Pierre-Luc Dubois ne s’en cache pas : Montréal faisait bel et bien partie des endroits où il souhaitait poursuivre sa carrière. Mais Los Angeles aussi. Et il appert que le directeur général des Kings avait davantage de munitions en poche.

C’est pourquoi la saga qui a tenu une province entière en haleine est désormais terminée. Dubois prend la route de Los Angeles, à la suite d’un échange majeur entre les Jets de Winnipeg et les Kings. Dubois a également signé un contrat de 8 ans et 68 millions.

L’association entre Dubois et le Canadien, attendue depuis aussi longtemps que le repêchage de 2016, devra donc attendre au moins quelques années, si elle finit par se matérialiser.

« Le Canadien, tout le monde le sait, c’est une équipe qui m’intéressait, a convenu Dubois, en visioconférence, mardi. C’est une équipe à qui on avait parlé un peu. »

Dubois était visiblement prêt pour l’attention qui vient avec le bouillant marché de Montréal. Il a d’ailleurs testé les eaux ces dernières semaines, quand des photos qu’il assumait pleinement se sont mises à circuler. La première, avec notamment Cole Caufield au Grand Prix du Canada de Formule 1. La deuxième, avec son grand ami et ancien coéquipier David Savard lors d’un match du CF Montréal.

En anglais, Dubois a déploré l’enflure qui a entouré son dossier. « Les histoires sortent, tu restes là et tu ne peux pas parler. Les gens disent qu’il veut ci ou ça », a-t-il lancé.

En français, il a toutefois admis être bien au fait de ce que les photos « allaient faire ».

Mais « il faut que je vive ma vie aussi. Je veux passer de bons moments avec David et sa famille. Je savais que la photo sortirait, mais je ne pouvais pas faire grand-chose. Les gens se sont fait des idées et à ce moment, il y avait toujours des possibilités que ce soit à Montréal. Je n’essayais pas de créer de controverse avec ça. »

Une équipe mature

Un des problèmes pour le Canadien, c’est qu’il n’y avait tout simplement pas communauté d’intérêts entre ce qu’il pouvait offrir et ce que les Jets recherchaient.

Ces dernières semaines, une source près du dossier avait indiqué à La Presse que les Jets cherchaient des joueurs prêts à occuper un rôle important dès maintenant. Ce que les Kings leur ont envoyé (les attaquants Gabriel Vilardi, Alex Iafallo et Rasmus Kupari, de même qu’un choix de 2tour en 2024), le Canadien n’était pas prêt à l’offrir.

Selon les journalistes Pierre LeBrun et Darren Dreger, le Canadien a d’ailleurs tenté sa chance jusqu’à la dernière minute, mais l’offre des Kings a prévalu. Dreger a précisé en matinée que « le Canadien avait tout fait pour revenir dans la course, sans succès. Montréal proposait des espoirs, tandis que Winnipeg recherchait des joueurs prêts pour la LNH ».

Rob Blake, directeur général des Kings, n’a pas paru particulièrement préoccupé lorsqu’il s’est fait demander s’il sentait qu’il était pris dans une surenchère pour obtenir Dubois. « Tu ne le sais jamais vraiment, mais on savait ce qu’on pouvait offrir et on s’en est tenus à ça », a expliqué Blake aux médias à Nashville.

Une autre chose que le Tricolore ne pouvait pas offrir : la chance de gagner une Coupe Stanley dans un avenir rapproché. Dubois y a fait référence à plus d’une reprise.

Mon rêve est de gagner la Coupe Stanley. Je regarde le personnel, les joueurs, et je vois cette occasion.

Pierre-Luc Dubois

Dubois se joindra d’ailleurs à une ligne de centre déjà enviable avec la présence d’Anze Kopitar et de Phillip Danault. « J’ai hâte d’avoir la chance de jouer avec deux centres comme ça », a-t-il laissé tomber.

Au bout du compte, Dubois a senti que les Kings étaient l’équipe « qui le voulait le plus ».

« C’est ce sentiment que j’ai eu avec les Kings. Dès que j’ai su leurs intentions, ça a été un choix assez facile. On a parlé à Montréal, mais les Kings, depuis le début, j’avais un bon feeling. Je pense que j’ai pris la bonne décision. »

De son côté, un peu plus d’une heure avant la transaction de Dubois, Kent Hughes en complétait une avec l’Avalanche du Colorado pour obtenir Alex Newhook. Aux médias présents à Nashville, Hughes a indiqué qu’« on n’aurait pas pu faire les deux. C’est l’échange qu’on a fait. »

Hughes n’a jamais voulu dire clairement qu’il était aux trousses de Dubois. « La ligue n’aime pas que l’on parle des joueurs des autres équipes », s’est-il justifié.

Demandes de transaction

Dubois arrive à Los Angeles précédé d’une certaine réputation. Les Blue Jackets l’ont échangé quand il était devenu évident qu’il ne souhaitait pas poursuivre sa carrière à Columbus, tandis qu’à Winnipeg, il a clairement fait savoir aux Jets qu’il ne comptait pas s’entendre à long terme avec eux.

Blake a convenu qu’il en a été question dans les discussions avec le clan Dubois. « On comprend les situations dans lesquelles il s’était retrouvé auparavant, on connaît leur point de vue. Il arrive maintenant dans une situation où il a essentiellement pu choisir où il voulait jouer. »

Ces commentaires contredisent ce que Dubois a ensuite avancé en visioconférence. « Il n’y a pas eu de discussion par rapport à ça, a-t-il affirmé. Les Blue Jackets m’ont échangé. Avec les Jets, ça me prenait un contrat et on voulait être honnête avec eux et leur dire nos intentions. »

Les détails

Dubois est maintenant ancré à Los Angeles à long terme. Il détient un contrat de 8 ans, d’une valeur annuelle moyenne de 8,5 millions de dollars. Ce contrat a officiellement été signé avec les Jets tout juste avant la transaction. En procédant ainsi, Dubois a pu obtenir une huitième année, car les Kings pouvaient seulement lui offrir, en vertu de la convention collective, une entente de sept ans.

Les Jets reçoivent quant à eux trois attaquants qui se grefferont à leur noyau. Vilardi, 23 ans, est un choix de premier tour des Kings en 2017. L’attaquant grand format a obtenu 23 buts et 41 points en 63 matchs la saison dernière. Iafallo, pour sa part, est âgé de 29 ans et il a inscrit 36 points (14 buts, 22 aides) en 59 matchs. Kupari, lui, est un centre de 23 ans repêché au premier tour en 2018, qui se cherchait à Los Angeles. En séries, face aux Oilers d’Edmonton, il n’a joué que sept minutes par match en moyenne.

Ironiquement, le choix de 2tour en 2024 que les Kings cèdent était à l’origine celui du Canadien. Ce choix avait été cédé aux Coyotes de l’Arizona en septembre 2021, quand le Tricolore a fait l’acquisition de Christian Dvorak. Les Coyotes ont ensuite offert ce choix aux Kings pour obtenir Sean Durzi, samedi.

Avec Simon-Olivier Lorange, La Presse, à Nashville

Lisez La chronique d’Alexandre Pratt : « À la défense de Pierre-Luc Dubois » Lisez le billet  Le billet de Mathias Brunet :
« Pierre-Luc Dubois : le pour et le contre »
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    Pierre-Luc Dubois totalise 328 points en 472 matchs dans la LNH.
    SOURCE : LNH