L'Autriche peut respirer. Après un hiver blanc sur la feuille de résultats, ses skieurs chéris sont de retour au sommet. Michael Walchhofer a écrasé la concurrence, samedi, lors de la descente de la Coupe du monde de Lake Louise. Le vétéran de 35 ans a ainsi offert à son pays une première victoire dans la discipline depuis mars 2009.

La journée fut beaucoup moins réjouissante pour les skieurs canadiens, écarté des 10 premiers. Seule bonne nouvelle, la résurgence de Jan Hudec, surprenant 11e en dépit d'un dossard élevé.

Erik Guay n'a jamais été dans le coup lors de cette première descente de la saison. Le skieur de Mont-Tremblant a été relégué au 24e rang, à 2,22 secondes de Walchhofer.

«C'est le parcours qui me brassait au lieu que ce soit moi qui le skie et l'attaque», a commenté le Québécois après sa sortie décevante. «J'étais toujours un peu en retard. Je n'avais pas les appuis que je voulais et je ne créais pas de vitesse comme je voulais. Ce qui fait que je n'ai pas eu le temps que je voulais non plus.»

Gagnant in extremis du globe du super-G l'hiver dernier, Guay s'était fixé comme objectif d'amorcer la saison du bon pied. Encore une fois, Lake Louise ne lui a pas souri. Son seul succès ici remonte en 2003, alors qu'il avait pris le deuxième rang du super-G, son tout premier podium en Coupe du monde.

«Oui, c'est frustrant, a commenté l'athlète de 29 ans. C'est sûr que tu veux commencer la saison comme du monde. Mais c'est la vie. J'ai appris l'an dernier que ce n'est pas le début qui compte vraiment, mais la fin. Je vais faire mon affaire ce soir, regarder les vidéos en masse, et je serai prêt pour le super-G demain.»

Manuel Osborne-Paradis (13e) et Robbie Dixon (31e) n'ont pas été en mesure de prendre la relève de Guay en cette première journée ensoleillée de la semaine à Lake Louise. Scénario un peu tristounet pour les quelque centaines de spectateurs réunis au bas de la piste Men's Olympic Downhill.

Personne n'aurait parié que Jan Hudec, dossard 42, sauverait le spectacle. Certes, il fut le premier Canadien à gagner une descente à Lake Louise en novembre 2007. Mais l'Albertain de 29 ans a connu une dernière saison difficile après sa blessure aux Mondiaux de Val d'Isère, en 2009. Il avait alors dû se soumettre à une sixième opération aux genoux. Vendredi, il se plaignait en plus de douleurs au dos, accentuées par le parcours glacé à l'extrême.

Retardé deux minutes au sommet en raison du brouillard, Hudec a sorti un lapin de son chapeau pour se faufiler jusqu'à la 11e place. Après avoir franchi la ligne, il a poussé deux immenses cris. De joie et de soulagement.

«C'était une descente inspirée, l'une des plus belles de ma carrière, a déclaré Hudec, très ému. Si ce n'était pas presque un miracle, je ne sais pas ce que c'était. Ce matin, je ne savais même si je serais en mesure de skier. Mon corps me fait mal. Je ne sais pas comment j'ai fait.»

À sa dernière saison, le grand Walchhofer a offert une véritable clinique de glisse dans les virages à haute vitesse pour franchir les 3102 mètres en 1:47,78.  «Il est très impressionnant, calme sous la pression, a souligné Erik Guay. Il n'a pas eu de si bons résultats l'an dernier et aujourd'hui il réussit un temps tout simplement incroyable.»

Walchhofer s'est imposé par l'impressionnante marge de 55 centièmes, délogeant les deux co-meneurs jusque-là, son compatriote Mario Scheiber et le Norvégien Aksel Lund Svindal, qui ont dû partager la deuxième marche du podium.

«Ça ne pourrait être mieux : j'ai gagné ma première course ici en 2003... j'espère que ce ne sera pas ma dernière», a souligné Walchhofer, auteur de 16 succès en Coupe du monde, dont 12 en descente.

Blanchie en Coupe du monde l'hiver dernier, la Wunderteam était aussi repartie les mains vides des Jeux olympiques de Vancouver. Ça chauffait dans les chaumières autrichiennes.

«Ce n'est pas juste parfait pour moi, ça enlève aussi de la pression à l'équipe autrichienne en entier, a d'ailleurs souligné Walchhofer. On attendait depuis presque deux ans cette première victoire en descente. Pas juste nous, mais tous les fans autrichiens de ski alpin. C'est un sport très populaire à la maison. C'est bien pour moi de pouvoir gagner et j'espère que ça me donnera confiance les courses à venir.»

Les Autrichiens tenteront de poursuivre sur leur lancée dimanche lors du super-G. Les Canadiens, qui étrennent un uniforme spécial - et au look un peu particulier - en hommage à la police montée, voudront pour leur part prendre leur revanche.