(Nashville) Lorsque le camp d’entraînement des Predators de Nashville s’est amorcé, l’automne dernier, Andrew Brunette avait de sérieux doutes à l’endroit de Michael McCarron.

Fraîchement arrivé en poste, l’entraîneur-chef n’était pas certain que le gros attaquant possédait la vitesse nécessaire pour le style de jeu qu’il souhaitait mettre en place.

Six mois plus tard, McCarron n’a plus besoin de convaincre personne. Pour la première fois de sa carrière, l’ancien du Tricolore a passé une saison complète dans la LNH, sans détour par la Ligue américaine. Et après avoir été laissé de côté pour 9 des 14 premiers matchs de son équipe, le voilà qui fait partie intégrante de l’attaque des Predators, dont il est désormais le centre du quatrième trio. Il y a deux semaines, il a même signé une prolongation de contrat de deux ans.

« Il a mérité tout ce qui lui arrive », a dit Brunette, mardi matin, à quelques heures du match entre son équipe et le Canadien. « C’est un joueur intelligent qui se positionne bien. Il a bien compris la manière dont on joue. »

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Michael McCarron (47) et Nicolas Hague (14) bataillent pour la rondelle lors d'un match en février dernier entre les Predators et les Golden Knights.

On le sait, la route a été longue pour McCarron. Choix de premier tour du CH en 2013, il portera pour toujours le fardeau de celui qui n’a pas su répondre aux attentes que l’organisation montréalaise fondait en lui. En 2020, il a été échangé aux Predators contre Laurent Dauphin.

Malgré ce nouveau départ, sa patience a encore été mise à l'épreuve. Pendant quatre ans, il a fait la navette entre Nashville et Milwaukee, où se trouve le club-école des Preds. Des blessures lui ont aussi fait rater beaucoup de matchs.

Or, cette fois, ça y est. À 28 ans – il en aura 29 jeudi –, il peut dire qu’il est devenu un joueur de la LNH à temps plein. Avant d’affronter le Canadien, il présentait une fiche de neuf buts et neuf mentions d’aide. Si jamais ça intéresse quelqu’un, ses 18 points au total étaient supérieurs à la récolte de Josh Anderson (17), avec moins de matchs joués.

« C’est une ligue dure », a rappelé McCarron, mardi, en entrevue avec quelques journalistes montréalais. « Certains gars prennent plus de temps pour y arriver, et j’en fais partie. C’est un bon sentiment. Je suis content de mon jeu, l’équipe est géniale… C’est bon de gagner, de jouer du bon hockey et de faire partie de ce groupe-là. »

Régularité

Les Predators, en effet, avaient remporté huit matchs de suite avant le match de mardi. Avec cinq points au cours de cette séquence, McCarron n’a pas regardé passer la parade. Son temps de glace a monté, flirtant avec les 15 minutes lors des dernières rencontres. Il joue désormais avec régularité en désavantage numérique.

« Au camp d’entraînement, j’ai fait la remarque à ma fiancée : il avait franchi une étape de plus, il était différent, témoigne Alexandre Carrier. Il était sharp, il exécutait bien, il travaillait fort, il était rapide… Je suis super content pour lui. »

Ces derniers temps, selon Ryan O’Reilly, le trio de McCarron « a probablement été [le] meilleur » des Predators.

« Pour gagner, il faut de la profondeur, a-t-il ajouté. Je ne les vois pas comme un quatrième trio. »

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Michael McCarron cumule 18 points depuis le début de la saison.

Le vétéran a décrit son coéquipier comme « un gars essentiel » au sein de l’équipe.

Il utilise son physique, il se bat, il peut jouer contre les meilleures lignes adverses. Il a obtenu une chance et l’a saisie. Il fait tellement de choses, dont beaucoup ne sont pas visibles de l’extérieur. Il parle dans le vestiaire, il met de la vie sur le banc. Il est un gros facteur de nos succès.

Ryan O’Reilly, au sujet de Michael McCarron

McCarron est le premier à le dire : oui, il a peaufiné son coup de patin, mais c’est probablement sur le plan de la confiance en lui que l’amélioration a été la plus manifeste. D’un naturel loquace, il souhaite que son énergie déteigne sur ses coéquipiers. C’est exactement ce qui arrive, et ça ne passe pas inaperçu.

« C’est une voix forte dans le vestiaire, confirme Andrew Brunette. Il a vécu beaucoup de choses dans sa carrière et il est devenu un grand frère pour les jeunes. Il contribue à définir l’identité de notre équipe. »

L’entraîneur parle d’ailleurs de son attaquant comme d’un « leader secondaire », dénomination qu’il réserve à ses vétérans qui ne portent pas de lettre sur leur chandail mais dont il salue l’ascendant sur leurs coéquipiers.

Aussi bien dire que la vie est bonne pour Michael McCarron dans la ville du country.

« Nashville, c’est la maison, témoigne-t-il. J’ai travaillé fort pour me rendre ici. Et ça fait du bien de savoir qu’une organisation est derrière soi. »