(Elmont, État de New York) Kevin Wall et Antonio Grillo sont dans la vingtaine. Comme les partisans du Canadien de leur génération, ils n’ont pas vu la Coupe Stanley de leur vivant. Pour eux, la gloire de leur équipe se vit à travers des bouts de tissu accrochés au plafond de l’aréna, des souvenirs racontés – radotés – par leurs parents et d’anciennes gloires de l’équipe qui se pointent ici et là.

Sauf que contrairement au Canadien, les Islanders ont vu leurs rivaux directs, géographiques, empiler les succès de différentes façons.

Depuis les quatre conquêtes de suite de 1980 à 1983 des Islanders, et les cinq finales de suite en ajoutant la défaite en 1984, les Rangers de New York ont gagné en 1994 et atteint la finale en 2014. Les Devils du New Jersey ont disputé cinq finales et ont gagné trois fois (1995, 2000 et 2003).

Aujourd’hui, les Rangers comptent sur une des attaques les plus explosives de la LNH et ont relancé leur franchise grâce notamment à trois joueurs (Adam Fox, Artemi Panarin et Jacob Trouba) qui voulaient spécifiquement jouer à Manhattan. Les Devils comptent quant à eux sur Jack Hughes, en train de devenir la grande vedette du hockey américain avec Auston Matthews. Les deux clubs ont par ailleurs obtenu le tout premier choix au repêchage trois fois dans les sept dernières années.

Revenons donc à nos amis Kevin Wall et Antonio Grillo, rencontrés dans le bar du UBS Arena avant le duel entre les Stars de Dallas et les Islanders, dimanche soir. Grillo est le moulin à paroles du duo, mais c’est Wall qui, comme Shea Weber à une autre époque, parle peu, mais parle pour la peine.

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Antonio Grillo et Kevin Wall

« On est dans notre vingtaine, on n’a rien vu encore, déplore-t-il. On a vu les Rangers connaître du succès, on a vu les Devils connaître du succès. On est tannés d’être le roux laid de New York. »

Le « buzz »

La Presse a mené un sondage auprès de sept partisans des Islanders. On vous épargne donc les considérations habituelles sur la marge d’erreur ; l’exercice est tout sauf scientifique.

Mais pour ce que ça vaut, ce sont sept partisans sur sept qui ont signifié leur enthousiasme devant l’arrivée de Patrick Roy derrière le banc de l’équipe.

« C’était une des dernières personnes que je m’attendais à voir engagée. Mais je suis vraiment enthousiaste. Il va apporter une énergie nouvelle, va donner l’étincelle qu’il nous manque », soutient Antonio Grillo.

« J’ai aimé ses entrevues, j’aime entendre un coach dire qu’il veut que les partisans soient fiers de leur équipe », ajoute Jay Podolski, partisan qui cite la première des quatre Coupes Stanley comme son premier souvenir d’enfance des Islanders.

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Tim Johnson et Jay Podolski

L’embauche de Roy n’est manifestement pas passée inaperçue auprès des médias. À l’entraînement matinal de dimanche, La Presse a répertorié près de 20 journalistes locaux, en plus de la demi-douzaine de Québécois. Cinq caméras, dont deux du Québec, ont capté son premier point de presse en présentiel.

« Personne ne couvre cette équipe en temps normal, regrette le vétéran collègue Andrew Gross, qui suit les Islanders pour le quotidien Newsday. Quand on est six ici un matin, c’est une bonne journée ! »

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Point de presse de Patrick Roy dimanche matin au centre d’entraînement des Islanders. Le collègue Andrew Gross, avec la chemise mauve, est au milieu.

Podolski nous confiait quant à lui avoir acheté ses billets samedi, quand il a su que Roy était nommé entraîneur-chef. « Je tenais à assister à son premier match », explique-t-il.

Cela dit, cet élan d’enthousiasme ne s’est pas fait sentir dans les gradins un brin dégarnis du UBS Arena. On peut certes se demander si le très attendu duel Chiefs-Bills, qui commençait une heure avant le match des Islanders, explique en partie les rangées de bancs vides observées pendant le match.

Mais il y a sans doute aussi des partisans réalistes qui ne s’attendent pas pour autant à ce que Patrick Roy change l’eau en merlot.

« Ce n’est pas une mauvaise décision du tout, comprenez-moi bien, assure Dave, un autre partisan rencontré au bar du UBS Arena. Ils tentent quelque chose de complètement différent que ce que cette organisation a connu jusqu’ici.

« Mais l’équipe a d’autres problèmes que l’entraîneur-chef, nuance-t-il. Ils sont vieux, lents et indisciplinés. Ils ont du mal à créer des jeux. Je ne sais pas si un nouvel entraîneur-chef peut changer ça. »