L'épreuve de bosses de la Coupe du monde de ski acrobatique de Mont-Gabriel n'aura pas lieu cet hiver.

Prévue le 30 janvier, la compétition, toujours très populaire auprès du public québécois, a dû être annulée en raison d'un changement de la date limite prévue dans le processus de qualification olympique. Seule l'épreuve de sauts reste à l'agenda.

À l'origine, l'Association canadienne de ski acrobatique (ACSA), organisatrice de la Coupe du monde, tenait pour acquis que la date butoir pour la qualification olympique tomberait le 1er février, soit l'avant-dernier lundi avant le début des Jeux de Vancouver, comme c'était le cas quatre ans plus tôt pour Turin.

Or, un changement dans la façon de procéder de la Fédération internationale de ski, annoncée à la fin du printemps, a fait reculer cette date limite au 25 janvier, soit au lendemain de la Coupe du monde de Lake Placid. Priorisant la préparation finale pour les Jeux, plusieurs pays, dont le Canada, prévoyaient donc ne pas aligner leurs meilleurs éléments dans les Basses-Laurentides ou annonçaient carrément qu'ils ne s'y rendraient pas.

L'ACSA a donc préféré s'abstenir et tenir plutôt une épreuve de bosses supplémentaire à la Coupe du monde de Calgary, début janvier. «Stratégiquement, on s'est dit que si on tenait la compétition, ce serait très loin des standards habituels, a expliqué Peter Judge, chef de la direction de la fédération. Il manquerait plusieurs des meilleurs skieurs de toute façon et plusieurs de nos meilleurs n'y seraient pas non plus. On a basé notre décision là-dessus.»

En forme et reposés

Le fait que les épreuves de bosses seront présentées dès les deux premières journées des Jeux de Vancouver a aussi pesé dans la balance.

«On veut que nos skieurs arrivent en pleine forme et reposés, compte tenu surtout de tout l'argent et des efforts déployés par À nous le podium pour s'assurer que le Canada finisse premier au classement des médailles, a rappelé Michèle Deslandes, directrice-adjointe de la Coupe du monde de Mont-Gabriel. C'est sûr que pour les Québécois, fans de ski acrobatique, c'est décevant de ne pas voir nos idoles en compétition dans notre cour, mais il faut regarder le portrait d'ensemble.»

Succès populaire et organisationnel, la Coupe du monde, qui se tient au mont Gabriel depuis 2006, a atteint son paroxysme sportif l'hiver dernier quand Vincent Marquis, Alexandre Bilodeau et Pierre-Alexandre Bilodeau ont monopolisé le podium, une première historique.

L'annulation de la course n'est pas une surprise pour Marquis. «C'est sûr que c'est quand même décevant, car pour moi et les autres skieurs québécois, c'était la seule chance qu'on avait de courir devant nos parents et amis. Et cette année, on ne pourra pas le faire, a constaté celui qui revient d'un camp de trois semaines en Argentine. Ce n'est la faute de personne. Avec les Jeux, ça n'adonnait juste pas.»

Au milieu de nulle part

Dominick Gauthier, l'entraîneur de Bilodeau et de Jennifer Heil, deuxième à Mont-Gabriel en 2009, est lui aussi déçu, surtout que la Coupe du monde de Lake Placid se déroule dans un anonymat presque complet.

«C'est bien plate parce que Mont-Gabriel est un parcours qu'on aime bien et qu'il y a toujours beaucoup de monde, a souligné Gauthier. À la place, on fera une course au milieu de nulle part sans spectateurs. Lake Placid est un petit village et l'accès à la piste est compliqué. Les rares spectateurs sont souvent les parents des athlètes de Montréal.»

La fédération canadienne s'engage à remettre au calendrier l'épreuve de bosses de Mont-Gabriel dès 2011. «On a un partenariat fantastique avec Mont-Gabriel et le site est impeccable, a dit Peter Judge. C'est simplement l'une de ces anomalies athlétiques en raison de la tenue des Jeux.»

En revanche, la traditionnelle épreuve de sauts aura bel et bien lieu à Mont-Gabriel. Il était beaucoup plus facile d'attirer les meilleurs sauteurs en raison de la rareté des sites de qualité dans le monde. Après la Coupe du monde, les installations de Mont-Gabriel serviront d'ailleurs de lieu officiel d'entraînement en prévision des Jeux de Vancouver.

Les organisateurs songent à étaler la compétition sur deux jours, soit les 30 (femmes) et 31 (hommes) janvier.