La pièce d'équipement la plus populaire à Lake Louise? Le ruban gommé. Peu de skieurs s'en sont passé mercredi après-midi. À 130 km/h, une engelure sur le nez ou les joues est si vite arrivée.

Froide, la journée? Glaciale. Quand le liquide antigel gèle... Moins 30, indiquait le thermomètre en matinée.

Trop heureux de mettre à l'essai ses skis Head, un nouvel équipementier, Aksel Lund Svindal a accueilli le temps froid avec un haussement d'épaule. Il a réalisé le meilleur chrono de ce premier entraînement de descente de la nouvelle saison de Coupe du monde. La descente officielle est prévue samedi, le super-G dimanche.

«Quelqu'un m'a dit que Lake Louise était en ce moment le deuxième endroit parmi les plus froids de la planète après le pôle Nord», a souligné avec amusement le grand Norvégien, le seul à franchir la piste Men's Olympic Downhill en moins d'une minute 50 secondes.

Svindal, gagnant du grand globe de cristal en 2009, a devancé de sept centièmes l'Autrichien Hans Grugger et de 14 centièmes le vénérable Suédois Patrick Jaerbyn (41 ans, quand même!). Robbie Dixon, de Whistler, a été le meilleur Canadien avec le 15e temps (+86 centièmes).

Un peu en retrait, Erik Guay a enregistré le 21e chrono, à 1,45 seconde de Svindal, à qui il a refilé quelques conseils au walkie-talkie après sa descente. Le Québécois de 29 ans s'était laissé surprendre à deux endroits sur la première moitié du parcours. Deux erreurs de trajectoire qui expliquaient sa grande sérénité au bas de la pente.

«Je voulais bien me sentir sur mes skis et c'est ce que j'ai réussi, a noté l'athlète de 29 ans, deuxième parmi les plus rapides sur la dernière section. Donc, le ski en tant que tel, ça va bien. J'ai de bonnes sensations. Il faut juste que je nettoie les erreurs. Ça, c'est facile à corriger. J'aime mieux que ce soit des erreurs tactiques que ce soit le ski.»

À pareille date l'an dernier, l'histoire était bien différente. Une blessure au dos durant l'entraînement estival avait retardé sa préparation d'un mois. «J'étais un peu perdu dans mon ski, a rappelé Guay. Pour le retrouver, il fallait que j'aille faire des manches d'entraînement en ski libre. Quand il fait -30 ºC...»

Le gagnant du globe de cristal du super-G peut se compter chanceux d'être en santé. En octobre dernier, une lourde chute à l'entraînement l'a empêché de prendre le départ à la Coupe du monde d'ouverture de Sölden. Puis, il y a une dizaine de jours, il a glissé sur un morceau de plastique lors d'un entraînement de vitesse à Vail, au Colorado. Ça a cogné dur et ses skis ont cassé. Il en a été quitte pour une douleur au mollet qui a duré quelques jours.

«Je me suis planté d'aplomb, a dit Guay. Des fois, c'est bon d'avoir des chutes comme ça avant la saison. Là, c'est fini!»

Les dirigeants de l'équipe comptent sur lui pour lancer la saison 2010-2011 du bon pied. Depuis 2006, les Canadiens, femmes et hommes confondus, ont obtenu pas moins de neuf podiums dans la station albertaine, dont la victoire de Manuel Osborne-Paradis en super-G l'an dernier. Guay cherche pour sa part à «trouver le secret» de Lake Louise depuis sa deuxième place en descente en 2003.