Le genou opéré à l'automne se comporte à merveille. Le dos, son «job à temps plein», aussi. Mais après une période des Fêtes délicate, Erik Guay court encore après son énergie à l'amorce du mois le plus important de la saison. Le skieur de Mont-Tremblant espère se donner un élan sur les mythiques descentes de Wengen, en Suisse, (demain) et Kitzbühel, en Autriche, (le 26 janvier) avant d'aller défendre son titre aux Championnats du monde de Schladming, en Autriche, le 9 février.

«Physiquement, il m'en manque encore un peu. J'espère pouvoir m'en remettre d'ici samedi, mais je ne suis pas trop inquiet. J'aimerais que ça parte du bon côté, reprendre où j'ai laissé à Val Gardena (3e), pour trouver un peu de confiance», a souhaité Guay, en entrevue téléphonique de la Suisse, mardi.

Sa voix était nasillarde et enrouée, résidus d'un rhume costaud attrapé avant la périlleuse descente de Bormio, le 29 décembre. Fiévreux et affaibli, Guay s'est néanmoins présenté au départ dans l'espoir de maintenir son rang au classement. Il en a été quitte pour les «deux minutes les plus dures de [sa] vie». Sa 24e place lui a valu sept maigres points.

«Je n'ai pas de regrets, mais ce n'était pas super intelligent de ma part de l'avoir fait», a convenu celui qui pointe au septième rang en descente.

«Je me suis dit que j'avais une chance de bien faire. J'ai trouvé le courage et le jus pour descendre, mais arrivé en bas, j'avais zéro énergie. Même que c'était dangereux. J'ai été chanceux de ne pas me planter. La prochaine fois que je serai fiévreux comme ça, je vais y penser deux fois.»

Guay espérait reprendre des forces à son retour à Mont-Tremblant pour le Nouvel An. Or, il a transmis sa maladie à ses deux filles de 4 ans et 1 an. «Ce n'était pas facile. Les filles se réveillaient cinq-six fois pendant la nuit. Ma plus âgée est à la prématernelle, elle attrape plein de choses, elle donne ça à la plus jeune, elles me le transmettent... On dirait que ça tourne en rond.»

Un peu contrit, Guay explique qu'il a dû devancer son retour en Europe la semaine dernière. «J'ai pu m'entraîner deux jours... et me reposer en faisant des nuits complètes.»

Une piste complexe

Toujours mieux d'avoir les sens bien aiguisés quand on file à plus de 150 km/h sur deux planches. Guay s'étonnait un peu de cette vitesse maximale atteinte mardi, en route vers le 14e temps du premier entraînement chronométré sur un parcours raccourci. Rebelote le lendemain alors qu'il n'a pas été en mesure d'effacer la grosse seconde qui le sépare de la tête. Le Bulgare Svetoslav Georgiev a causé un émoi en atteignant 158,3 km/h, un record.

Hier, le dernier entraînement a été annulé en raison du brouillard sur la piste.

L'intrigante Lauberhorn, la plus longue piste sur le circuit avec ses 4,4 km, ne se laisse pas facilement dompter. En neuf départs à l'ombre du mur de glace de l'Eiger, le Québécois de 31 ans n'a jamais fait mieux que huitième, l'hiver dernier.

«Je ne l'ai pas encore maîtrisée», a admis l'auteur de 18 podiums en Coupe du monde, à deux du record canadien de Steve Podborski. «C'est une piste très dure, avec des sections compliquées. Il y a des endroits où je dois m'améliorer si je veux être compétitif samedi. Ça n'a jamais été mon meilleur endroit dans le passé, mais je vais travailler très, très fort pour avoir un autre meilleur résultat cette année.»

Tout comme son compatriote John Kucera, à qui il a succédé à titre de champion mondial, Guay fera ses derniers réglages en s'élançant pour la portion de descente du super-combiné d'aujourd'hui. Deux fois sur le podium à Wengen, Manuel Osborne-Paradis, 51e et 61e à l'entraînement, aura manifestement besoin de temps pour retrouver sa touche, lui qui a manqué entièrement la dernière saison. L'imprévisible Jan Hudec, 19e mercredi, paraît le mieux disposé à épauler Guay.