L'atmosphère était un peu sinistre à Wengen lundi. Les petites rues du village piétonnier, dont les origines remontent au XIXe siècle, étaient presque vides. Les rares passants marchaient sur le bout des pieds dans la sloche printanière. Un épais brouillard enveloppait les chalets en bois brun-noir. Impossible de voir quoi que ce soit du décor. Je fais le tour en 15 minutes. Au détour d'une venelle, je m'imagine croiser le grand-père bourru de Heidi.

Le lendemain matin, en ouvrant les rideaux, plein soleil. Je fais presque un pas par en arrière: le Männlichen et ses pentes rocheuses vertigineuses semblent fondre sur le village. Des skieurs empruntent le téléphérique qui mène au sommet, à 2230 mètres.

Un peu plus loin, on distingue bien l'un des trois monstres de roc de l'Oberland bernois: la Jungfrau (la Vierge, littéralement) qui culmine à 4158 m. Un train touristique permet d'y accéder. À côté, ses deux petits frères, le Mönch (le Moine) et l'Eiger (l'Ogre, selon la légende), haut lieu de l'alpinisme mondial. Plusieurs alpinistes y ont laissé leur peau sur la mythique face nord.

De l'aéroport de Zurich, on met un peu moins de trois heures en train (réglé à la minute, bien sûr) pour atteindre Wengen, qui présente des courses de ski alpin depuis 1930. Les automobilistes doivent laisser leur voiture à Lauterbrunnen, au creux de la vallée. Seule façon d'accéder à Wengen: un petit train à crémaillère vert et jaune. Les skieurs de la Coupe du monde, le staff et l'équipement n'y échappent pas. Lundi, j'ai dû me tasser les pieds pour laisser le Norvégien Aksel Lund Svindal rentrer son vélo stationnaire. Sympathique... et pratique pour organiser une entrevue. À lire demain.