Bob Gainey ne parle pas souvent. Quatre matchs après que son équipe eut atteint la mi-saison, le d.-g. du Tricolore a décidé de faire le point sur la première moitié de saison de son équipe mardi soir à Washington.

Une première moitié satisfaisante, considérant les blessures, mais une première moitié qui est loin de garantir au Canadien une place en séries éliminatoires a convenu le boss de Jacques Martin.

«Nous sommes impliqués dans une course avec sept ou huit équipes qui lutteront jusqu'à la fin de la saison pour les trois ou quatre places qui seront disponibles en séries. Si nous arrivons à éviter les blessures, nous aurons des chances d'y arriver», a plaidé le directeur général.Bob Gainey s'est également dit très satisfait du travail de Jacques Martin en première moitié de saison en dépit des obstacles reliés aux nombreuses blessures.

Il faut toutefois prendre cette remarque avec prudence.

Car l'an dernier, quelques semaines avant de congédier Guy Carbonneau, Bob Gainey assurait que l'embauche de Carbo représentait son meilleur coup à titre de directeur général du Canadien.

Mais comme Martin a signé un contrat à très long terme et que le Canadien paye encore Carbonneau est ses adjoints cette saison, pas sûr que Gainey pourrait retourner derrière le banc cette année, l'an prochain, voire dans deux ans...

Halak, Plekanec et les autres...

Il a bien sûr été question de Jaroslav Halak, Tomas Plekanec et surtout de leur avenir avec le Canadien.

Dans le cas de Halak: rien de neuf. Il est toujours avec le Canadien et pourrait le rester jusqu'à la fin de la saison... ou être échangé d'ici là.

«J'interprète toujours sa demande comme un appel à obtenir un poste de numéro un dans la LNH. C'est louable et je veux bien lui offrir cette possibilité, mais pour le moment nous profitons de la compétition qui existe entre lui et Carey. Si nous devions nous faire offrir un joueur intéressant peut-être que nous donnerions suite à sa demande», a nuancé Bob Gainey qui a malgré tout eu des discussions avec d'autres formations de la LNH.

Quant à l'avenir de Tomas Plekanec, Gainey assure qu'il fera tout son possible pour le garder à Montréal.

«Tomas s'est élevé au rang de meilleur attaquant de notre équipe. Je ne suis pas surpris, car il l'était il y a deux ans. Il est avec nous depuis 10 ans et il tient autant à nous que nous tenons à lui. Il sera difficile de garder tous nos joueurs en raison des contraintes économiques. Mais quand on veut régler un dossier, il y a moyen», a indiqué Gainey qui a refusé de lever le voile sur la tenue, ou non, de négociations avec le clan Plekanec.

Pour le reste, «business as usual» comme disent les Chinois.

Gainey est content d'avoir obtenu Benoit Pouliot et il espère que ce jeune joueur profitera de l'occasion qui se présente à lui pour s'établir avec le Canadien.

Il a d'ailleurs ajouté un troisième but à sa fiche avec le Canadien dans la défaite mardi soir.

Même bilan pour Marc-André Bergeron.

Les embauches de Gionta, Gomez et Cammalleri?

«Ils sont de bons joueurs qui nous donnent ce qu'on attendait d'eux. La blessure à Gionta a ralenti son intégration au sein de l'équipe et a eu une incidence sur les performances de Scott Gomez, mais si nous arrivons à éviter les blessures, nous aurons un meilleur apport offensif de leur part.»

Pour le reste, pas grand chose.

Avec son flegme désarmant, Gainey a bien sûr donné l'impression d'être au-dessus de ses affaires et que tout allait bien, madame la marquise.

Sauf que vouloir mettre Plekanec c'est une chose.

Dépenser les millions qu'il réclamera en est une autre.

Surtout lorsqu'on sait que Carey Price voudra passer à la caisse l'été prochain, et surtout lorsqu'on sait qu'une équipe en manque de gardien et qui a de l'argent - lire les Flyers de Philadelphie - pourrait profiter de son autonomie avec compensations pour lui faire une offre mirobolante.

Une offre que le Canadien ne pourrait égaler s'il tient vraiment à payer Plekanec à sa juste valeur et surtout s'il tient à se garder un peu de marge sous le plafond salarial pour se payer Andrei Markov qui fera sauter la banque à son tour dans deux ans.

Le meilleur joueur du Canadien et l'un des meilleurs défenseurs de la LNH ne jouera pas pour moins de 6,5 ou 7 millions par saison lorsqu'il signera sa nouvelle entente.

Ajoutez ce montant aux millions consentis à Gomez, Cammalleri et Gionta, et vous avez un gros problème de budget sur les bras.

Je veux bien que le Canadien rachètera la dernière année de contrat de Georges Laraque l'été prochain, mais ça ne lui offrira qu'un petit million de jeu sous le plafond...

Pas de doute, il sera aussi difficile de boucler le budget que d'accéder aux séries. Je me demande même s'il ne sera pas plus facile d'accéder aux séries.

Vers les séries

Où se trouve le Canadien au classement ce matin?

En huitième place dans l'Est, avec 45 points en 45 parties. Il est donc en séries.

Ça, c'est la bonne nouvelle.

Mais quand on regarde devant et derrière, il y a tout plein de mauvaises nouvelles qui se pointent.

Les Rangers sont 7e avec le même nombre de points que le Canadien, mais avec aussi trois matchs en mains.

Les Sénateurs ont 48 points avec trois matchs en mains.

Derrière, le Canadien a trois points d'avance sur Tampa Bay, Atlanta et les Islanders de New York qui ont tous, respectivement, 4, 3 et 2 matchs en mains sur le Tricolore.

Les Islanders ne semblent pas vraiment dangereux, mais les Flyers, 12e avec 41 points, ont huit points disponibles en raison des quatre matchs en mains sur le Canadien.

Et comme ces deux équipes se croiseront dans un duel aller-retour juste avant la pause olympique, il serait périlleux de compter les Flyers déjà battus. Surtout que cette équipe devrait un jour sortir de sa torpeur...

Le Canadien a accédé de peine et de misère aux séries l'an dernier avec un dossier de 41 victoires, 30 revers et 11 défaites en prolongation ou fusillade.

Il a maintenant 21 revers cette saison.

Ça lui laisse une marge de manoeuvre de neuf défaites en temps réglementaire, avec encore 37 matchs à jouer.