Une véritable révolution médicale se déroule actuellement au Manitoba. Depuis quelques mois, la ville de Winnipeg a décidé de lever le voile sur les erreurs médicales commises dans ses hôpitaux et de les divulguer systématiquement aux patients.

Parfois, les victimes se voient même remettre des compensations financières. Pendant ce temps, le Québec tarde à implanter un registre national des incidents et des accidents.

Il y a deux ans, la région de Winnipeg est devenue une pionnière en adoptant une politique de divulgation des erreurs médicales des plus modernes. Tous les hôpitaux de cette ville manitobaine avouent systématiquement leurs erreurs médicales. Et, quand la situation le demande, une compensation est versée à la victime.

L'objectif de cette politique est de mettre au jour des problèmes jusque-là méconnus dans les hôpitaux et d'aider à prévenir des erreurs similaires.

La Colombie-Britannique, la Saskatchewan et le Manitoba se sont inspirés de l'initiative de Winnipeg. Les trois provinces ont récemment adopté des lois qui assurent que lorsqu'un hôpital reconnaît avoir commis une erreur médicale, le patient visé ne peut pas poursuivre l'hôpital fautif.

Pendant ce temps, le Québec traîne la patte. En 2002, la loi 113 sur la santé et les services sociaux a été modifiée dans le but d'amener les hôpitaux à divulguer leurs accidents et incidents. «Quiconque est témoin d'un accident a maintenant l'obligation de le dire aux autorités de l'hôpital et au patient», affirme la porte-parole du ministère de la Santé et des services sociaux, Marie-Claude Gagnon.

Mais dans les faits, les disparités entre les établissements sont énormes. «Certains médecins n'hésitent pas à avouer leurs erreurs. Mais on est encore bien loin de ce que fait Winnipeg. La majorité des médecins ne reconnaissent pas qu'il y a eu faute», affirme la présidente du Fonds d'aide aux victimes d'erreurs médicales (FAVEM), Lisa D'Amico.

L'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) reconnaît que les hôpitaux respectent différemment la loi. «L'application est inégale. Ça prend du temps avant de changer la culture d'un milieu», explique la directrice des affaires médicales à l'AQESSS, la Dre Michelle Pelletier.

Selon Mme D'Amico, le Québec gagnerait beaucoup en adoptant une politique comme celle de Winnipeg. «Si les gens étaient honnêtes et avouaient leurs torts, les patients lésés n'auraient pas le goût de poursuivre, dit-elle. C'est surtout la loi du silence qui les fâche. Ils veulent la vérité.»