Pas encore un Américain!

Plusieurs amateurs ont lâché ce commentaire, vendredi soir, en constatant que le Canadien avait fait de Jarred Tinordi son choix de première ronde au repêchage de cette année.

Il est évident que les patineurs américains bénéficient d'un préjugé favorable aux yeux de Trevor Timmins, le directeur du recrutement chez le Tricolore.

Dans les cinq dernières années, sa première sélection s'est toujours faite du côté des États-Unis. Sans compter que Louis Leblanc évoluait à Omaha, dans la USHL, lorsque Timmins l'a réclamé!

Mais tout comme Danny Kristo, choisi en deuxième ronde il y a deux ans, Tinordi n'a pas joué n'importe où: avant de prendre le chemin de l'université, il aura fait partie de l'équipe nationale des Etats-Unis des moins de 18 ans.

Il s'agit d'une formation triée sur le volet qui rassemble les meilleurs éléments du pays pour favoriser leur épanouissement.

«On n'a qu'à regarder les résultats depuis qu'ils ont créé ce programme», fait valoir Gilles Côté, dépisteur des Sharks de San Jose.

Après des débuts modestes en 1997, ce programme d'élite a formé entre autres les attaquants Patrick Kane, Ryan Kesler, Phil Kessel, Peter Mueller et James Van Riemsdyk, de même que les défenseurs Ryan Suter, Matt Carle, Jack Johnson, Jordan Leopold et Erik Johnson.

«Les joueurs sont élevés ensemble dans le programme U-17, ils se retrouvent dans le U-18 et plusieurs vont ensuite représenter les États-Unis au Mondial junior», poursuit Gilles Côté.

«Leur équipe affronte des universités américaines et des équipes de la NAHL et ils font face à une bonne compétition faite de joueurs plus vieux.»

C'est donc au sein de cette équipe nationale que Tinordi a été capitaine cette saison.

«C'est tout un coéquipier et l'un de mes meilleurs amis au sein de l'équipe», nous a dit le défenseur Justin Faulk, que les Hurricanes de la Caroline ont repêché en deuxième ronde.

«Il remplit à merveille le rôle de capitaine. Il a bien établi le pont entre les entraîneurs et les joueurs et il a su nous garder unis en tant que groupe.

«Et sur la glace, il n'hésite jamais à se porter à notre défense.»

Triste marque pour le Québec

Pendant que les États-Unis produisaient une fournée record de 10 joueurs en première ronde de ce repêchage, il a fallu attendre le 67e choix pour que l'on voie finalement un Québécois réclamé. Jamais auparavant le premier Québécois n'avait été repêché plus loin que le 45e rang.

C'est le défenseur Danny Biega (Harvard), choix de troisième ronde des Hurricanes, dont le nom est maintenant associé à cette triste marque.

Le défenseur Jérôme Gauthier-Leduc, de l'Océanic de Rimouski, a été réclamé par les Sabres de Buffalo immédiatement après Biega.

Au total, 13 Québécois ont été repêchés à Los Angeles. Quant à la Ligue junior majeur du Québec, 22 de ses protégés ont trouvé preneur.

«Ce n'est pas une déception en soi car c'était prévu par la Centrale de recrutement de la LNH», a admis le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau.

«Mais il faut que l'on réunisse tous les intervenants du hockey amateur au Québec pour regarder de quelle façon on peut améliorer notre situation.

«Il faut que nous ayons de meilleurs joueurs qui arrivent à notre niveau et qu'on les forme adéquatement afin qu'ils atteignent les rangs professionnels.»

Les 22 joueurs repêchés de la LHJMQ représentent une récolte comparable à ce qu'elle fournit chaque année.

Et d'aucuns peuvent prétendre qu'on ne peut tirer de conclusion à partir d'une seule année.

Mais lorsqu'on observe les tendances, on s'aperçoit que le programme américain est en hausse... pendant que le hockey québécois piétine.