gagnon s'offre une pause de cinq jours à Val Gardena, où son chum, l'Américain Travis Ganong, participera à la descente aujourd'hui et au super-G demain. Elle reprendra l'entraînement en Italie avant la Coupe du monde de Semmering, en Autriche, prévue les 28 et 29 décembre... si la neige finit par tomber.

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La femme-chat a eu chaud...

Honorée que la compagnie de bottes de ski Lange l'ait désignée «icône» 2015, Marie-Michèle Gagnon a travaillé fort pour personnifier la femme-chat sur la photo promotionnelle. «J'ai toujours été un peu tomboy! dit en rigolant la skieuse de 25 ans. C'était cool comme expérience, mais je ne deviendrai jamais mannequin.»

Prête à tout, elle n'était pas mécontente de porter plus de vêtements que ses prédécesseurs pour cette campagne mettant l'accent sur le côté sexy des skieuses. «Ça fait plus grand public, et je me sens mieux que mes oncles et tantes me voient plus habillée...»