Muet depuis que la justice sportive l'a dépouillé de ses sept Tours de France, Lance Armstrong va parler, le 17 janvier, sur le plateau de télévion d'Oprah Winfrey, où il abordera «sans concession» la question du dopage a promis la reine américaine des cotes d'écoute.

Coïncidence? Vendredi, le New York Times annonçait que le coureur texan pourrait enfin passer aux aveux concernant le «programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport» dénoncé par l'Agence américaine antidopage (USADA), en octobre.

Étrange également: cette annonce de la réapparition médiatique de Lance Armstrong a suivi de quelques heures une nouvelle «bombe» lâchée par Travis Tygart, le directeur de l'USADA, selon qui le Texan aurait tenté de faire un don «dans la fourchette» des 250 000 $ à son agence, en 2004. Histoire peut-être d'acheter son silence?

L'avocat d'Armstrong s'est empressé de nier cette accusation mais l'interview complète de Travis Tygart doit être diffusée mercredi soir sur la chaîne CBS dans l'émission 60 Minutes Sports, qui n'a pour l'heure proposé que quelques extraits des déclarations du patron de l'USADA.

Lance Armstrong aura quant à lui 90 minutes de tête à tête avec la reine du talk-show, le 17 janvier, de 21h00 à 22h30, sur la chaîne OWN (Oprah Winfrey Network) et sur internet en direct (www.oprah.com), pour dire sa vérité.

La chaîne a précisé que cet entretien ne se déroulerait pas en direct: il sera enregistré au préalable à Austin, au Texas, chez Armstrong, à une date qui n'a pas été précisée. Toutefois, l'ancien cycliste n'aura «pas le contrôle éditorial» (de l'interview) et aucune question ne sera taboue.

Risques de poursuites judiciaires



Si Lance Armstrong s'est toujours refusé à avouer et conserve encore des soutiens indéfectibles, comme l'Espagnol Miguel Indurain, quintuple vainqueur du Tour, il pourrait avoir changé de stratégie, comme l'a avancé le New York Times la semaine dernière.

Selon le quotidien, qui ne cite pas de sources, le Texan de 41 ans aurait confié à des proches et des acteurs de la lutte antidopage vouloir avouer publiquement ses fautes pour obtenir la levée par les autorités antidopage de sa radiation à vie. Une sanction qui lui interdit notamment de participer à la moindre compétition de triathlon, le sport de sa jeunesse, dans lequel il avait replongé avec succès.

Armstrong aurait discuté de cela avec Travis Tygart et il chercherait également à rencontrer David Howman, le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), selon le NYT.

Une certitude: Armstrong n'a pas fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, en Suisse, de la sanction de l'Union cycliste internationale (UCI) qui a effacé la totalité de son palmarès depuis le 1er août 1998 et l'a radié à vie du cyclisme. Depuis le 27 décembre à minuit cette sanction est donc irréversible.

Des aveux télévisés seraient cependant risqués pour Armstrong, menacé de poursuites judiciaires pour parjure ou fraude, selon Peter Keane, professeur de droit à l'Université Golden Gate, en Californie.

Sur les traces de Marion Jones

«Le gouvernement a peut-être un cas de parjure très solide à plaider car nombre de ses équipiers ont témoigné sous serment l'avoir vu se doper», avait souligné Peter Keane auprès de l'AFP en octobre.

Un tel délit est passible de prison (jusqu'à 30 ans) et d'une forte amende (jusqu'à 1,5 million $). En cas de condamnation, le coureur américain rejoindrait au palmarès judiciaire l'athlète Marion Jones, elle aussi épinglée pour parjure et contrainte de passer six mois derrière les barreaux en 2008.

C'est surtout sur ce plan que Lance Armstrong prendrait des risques à avouer subitement. À moins qu'il n'ait passé un accord avec la justice américaine, en échange de son témoignage.

Car financièrement le Texan ne craint pas grand chose.

Certes, l'hebdomadaire britannique The Sunday Times lui réclame 1,2 million d'euros (1,5 million $), la société d'assurances SCA Promotions voudrait récupérer les 7,5 millions de dollars qu'elle avait dû lui verser en 2006, et le Tour de France a demandé qu'il rembourse ses primes gagnées sur la Grande Boucle, d'un montant de près de 2,9 millions d'euros (3,7 millions $).

Mais l'ancien «patron» du peloton est l'abri, et il pourrait facilement régler ces factures, avec une fortune estimée à 123 millions $.