Quand on parcourt des yeux l'organigramme des Devils du New Jersey, on n'en finit plus de relever des noms familiers.

Ça commence par la formation actuelle de l'équipe. On y retrouve Stephen Gionta, le frère de Brian, qui a passé ses sept premières saisons dans la LNH au New Jersey.

En jetant un oeil sur le club-école, on y voit d'autres noms connus. Par exemple, Kelly et Darcy Zajac, les jeunes frères de Travis, attaquant des Devils depuis 2006-2007. On recule un peu l'objectif pour s'attarder à la relève, et voici Anthony Brodeur, le fils d'un certain gardien.

On revient quelques années derrière, et voici qu'apparaissent des noms comme Jordan Parisé (le frère de Zach) et Mike Pandolfo (le frère de Jay).

Et ça ne se limite pas aux joueurs. Un dépisteur a pour nom Geoff Stevens. Son frère, vous aurez compris, c'est Scott Stevens. Le directeur du recrutement s'appelle David Conte. Son fils, Jeremy, fait partie de l'armée de dépisteurs de l'équipe. Et le directeur général du club-école dans la Ligue américaine n'est nul autre que Chris Lamoriello, le fils de l'autre.

Bienvenue dans l'univers de Lou Lamoriello, un monde oĂą les liens familiaux comptent visiblement pour beaucoup.

«En allant chercher le frère, Lou espère inciter l'autre à rester», raconte cyniquement un collègue du New Jersey, dans une conversation à bâtons rompus. Lou Lamoriello, lui, réfute ces arguments.

«Quand tu connais le premier membre de la famille, en général, la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre, explique le DG d'expérience. Donc, si tu as le choix entre celui que tu connais et celui que tu ne connais pas, tu y vas avec celui que tu connais. Ce n'est pas un hasard si on a tenté notre chance avec Stephen [Gionta]. On connaissait la famille. C'était la même chose quand on a amené Rob Niedermayer [le frère de Scott]. Mais ils doivent d'abord t'apporter une valeur. Si c'est le cas, pourquoi pas?»

«Tous ces joueurs ont connu individuellement du succès, ajoute Chris Lamoriello, DG des Devils d'Albany. Quand ces frères ou ces fils ont été placés dans des situations individuelles de succès, comment les ignorer, quand on sait le succès que la famille a obtenu? Brian Gionta a gagné la Coupe avec nous en 2003, Stephen a connu une bonne carrière à l'université. Kelly Zajac a obtenu un point par match à Union College. Anthony Brodeur a eu du succès à Shattuck-St. Mary's. Jordan Parisé a été bon à North Dakota.

«C'est facile pour nous. Ces gens partagent un même bagage génétique. On s'assure ensuite qu'ils continuent sur la même voie.»

Loyauté

Pour Rick Kowalsky, entraîneur-chef à Albany, ces lignées familiales s'expliquent par une qualité bien précise.

«C'est de la loyauté. Cette organisation est loyale - peut-être, parfois, un peu trop -, mais ce n'est pas une mauvaise chose. Ils aiment prendre leur temps, récompenser les joueurs. Stephen Gionta en est l'exemple parfait. Il jouait à Albany, personne ne le voyait dans la LNH», rappelle Kowalsky au sujet du jeune frère, qui est dans la LNH à temps plein depuis trois saisons.

Cette notion de loyauté, on pourrait d'ailleurs l'appliquer à un autre phénomène qui semble plus marqué à Newark qu'ailleurs: les joueurs qui reviennent chez les Devils après un séjour à l'extérieur. Cette saison, Scott Gomez est le 25e joueur de l'histoire de l'équipe à séjourner pour la deuxième fois au New Jersey, sans oublier les entraîneurs Larry Robinson et Jacques Lemaire.

«On est certainement très loyaux; on a ramené des joueurs et des entraîneurs qui ont déjà été avec nous par le passé, rappelle Chris Lamoriello. On aime cette valeur. Ça joue en partie, mais ce n'est pas l'essentiel. Ces personnes ont connu du succès.»