Erik Guay a refait le plein de confiance en prenant le quatrième rang de la descente à la Coupe du monde de Wengen, remportée par l'Italien Christof Innerhofer, samedi. La journée a été marquée par une pointe de vitesse record du Français Johan Clarey, qui a filé à plus de 160 km/h.

Ralenti par un gros rhume depuis la descente de Bormio, à la fin décembre, Guay a retrouvé l'énergie pour attaquer les 4,4 km du parcours le plus long sur le circuit. À moins de quatre dixièmes du podium, une position qu'il connaît trop bien, Guay n'avait pas envie de bouder son plaisir, lui qui a signé son meilleur résultat à vie sur la mythique Lauberhorn

« Je suis vraiment satisfait de ma journée, a-t-il commenté en entrevue téléphonique. Il faut mettre les choses en perspective : j'ai fini entre la 10e et la 14e place à l'entraînement cette semaine et mon meilleur résultat ici était une huitième place. C'est vraiment une très bonne réussite pour moi. »

Troisième à Val Gardena avant Noël, Guay peut maintenant aborder la suite avec confiance. « Je suis content de commencer l'année en reprenant là où j'avais laissé à Val Gardena, a souligné le détenteur de 18 podiums en Coupe du monde. Je sens que ça va dans la bonne direction et que le ski se porte de mieux en mieux. C'est important avec Kitztbühel et les Championnats du monde de Schladming qui s'en viennent. La motivation et la confiance commencent à se bâtir. »

Ce classement est d'autant plus satisfaisant qu'il a été obtenu dans des conditions particulières.

Quatre-vingt-dix secondes avant de s'élancer, Guay a entendu un grand « whoâ » et senti tout le monde retenir son souffle autour du portillon. « Stop start !» a ordonné le préposé au départ. Le Québécois savait que la descente d'Aksel Lund Svindal, parti juste avant, avait été arrêtée par un incident fâcheux.

Guay a enlevé ses skis, détaché ses bottes et attendu de longues minutes avant que la course ne soit relancée, ignorant ce qui était arrivé à son ami norvégien. Seul détail rassurant, l'hélicoptère de secours n'a pas été dépêché sur les lieux. Svindal, leader du classement de la descente, a évité le pire en se retrouvant dans les filets après avoir perdu un ski peu après son atterrissage au célèbre saut de la « tête de chien ».

« Dans ce temps-là, ce n'est pas facile mentalement, a souligné Guay. J'ai essayé de penser à autre chose et de me relaxer le plus possible. Deux minutes avant que je reparte, je me suis remis à me pomper et à me concentrer sur ma course. »

L'athlète de 31 ans a connu un haut de parcours exceptionnel, reprenant quatre dixièmes au leader Innerhofer, avant qu'une légère hésitation à l'entrée des S de Kernen, LA section clé de la Lauberhorn, ne coupe court à son élan avant le tunnel. Il estime avoir perdu environ six dixièmes dans ce seul secteur. « Ça ne m'a pas coûté la victoire, mais peut-être un podium. »

Une autre erreur de trajectoire à l'entrée d'un virage plus bas - « ils ne l'ont pas montré à la télévision » - l'a aussi ralenti. « Il faut que tu pousses tes limites et des fois, tu vas les dépasser, a-t-il noté. C'est tout à fait normal. On voit souvent de grosses erreurs commises dans les manches gagnantes. Je ne m'inquiète pas trop avec ça. Je pense que j'ai bien skié et tout est à la bonne place. »

Troisième en franchissant la ligne, Guay a exprimé sa joie. « Solide ! Yeah baby ! » a-t-il lancé en montrant le poing à la caméra. L'Autrichien Klaus Kröll l'a ensuite délogé du trio de tête, s'installant au deuxième rang devant son compatriote Hannes Reichelt.

Cinquième, le Français Johan Clarey a causé la sensation en atteignant une pointe de vitesse de 161,90 km/h dans le Hannegschuss, un record dans l'histoire du ski. « C'est anecdotique, mais ça fait toujours plaisir ! » a commenté Clarey. En voilà un qui n'a visiblement pas froid aux yeux.