Spécialiste en santé publique au Groupe de recherche interdisciplinaire en santé de l'Université de Montréal, Miriam Hivon juge que le gouvernement fédéral a agi de façon précipitée.

Dans le cas du vaccin Gardasil, dit-elle, la procédure normale d'adoption d'un programme de santé publique n'a pas été respectée. Elle explique que, en règle générale, après avoir été approuvé par Santé Canada, un vaccin doit obtenir l'aval de deux comités d'experts: le Comité national d'immunisation et le Comité canadien d'immunisation.

«Ottawa a court-circuité les institutions en n'attendant pas l'approbation finale du Comité canadien d'immunisation qui est chargé de déterminer si un programme vaut la peine d'être financé, avant de débloquer 300 millions pour aider les provinces à financer une campagne de vaccination».

C'est la première fois, depuis la poliomyélite dans les années 50, qu'Ottawa fait un tel accroc à la procédure en matière de santé publique. Pour Mme Hivon, dans ces conditions, l'inquiétudes des groupes communautaires est légitime. À son avis, il est manifeste que bien plus que la santé de la population, c'est la quête de capital politique qui a motivé cette décision.

Comme l'explique Lydya Assayag, directrice du Réseau québécois d'action pour la santé des femmes, «investir dans la prévention et l'éducation sexuelle, cela ne donne pas de résultats visibles à court terme avec lesquels les politiciens peuvent séduire les électeurs».