Les dirigeants de la F1 ont fait de gros efforts pour faciliter les dépassements cette saison, avec notamment l'introduction d'un système de réduction de traînée aérodynamique (DRS). Le Grand Prix du Canada permettra justement d'assister à une première en ce sens.

Il y aura en effet deux zones privilégiées de dépassement où les pilotes pourront profiter du système pour tenter une manoeuvre sur un adversaire direct. Jusqu'ici cette saison, le système n'a été activé que dans une seule section des circuits où les Grands Prix ont été disputés.

À Montréal, la configuration du circuit Gilles-Villeneuve se prête bien à un tel système avec sa succession de lignes droites et de virages lents. Les commissaires de la FIA ont décidé que les pilotes pourraient actionner l'aileron arrière mobile dans la ligne droite du Casino et encore dans la ligne droite des puits de ravitaillement.

Le principe du système consiste à permettre à un pilote qui se trouve à moins d'une seconde d'un concurrent d'«ouvrir» l'aileron arrière mobile de sa voiture de façon à réduire la traînée aérodynamique et à profiter de sa vitesse supérieure pour doubler la voiture qui le précède. Jusqu'ici cette saison, le nombre de dépassements est en hausse de façon spectaculaire.

Les avis sont toutefois très partagés sur l'efficacité réelle du système. Le directeur technique de l'équipe McLaren, Paddy Lowe, a ainsi douté hier que l'ajout d'une deuxième zone puisse faciliter les choses. «Ce sont deux lignes droites successives et je ne crois pas que le système puisse être aussi efficace dans la deuxième zone. À la limite même, le pilote qui aura doublé dans la première section sera encore avantagé dans la seconde.»

L'Anglais Lewis Hamilton s'est montré plus optimiste. «Je ne sais pas encore comment les zones ont été aménagées, mais je crois que cela va nous aider à être plus près de nos adversaires.

«On peut même envisager de voir deux pilotes se doubler à tour de rôle en profitant chacun leur tour des zones privilégiées, a poursuivi le pilote de l'équipe McLaren. Habituellement, un pilote qui en double un autre peut en profiter pour creuser un petit écart et se mettre à l'abri d'un dépassement au tour suivant. Je ne suis pas certain que ce sera le cas ici...»

De son côté, le champion du monde Sebastian Vettel s'est montré prudent. «Il y a plus de dépassements cette saison, c'est vrai, mais le nombre d'actions impliquant les meneurs n'est pas si grand que cela. Le choix des pneus et la stratégie de course ont exercé une bien plus grande influence sur les résultats. Ça m'étonnerait que ce soit différent ici.»

Exigeant pour les pneus

Ce sera également un premier Grand Prix au Canada pour le fabricant de pneus Pirelli depuis qu'il a pris la relève de Bridgestone l'hiver dernier. «Les variations de vitesse sont très importantes et cela est dur pour la structure même des pneus, a expliqué le directeur de Pirelli, Paul Hembrey. Les voitures passent de 290 km/h à 60 km/h en à peine trois secondes à l'approche de l'épingle. Il y a cinq autres points de freinage fort, ce qui en fait le circuit le plus exigeant de la saison à ce chapitre.»

Pirelli a prévu des pneus tendres (lettrage jaune) et super-tendres (lettrage rouge). Les pilotes devront utiliser chacun des deux types en course et les meilleurs prendront sûrement le départ sur les super-tendres qu'ils auront chaussés en qualifications.

À Monaco, Sebastian Vettel a surpris bien des concurrents en effectuant plus de 70% de la course sur les mêmes pneus tendres. «Ce sera difficile de répéter un tel exploit ici, a estimé Hembrey. Montréal est traditionnellement un circuit qui «brûle» les gommes et il faut prévoir plusieurs arrêts. Il y a aussi des possibilités d'averses dimanche, auquel cas toutes les équipes devront revoir leurs stratégies.»

Venez clavarder avec Michel Marois aujourd'hui entre 11h45 et 13h sur cyberpresse.ca/gpc