L'été de Jonathan Marchessault est rempli de belles nouvelles. Il est devenu papa pour la troisième fois en avril dernier, il a déménagé dans sa nouvelle maison à Vegas, il peut maintenant offrir un peu de stabilité à sa famille avec un contrat de six ans en poche.

En prime, il a appris que son bon ami Marc-André Fleury resterait longtemps à ses côtés. 

«C'est mon meilleur ami dans l'équipe, a-t-il dit lorsqu'on l'a croisé à la sortie de la glace au Pro-Am Gagné-Bergeron, la semaine dernière. C'est une bonne personne. Ce n'est pas pour rien qu'il est tant aimé. Tu ne peux pas rencontrer un meilleur gars dans ta vie. Là, tu peux l'avoir dans ton équipe quatre ans de plus? C'est un des meilleurs gardiens de la ligue, tu peux gagner chaque soir avec lui. C'est la totale.» 

Marchessault voit déjà les enfants des deux familles grandir ensemble. Les deux enfants de Fleury ont à peu près l'âge de ses deux premiers. Tout le monde va pouvoir parler français ensemble à l'extérieur des écoles et garderies. Les conjointes des deux joueurs s'entendent bien. Bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Marchessault. 

«Il y a de belles années devant moi, je vais en profiter, et je ne vais pas en profiter avec ma saison qui finit au mois d'avril.»

Le Québécois n'a pas vraiment à s'inquiéter. Les Golden Knights ont tout ce qu'il faut pour participer aux séries pendant encore quelques années. En revanche, ce sont ces mêmes séries qui ont laissé un souvenir encore douloureux pour Marchessault. On ne passe pas si près de la Coupe Stanley sans y récolter au passage quelques regrets. 

«Les Capitals ont haussé leur jeu. On peut parler d'Ovechkin, de Backstrom, de Kuznetsov. Je pense que les joueurs qui ont fait pencher la balance, ce sont des gars comme Lars Eller ou Devante Smith-Pelly. Ils en ont donné plus en séries. Nous, on ne l'a pas fait», a analysé l'attaquant. 

«Chaque série, tous les gars de notre équipe haussaient leur jeu, on s'améliorait. En finale, on est restés à plat. On n'a pas joué un seul match à notre manière, comme le reste des séries. Ils étaient en mission, on était sans vie.» 

Marchessault arrive tout de même à trouver du positif dans cette saison historique. Bien sûr, les Golden Knights ont multiplié les exploits à leur première année d'existence. Le Québécois voit aussi dans la défaite le bienfait que tout le monde est redescendu rapidement sur terre.

La défaite force à l'humilité, c'est toujours ainsi. Désormais, tout le monde en veut un peu plus, a-t-il expliqué, joueurs comme partisans. 

«On a mis la barre haut. On est au courant. On est au courant aussi que ce sera difficile de répéter une saison comme celle-là, mais on a les effectifs pour le faire. Tout est en place pour ça. On doit avoir bon espoir de faire la même chose.» 

S'améliorer chaque année

Chaque conversation avec Marchessault est intéressante. L'attaquant parle avec franchise, dans les bons comme dans les mauvais moments. Il lance d'ailleurs un défi à tous ses coéquipiers, voire à tous les joueurs de hockey. 

«Comme joueur, si tu ne veux pas t'améliorer chaque année, je ne sais pas pourquoi tu es dans ce sport-là. On peut parler de ce qu'on a fait, ça ne change absolument rien. Ça recommence tout le temps.» 

Ce ne sont pas des paroles en l'air. Marchessault a longtemps traîné dans la Ligue américaine, perdu dans l'organisation du Lightning, où il était un lointain projet. Avec les Panthers, avec lesquels il a signé comme joueur autonome, il est devenu un marqueur de 30 buts. Dans une décision qui foudroie encore de stupeur tout analyste de hockey, il n'a pas été protégé par les Panthers lors du repêchage d'expansion. 

Le reste de l'histoire est connue de tous: il a récolté 75 points en 77 matchs avec les Golden Knights, dans l'un des premiers trios les plus électrisants de la LNH avec William Karlsson et Reilly Smith. Avec, à la clé, une prolongation de contrat de six ans et 30 millions. 

«Je suis soulagé pour la stabilité que je peux apporter à ma famille. En tant que père de famille, tu ne veux pas amener ta famille à voyager 10 ou 15 ans. Ça faisait sept ans qu'on était dans la Ligue américaine. Mon petit gars a 4 ans et chaque année, il allait dans une ville différente. Je suis content d'avoir de la stabilité, d'acheter une maison, qu'on soit dans nos affaires.» 

Marchessault est franc, mais toujours avec un petit fond d'arrogance pas bien méchante. Le résultat d'une inébranlable confiance en soi, sans doute. Comme on s'y attendait, ce long contrat ne change en rien son niveau de stress. 

«Je n'ai pas signé pour 7 ou 8 millions par année avec la pression de traîner mon équipe. Le salaire ne change rien. J'ai toujours voulu être un joueur de premier trio. Je ne me mets jamais de pression pour ça. Mais en finale, notre trio n'a pas été assez bon. Dans une situation comme ça, je me mets la pression d'être meilleur que je ne l'ai été en finale.»