Galvanisée par son premier podium à vie et une excellente fin de saison 2012, la skieuse Marie-Michèle Gagnon s'était fixé des objectifs clairs et précis pour l'hiver suivant: le 7e rang en slalom et le 15e en géant. Elle s'est crue partie pour la gloire lorsqu'elle a pris le sixième rang du slalom géant d'ouverture à la Coupe du monde de Sölden, il y a un an.

Ça ne s'est pas exactement passé comme ça. Et la «descente» a été aussi abrupte que le mur de Sölden que Gagnon retrouvera demain pour le lancement de la saison 2013-2014, dont les Jeux olympiques de Sotchi représenteront le point culminant.

Ça n'a pas été une descente aux enfers; Gagnon a quand même accumulé 6 résultats parmi les 10 premières en Coupe du monde et une 8e place en géant aux Mondiaux de Schladming, avant de conclure avec 3 titres nationaux et une 2e place en descente. Mais n'est pas Tina Maze ou Lindsey Vonn qui veut, et les passages à vide ont plongé la Québécoise dans une spirale démoralisante.

«Mes attentes étaient trop élevées», analyse Gagnon, jointe à Canmore la semaine dernière, avant son départ pour l'Autriche. «Si j'étais 10e, je n'étais pas si satisfaite que ça. Et si j'étais 13e, j'étais complètement déçue. Plus ça allait mal, plus j'essayais fort. Ce n'était pas une bonne façon de m'y prendre. Le ski alpin, c'est un jeu mental!»

La skieuse de Lac-Etchemin refuse donc de chiffrer des objectifs précis pour la saison à venir. Cela inclut Sölden, un géant exigeant et taxant qui lui a généralement souri. «Demande à n'importe qui, à la fin du parcours, les jambes brûlent et on a comme du sang dans les poumons. C'est comme un sprint intense d'une minute et demie.»

Douée physiquement, Gagnon estime avoir fait beaucoup de progrès sur le plan technique au cours de l'entre-saison. L'accent a été mis sur le volume sur neige lors de stages à Nakiska (mai), à Zermatt (juillet), en Nouvelle-Zélande (août-septembre) et à Saas Fee (octobre).

La Québécoise calcule avoir skié deux semaines de plus que d'habitude, ce qui lui a permis d'améliorer son confort sur les planches de vitesse. Elle participera d'ailleurs aux trois premiers super-G de la saison, à commencer par celui de Beaver Creek, à la fin du mois de novembre. «Si je commence à bien skier, on va continuer, sans que ça ait un impact sur mes épreuves techniques, évidemment.»

Pour l'instant, le slalom et le géant restent son pain et son beurre. Avec ses entraîneurs, elle a apporté des modifications techniques relativement importantes. L'idée est de solliciter davantage ses chevilles et ses genoux pour développer des virages plus fluides et plus rapides.

«C'est assez évident que c'est une chose qui manquait à mon ski, reconnaît l'athlète de 24 ans. C'est un principe facile, mais difficile à appliquer, surtout quand on skie d'une façon depuis plusieurs années. Je n'utilise pas tant que ça mes genoux et mes chevilles pour rester devant. J'utilise beaucoup le reste de mon corps, ma force physique, ma constitution athlétique. Ajouter cela à mon ski pourrait vraiment me propulser à un autre niveau.»

Jusqu'au podium à Sotchi? Elle en rêve et s'en croit capable. Mais ne commettra pas l'erreur de tout miser là-dessus. «Des Jeux olympiques, j'en ferai trois ou quatre dans ma carrière, calcule Gagnon. Je sais que j'ai le potentiel d'avoir une médaille, dans deux ou trois disciplines peut-être. En même temps, j'aborde ça avec du recul. Je m'en vais là pour avoir une bonne performance. Pour moi.»