À un an des Jeux olympiques de Sotchi, l'équipe canadienne de ski alpin prend les grands moyens pour atteindre son objectif de deux podiums. La fédération s'apprête à embaucher le Suisse Martin Rufener, l'un des entraîneurs les plus réputés dans le milieu.

Rufener, 53 ans, arriverait au Canada pour occuper une nouvelle fonction au sein de Canada Alpin, celle de directeur de la performance olympique. En s'intégrant à l'équipe d'entraîneurs en place, il chapeauterait les programmes féminin et masculin, en s'occupant de la gestion et de la planification stratégique, à court et à long terme.

Max Gartner, président de Canada Alpin, tente d'embaucher Rufener depuis qu'il a quitté son poste d'entraîneur-chef de l'équipe masculine suisse, après la saison 2010-2011, à la suite d'un différend contractuel avec Swiss-Ski. Sous sa direction, les skieurs helvètes se sont de nouveau retrouvés au sommet, décrochant notamment deux titres olympiques aux JO de Vancouver (Didier Défago et Carlo Janka), trois médailles d'or aux Mondiaux et plusieurs globes de cristal, dont les quatre de Didier Cuche en descente.

Rufener n'a pas encore été embauché officiellement, mais tout indique cela se concrétisera sous peu. Il a déjà eu de nombreuses discussions avec les entraîneurs canadiens. Il prendra sa décision après avoir visité le Canada, où il compte s'installer avec sa famille.

À long terme

«On a fait beaucoup de chemin», a expliqué Gartner, en entrevue avec La Presse aux Championnats du monde de Schladming. «On discute avec lui depuis longtemps. Ce n'est pas une chose qui est arrivée du jour au lendemain. C'est une grande étape pour lui d'émigrer au Canada. Ce serait un engagement à long terme. Pas seulement pour 2014, mais pour 2018 aussi.»

Gartner est manifestement emballé à l'idée de concrétiser cette embauche. Il connaît Rufener depuis longtemps. Le Suisse a été entraîneur-chef de l'équipe masculine canadienne de 1991 à 1993. Il a entre autres travaillé avec Brian Stemmle et Rob Boyd. De 1984 à 1991, il a aussi connu beaucoup de succès avec l'équipe féminine américaine, et a notamment mené Diane Roffe à un titre mondial.

Le président compte sur Rufener pour ouvrir des portes aux Canadiens en Europe. «Le ski alpin se déroule encore beaucoup ici, a souligné Gartner. On doit avoir des contacts et des liens solidement ancrés sur place. Martin est assurément bien placé. Il connaît les gens dans les entreprises de ski, les stations, etc. On a besoin de ce savoir-faire dans notre système. Si on ne l'a pas, c'est difficile.»

Canada Alpin compte aussi sur la «polyvalence» de Rufener à long terme. «On ne sait jamais, il y aura probablement des changements après Sotchi, a souligné Gartner. Nous voulons donc nous assurer qu'un gars comme lui soit dans notre système.»

Même si Canada Alpin connaît sa part de difficultés financières depuis les JO de Vancouver, Gartner soutient que l'argent ne sera pas un problème. «Si on veut être compétitif, on doit avoir les bonnes personnes en place.»

Aucun skieur canadien n'est monté sur un podium olympique depuis Edi Podivinsky, médaillé de bronze en descente en 1994. Le Canada est passé près à Turin, en 2006, avec trois quatrièmes places, dont celles d'Erik Guay et de François Bourque, et la cinquième position de Geneviève Simard. Le scénario s'est répété à Vancouver avec les deux cinquièmes places de Guay.

«On frappe à la porte, mais ce n'est pas assez, a plaidé Gartner. On doit briser cette barrière. Ça fait trop longtemps.» Ce sera le mandat de Rufener.