On dit souvent que les épreuves forment le caractère et c'est vrai que peu d'athlètes sont aussi déterminés qu'Olivier Rochon. Le skieur acrobatique de Gatineau a connu un parcours tortueux, ponctué par une victoire, six podiums et un titre de champion en Coupe du monde de sauts, mais aussi par des blessures et une suspension.

À 25 ans, après deux saisons perturbées par de graves blessures qui l'ont empêché d'aller aux Jeux de Sotchi, «Oli» est prêt à reprendre sa place en équipe nationale de Coupe du monde. «Mon genou est guéri et cela fait déjà plusieurs semaines que j'ai repris l'entraînement, explique-t-il. En fait, j'ai passé la plus grande partie des deux dernières années en réhabilitation et j'ai vraiment hâte de retrouver la neige, de compétitionner au plus haut niveau.»

Blessé à l'abdomen pendant la saison 2012-2013, Olivier avait été opéré dans l'espoir d'être fin prêt pour la saison olympique. Après plusieurs mois de travail intensif, il avait repris l'entraînement sur neige quand il s'est déchiré le ligament croisé antérieur du genou gauche en chutant alors qu'il skiait pour le plaisir, après une séance de sauts.

«Je n'avais pas les skis pour la poudreuse et j'ai été surpris par une bosse, raconte-t-il. Un accident bête, bien sûr, mais au moins, il ne m'a laissé aucune séquelle. Ce n'est pas comme si je m'étais blessé gravement en compétition; j'aurais alors pu devenir craintif...»

Ceux qui connaissent Olivier savent qu'il n'est guère peureux et que les mouvements les plus complexes du répertoire de sauts ne l'impressionnent pas. «J'ai commencé par la gymnastique avant d'arriver au ski acrobatique et cela m'a donné une certaine facilité avec les sauts périlleux et les vrilles», souligne-t-il, comme si c'était naturel.

«Cette saison, je vais y aller avec un nouveau saut - un Full, Full, Double-Full -, qui comprend trois sauts périlleux et quatre vrilles, les deux dernières vrilles étant à la fin. Peu de skieurs le maîtrisent bien, car ce saut implique un atterrissage à l'aveugle. Moi, ça ne me pose habituellement pas de problème.»

La maturité, en cachette!

Quatre années après avoir été suspendu pour indiscipline, Olivier est devenu un athlète et un individu remarquablement mature. Certes, il aime encore afficher une certaine nonchalance, question d'impressionner ses rivaux, mais les exigences de son sport et les nombreuses épreuves l'ont amené à développer une grande rigueur.

«Je suis fier d'être passé à travers de tout ce que j'ai eu à affronter, avoue-t-il. Je n'ai jamais baissé les bras. Cet été, j'ai fait ma réhabilitation chez mes parents, à Gatineau. Ils étaient heureux de m'avoir avec eux à la maison et cela m'a fait du bien.

«Je suis encore jeune, je me vois très bien continuer jusqu'aux Jeux de 2018 et même jusqu'aux suivants. Rendu à mon niveau, l'entraînement est davantage question de qualité que de quantité. Plusieurs skieurs approchent la trentaine et l'expérience est un atout très important, surtout avec les nouvelles règles, qui nous obligent à effectuer plusieurs sauts différents et à faire preuve d'un bon sens stratégique.»

Cette saison, Olivier espère être compétitif aux Championnats du monde à Kreischberg, en Autriche, à la mi-janvier. «Je vise le podium, assure-t-il. Plusieurs athlètes ont pris leur retraite après Sotchi, d'autres prennent une année sabbatique. L'occasion est belle pour reprendre ma place avec les meilleurs.»

Rochon ne sera d'ailleurs pas le seul Canadien à lutter pour le podium. L'Ontarien Travis Gerrits, qui s'entraîne avec lui, avait obtenu la médaille d'argent aux derniers mondiaux, en 2013, en Norvège. «Nous aimerions monter ensemble sur un podium cette saison, a raconté Olivier. Nous en avons certainement le potentiel.»

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Porte-parole de Whiteface Mountain

Aucune Coupe du monde de sauts n'est prévue au Canada cette saison, mais les spécialistes seront à Lake Placid, à la fin janvier, pour deux épreuves dans un cadre spectaculaire et très chaleureux. Olivier Rochon est d'ailleurs l'ambassadeur de Whiteface Mountain, le centre de ski de la petite ville des Adirondacks. «C'est à quelques heures de Montréal seulement et la montagne offre des conditions de ski exceptionnelles, avec notamment un vaste terrain réservé à la poudreuse digne de ce qu'on voit dans les Rocheuses», explique-t-il. La montagne est gérée par l'organisme responsable des installations olympiques (ORDA) à Lake Placid et l'accueil y est toujours chaleureux.

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Olivier Rochon en bref

• Né le 30 juillet 1989 à Bucarest, en Roumanie (il a grandi à Gatineau)

• 5 pieds 5 pouces, 160 livres

• Membre de l'équipe nationale depuis sept ans

• Débuts en Coupe du monde: 27 janvier 2008, Mont-Gabriel

• Recrue de la saison 2008-2009 en Coupe du monde (sauts)

• Champion de la Coupe du monde et récipiendaire du Globe de cristal en 2011-2012 (sauts)

• Une victoire (Calgary, 2012) et six podiums en Coupe du monde