Hier midi, au Rogers Arena. Pendant qu'une quinzaine de joueurs du Canadien bénéficiaient d'une journée de congé après avoir disputé deux matchs en deux soirs en Alberta, les réservistes étaient de retour au travail.

Leurs noms: Dustin Tokarski, Jarred Tinordi, Nathan Beaulieu, Jiri Sekac, Michaël Bournival. Et puis, deux vétérans vers qui tous les regards étaient tournés: Lars Eller et Rene Bourque.

«C'était ma décision de sauter sur la patinoire. C'était optionnel, mais j'avais besoin de m'entraîner. Comme je n'ai pas beaucoup joué à Calgary, je trouvais que c'était une bonne idée de patiner», a fait valoir Bourque après la séance.

L'ailier de Lac La Biche n'avait pas tort. Lui et Eller ont tour à tour été cloués au banc mardi soir, dans la victoire de 2-1 à Calgary, si bien qu'ils ont été les deux troupiers les moins utilisés par l'entraîneur. Moins de 10 minutes chacun, une première cette saison pour les deux compagnons de trio.

«C'est gênant»

Avant même l'entraînement, le Tricolore a fait savoir qu'Eller ne s'adresserait pas aux médias, lui qui n'a pas mis le pied sur la patinoire après le deuxième entracte, mardi. Bourque, quant à lui, a affronté les questions. Et même s'il a gardé le sourire pendant les cinq minutes de son point de presse, il aurait souhaité être ailleurs. Ou du moins, il aurait préféré parler d'autre chose que de son début de saison décevant.

«Quand tu ne joues pas bien, c'est gênant de te présenter devant les médias, a-t-il admis. Ce n'est pas agréable. J'aimerais mieux parler de mon bon jeu plutôt que de la possibilité de me retrouver dans les gradins. Nous sommes assez intelligents pour nous douter des questions des journalistes. Je savais à quoi m'attendre en vous voyant.»

Voilà maintenant trois matchs de suite que son utilisation diminue. De 13 min 39 s le 21 octobre, son temps de jeu est passé à 12 min 29 s quatre jours plus tard, à 11 min 58 s à Edmonton et à 7 min 47 s à Calgary. Dans ce contexte, il n'est pas farfelu de croire que la prochaine étape sera une visite sur la passerelle, d'autant plus que Sekac n'a pas joué depuis le 18 octobre, tandis que Bournival n'a toujours pas disputé de match dans la LNH cette saison.

Michel Therrien n'était pas disponible pour répondre aux questions des médias, donc il faudra attendre l'exercice matinal d'aujourd'hui pour en savoir plus. Mais Bourque s'attend-il à sauter son tour?

«C'est toujours une possibilité. Bourni et Jiri n'ont pas joué beaucoup et ils attendent impatiemment leur tour. Si les gars ne font pas leur travail, il y aura des changements.»

Dans une torpeur

Auteur d'une seule passe en 10 matchs, Bourque semble donc être redevenu le joueur qui entrait trop souvent dans des phases d'hibernation par le passé. Et le Rene Bourque qui a marqué 8 buts en 17 matchs le printemps dernier est porté disparu. Des succès pourtant obtenus avec Eller comme centre. Mais le Danois est aussi dans une torpeur.

«Je ne sais pas quoi dire. J'ai l'impression de revivre le même scénario que celui en saison l'an dernier, a-t-il dit, une réponse entrecoupée de quelques mots de frustration à ne pas répéter aux enfants. C'est vraiment dur d'obtenir des points cette saison. J'essaie, mais il ne se passe absolument rien. Je ne peux pas acheter un point.

«Après un certain moment, tu y penses parfois trop. Mais c'est aussi une question de confiance. Quand tu joues bien, tu fais des jeux, tu contrôles la rondelle. Quand tu joues mal, tu te débarrasses trop rapidement de la rondelle. C'est ma réalité actuellement, je n'ai pas confiance.»

Marc Bergevin a déjà fait la distinction entre les joueurs qui aident à se rendre aux séries et ceux qui aident à les traverser. Bourque était clairement dans la deuxième catégorie l'an dernier, mais disons qu'il a rarement été aussi loin de la première catégorie qu'en ce début de saison.