Les adolescentes canadiennes présentant des problèmes de comportement et vivant dans des quartiers pauvres sont deux fois plus susceptibles d'avoir des relations sexuelles précoces, indique une étude.

Les jeunes filles montrant des problèmes de comportement - agression physique, intimidation, vandalisme, vol et fugue - et qui sont issues de secteurs défavorisés peuvent être initiées sexuellement avant d'y être prêtes parce qu'elles sont influencées par des pairs déviants et par des garçons plus âgés, disent les chercheurs.

Les résultats de l'étude, menée par des chercheurs de l'Université de Montréal, de l'Université du Nouveau-Brunswick et de la Tufts University aux États-Unis, paraissent dans le dernier numéro de la revue Child Development.

Selon la responsable de l'étude, Véronique Dupéré, c'est la combinaison des deux éléments - avoir eu des comportements déviants par le passé et provenir de quartiers défavorisés - qui accroît le risque de relations sexuelles au début de l'adolescence. «Les résultats de la recherche (...) donnent à penser que les quartiers façonnent les groupes de pairs qui, à leur tour, exercent une influence au moment où les filles deviennent actives sexuellement», soutient Mme Dupéré, qui est maintenant détentrice d'une bourse d'études post-doctorales à Tufts University.

L'enquête a porté sur un échantillon de 2596 adolescents - garçons et filles - canadiens âgés de 12 à 15 ans, représentatifs des différentes caractéristiques socioéconomiques et familiales au pays.

Chez les garçons, le fait de vivre dans un quartier défavorisé et l'influence des groupes de pairs n'étaient pas directement liés à l'âge où survient l'initiation sexuelle, ont constaté les chercheurs.

Selon une éducatrice d'un groupe communautaire montréalais qui offre une éducation sexuelle et des services de consultation aux jeunes, les groupes de pairs peuvent réellement influencer les choix sexuels des jeunes, qui se tournent d'abord vers leurs amis pour obtenir de l'information sur les relations sexuelles. Mais la pression des pairs existe et le mieux est de tenter de donner confiance et estime de soi aux jeunes pour qu'ils puissent résister aux pressions négatives de leurs pairs, dit-elle.

Du point de vue de la santé publique, soutient cette éducatrice, certaines des conséquences négatives des rapports sexuels, comme les infections transmises sexuellement, le VIH et les grossesses non désirées, affectent tout le monde.