Le retour de la passion pour le hockey dans la Belle Ville et les espoirs reliés à l'éventuelle renaissance des Nordiques ravivent des souvenirs qui n'attendaient qu'un peu de soleil pour remonter à la surface, comme les crocus sortent de la neige.

Histoire de dissiper tous les doutes, les Nordiques étaient, sont et seront peut-être un jour, mon équipe. Je leur ai été infidèle, ou si peu, en m'amourachant des Sénateurs d'Ottawa ou plutôt de quelques joueurs et membres de l'organisation qui ont endossé le chandail de cette équipe moribonde à ses débuts... et qui est retombée bien bas cette année.

Mais mon équipe, c'est les Nordiques. Comme ma ville est Québec, même si j'y suis de moins en moins le bienvenu en raison d'un exil qui se prolonge.

Mes plus beaux souvenirs des Nordiques sont évidemment très étroitement liés aux éliminations des Rouges par les Bleus. Et on ne parle pas politique ici. Quoique...

La première victoire en séries des Nordiques contre le Canadien a ramené les partisans de la Flanelle sur la terre. Lorsque Dale Hunter lança les Nordiques vers un gain de 3-2 qui éliminait les Glorieux en cinq, c'était la victoire de David contre Goliath, du village contre la Métropole, de la Belle ville contre la Grosse Ville.

C'était beau. C'était parfait!

Beaucoup plus que l'affreux match du Vendredi Saint et sa triste et honteuse conclusion. Mais passons!

Les fans des Nords ont pu se venger, et de brillante façon, lorsque Peter a réalisé le rêve de milliers de petits culs qui jouaient dans les rues enneigées de Québec: éliminer Montréal en marquant un but décisif, en prolongation, dans un septième match.

Wow! Carbo ne s'en est jamais remis.

Cela dit, mon souvenir le plus important et la fois le plus laid est relié à la série du printemps 1993. Y penser fait mal. Le traduire en mots fait craquer mes doigts.

L'une des plus belles équipes des Nordiques, Mats Sundin en tête, remporte les deux premiers matchs de la première ronde opposant Montréal et Québec. Rendu un brin prétentieux par la confiance générée par ces deux victoires, j'avais fait le tour de mes «amis» partisans du CH qui avaient osé parier sur les chances de leur club contre le mien. Dans un geste aussi irréfléchi que stupide, j'avais offert de doubler les mises et de rembourser quatre fois la mise initiale si le Canadien revenait de l'arrière. Dix-huit ans plus tard, je viens de me débarrasser de mes derniers créanciers!

J'en veux encore à Alexei Gusarov d'avoir fait dévier la rondelle derrière Ron Hextall pour offrir au Canadien l'une des deux victoires en prolongation qui ont changé le cours de cette série. Le cours des séries tout court: le Canadien partait alors en croisade pour sa 24e et dernière coupe Stanley.

L'enfer!

Cette élimination marquée par le désormais célèbre «You' re a Fucking Joke» lancé par Pierre Pagé à l'endroit de Sundin a sonné le glas des Nordiques et le glas du hockey à Québec...