«Toute cette histoire me donne envie d'aller dépenser 50$ chez le fromager.» Mon collègue Tristan est, d'habitude, plutôt guidé par ses principes gastronomiques pour faire ses emplettes.

Cette fois, son désir avait une source patriotique: il faut encourager les fromagers locaux, qui traversent une bien dure période.

«Il s'est créé une solidarité incroyable dans cette crise», confirme Michel Choquette, président de la Fromagerie la Chaudière. L'entreprise de Lac-Mégantic avait rappelé certains de ces fromages après que l'on eut trouvé la bactérie salmonelle dans un échantillon. L'entreprise a fait des tests dans la fromagerie et n'a trouvé trace ni de salmonelle ni de Listeria. Elle a repris la distribution de fromage frais cette semaine. Les gens de Lac-Mégantic ont été particulièrement compréhensifs. Des mots gentils dans la rue; des clients fidèles. Ce qui fait croire à Michel Choquette qu'une fois la crise de la Listeria terminée, les consommateurs québécois auront tendance à revenir vers leurs fromages. Et peut-être même à en acheter un peu plus, par solidarité.

Ça ne serait pas la première fois que l'émotion guide la liste d'épicerie. Au Canada, la consommation de viande rouge a tranquillement décliné au entre 1998 et 2006. Une baisse constante sauf en 2003. Pourquoi les Canadiens ont-ils subitement mangé plus de boeuf cette année-là? Parce que la maladie de la vache folle avait fait mal aux producteurs de boeuf et que les consommateurs les avaient soutenus. Est-ce que les Québécois feront la même chose avec leurs fromages?