Il est intense. Il est spectaculaire. Il possède un tir puissant. Il est agile comme pas un. Il est charismatique.

Ces qualités de P.K. Subban, les amateurs peuvent les observer chaque soir où le Canadien est en action. Et s'ils peuvent justement le voir à l'oeuvre chaque soir, c'est parce qu'il possède une autre qualité: l'endurance.

Subban disputera ce soir, contre le Lightning, un 201e match de suite, ce qui fait de lui l'homme de fer du Canadien. Il est d'ailleurs seulement le quatrième joueur du Tricolore depuis 1996 à atteindre ce chiffre, selon nos vaillants amis de l'Elias Sports Bureau. On est encore loin des 964 matchs de Doug Jarvis (dont 560 avec le Canadien), mais le chiffre est tout de même marquant.

Mais là où sa séquence devient encore plus impressionnante, c'est quand on regarde la cause de ses rares absences.

2012-2013: Il rate les six premiers matchs de la saison en raison d'une dispute contractuelle avec le Canadien.

2011-2012: Le 22 décembre à Winnipeg, l'entraîneur-chef Randy Cunneyworth en a marre et le laisse de côté. Ce sera sa seule absence de la saison.

2010-2011: Il dispute 77 matchs au cours de sa saison recrue. Il manque cinq rencontres parce que Jacques Martin le retranche de la formation.

Subban n'a donc jamais raté de match en raison d'une blessure depuis son arrivée dans la LNH. Sans sa dispute contractuelle, sans les décisions des entraîneurs, il disputerait ce soir un 370e match de suite!

Et si on était malin, on ajouterait son unique saison dans la Ligue américaine, en 2009-2010. Cette année-là, il a raté trois rencontres: deux parce que le Canadien l'a rappelé et une troisième, le 18 décembre à Glens Falls, parce que Guy Boucher l'a envoyé dans les gradins.

Bref, en bientôt six saisons chez les professionnels, Subban n'a jamais raté un match en raison d'une blessure ou d'une maladie.

En forme, alerte... et chanceux

À son arrivée en poste, Michel Therrien avait qualifié Subban de «pur sang», une façon de dire qu'il avait entre les mains un athlète exceptionnel. Mais aussi exceptionnel soit-il, il demeure vulnérable à une mise en échec par-derrière ou à un coup à la tête.

«L'important est d'être solide sur tes patins, mais aussi de bien lire le jeu, explique Subban. Tu dois savoir quand être fort et quand rouler avec les coups. Plusieurs blessures peuvent survenir quand tu tentes d'éviter un coup ou d'y résister. Parfois, tu dois accepter la mise en échec, et ça peut même réduire les risques de blessure. Cette lecture est la chose la plus importante.»

Subban est aussi le premier à reconnaître que son partenaire à la ligne bleue, Andrei Markov, y est pour beaucoup dans sa bonne santé. D'ailleurs, le Russe est un autre homme de fer sans titre officiel, lui qui n'a raté que deux matchs depuis son retour au jeu, en mars 2011.

«Markie n'est pas le plus bavard, on le sait tous, mais il ne fait pas beaucoup de mauvaises passes! Donc, c'est très rare qu'il te place en situation vulnérable. J'essaie de faire la même chose pour lui et je crois que nous sommes tous les deux assez intelligents pour ne pas nous placer en situation périlleuse.»

La frousse

«Tu as besoin de chance, de rebonds. Parfois, ça passe très proche.»

Subban a beau bien s'alimenter, s'entraîner avec sérieux, bien lire le jeu, il y a aussi le facteur chance. Une rondelle arrive si vite sur une cheville, quand ce n'est pas une collision accidentelle ou un bâton dans l'oeil.

Subban l'a appris à ses dépens en février dernier, à Ottawa, quand il a été atteint à un pied par un tir frappé. Il est même rentré au vestiaire, mais est revenu au jeu par la suite, visiblement incommodé.

«À ma première saison, j'avais subi une blessure à une épaule, un peu comme celle d'Emelin cette saison. Pas une luxation, mais presque. Je jouais trois jours plus tard. Je l'ai traitée et j'ai guéri très rapidement. Mais tout est dans ta façon de jouer. Si j'ai mal à l'épaule, je peux jouer, car je sais comment le faire malgré une épaule amochée. Même chose avec ma cheville. Le soir suivant, j'ai livré une de mes meilleures performances, même si j'étais incapable de pivoter ou d'accélérer à mon aise.

«Aussi, je ne fais plus ce que je faisais en début de carrière. À ma première saison, je me battais souvent, mais je ne suis pas un bagarreur! Je voulais m'établir dans la ligue, montrer à mes coéquipiers que j'étais là pour eux, je montais toujours avec la rondelle. Maintenant, on essaie de gagner un championnat et l'équipe n'a pas besoin que je tente toujours la grosse mise en échec. Il faut choisir ses moments. En prenant ces décisions, ça peut réduire ton risque de blessure.»

Le Canadien est aussi l'équipe dont les joueurs ont manqué le moins de matchs dans la LNH cette saison. Le groupe d'entraîneurs, préparateurs physiques et thérapeutes doit bien aussi avoir son mot à dire...

Derniers hommes de fer du CH

• Mark Recchi : 312 matchs (1995-1998)

• Vincent Damphousse : 290 matchs (1992-1996)

• Craig Rivet : 219 matchs (2001-2004)