Des solutions développées par différents acteurs du milieu scolaire, dont le Lab-École, repensent les environnements voués à l’apprentissage. Ces applications sont mises en place dans de nouvelles constructions, mais prennent aussi forme dans les écoles existantes.

Réintégrer la nature

PHOTO YANN GAY-CROSIER, FOURNIE PAR LE LAB-ÉCOLE

Une pinède borde l’école primaire du Zénith, projet du Lab-École réalisé à Shefford par Pelletier de Fontenay + Leclerc architectes.

« Planter des arbres et des végétaux autour des écoles et y prévoir des endroits pour manger et pour bouger est probablement ce qui est le moins coûteux et le plus simple à mettre en place. C’est un ajout qui profite à toute la communauté, qui prévient les îlots de chaleur et qui est bénéfique pour l’environnement », fait valoir l’architecte Pierre Thibault, président du Lab-École. Dans un sondage réalisé par l’organisme auprès d’élèves, la cour d’école est d’ailleurs le lieu qu’ils préfèrent et qu’ils souhaitent voir verdir.

Accroître la polyvalence des lieux

  • Les corridors peuvent devenir des extensions de la classe, comme c’est le cas au collège Notre-Dame, conçu par Taktik Design.

    PHOTO MAXIME BROUILLET, V2.COM

    Les corridors peuvent devenir des extensions de la classe, comme c’est le cas au collège Notre-Dame, conçu par Taktik Design.

  • Dans une aire de circulation du collège Notre-Dame, des cubicules ont trouvé leur place.

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    Dans une aire de circulation du collège Notre-Dame, des cubicules ont trouvé leur place.

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La cafétéria peut être utilisée pour collaborer ou apprendre, tout comme les gradins qui font tour à tour office de lieux de circulation, de socialisation et d’apprentissage. Dans plusieurs nouvelles écoles, les corridors deviennent aussi des ruelles d’apprentissage et des extensions de la classe : les casiers sont alors repositionnés pour faire place à des bibliothèques, des assises. En diversifiant la vocation des espaces, on décuple les options pour mieux les adapter aux activités et aux besoins de chaque élève, souligne Pierre Thibault. « On crée des moyens d’être dans les meilleures dispositions pour enseigner, apprendre et sociabiliser. »

Diversifier le mobilier

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Gagnante du Lab-École, l’école primaire Stadacona, dans le quartier Limoilou de Québec, propose des options pour travailler seul ou en groupe. Un projet de Jérôme Lapierre Architecte.

La polyvalence des lieux passe en grande partie par le mobilier : certaines portions fixes, comme des alcôves pour travailler seul ou en groupe, et d’autres mobiles, par exemple des bureaux sur roulettes qui permettent de se regrouper ou de libérer le centre de la classe pour une activité. Certaines postures conviennent davantage aux plus actifs ou à certaines tâches. En multipliant les assises avec des tabourets, des banquettes, des poufs, des coussins, des tabourets, on étend le champ des possibilités.

Travailler l’acoustique

PHOTO MAXIME BROUILLET, FOURNIE PAR L’ATELIER PIERRE THIBAULT

L’acoustique est un facteur pris en considération dans les nouvelles constructions d’écoles et est rendue possible grâce à l’utilisation de matériaux absorbants et d’alcôves intimistes, comme dans l’Alinéa du collège Durocher.

Le niveau sonore est un facteur clé du bien-être à l’école, selon la directrice du collège Sainte-Anne, Isabelle Senécal. Dans cette nouvelle école secondaire, on a misé sur l’utilisation de matériaux absorbants qui coupent la réverbération. Plus le degré de décibels est élevé, plus les élèves et les professeurs doivent insister pour se faire entendre, ce qui donne lieu à une surenchère qui se poursuit à la sortie des classes. Dans un environnement apaisé, la modération est naturelle. « Dans une classe, ça peut devenir cacophonique quand les élèves travaillent en équipe. Quand on leur permet de se répartir dans différents lieux à l’extérieur de la classe, ils n’ont pas besoin de parler fort. Tout d’un coup, c’est plus calme et ils sont plus efficaces. »

Favoriser la lumière naturelle

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La classe extérieure de l’école Stadacona

Des ouvertures permettent de connecter l’intérieur de l’école à son environnement extérieur et de créer une impression d’espace. Une fenestration abondante, en privilégiant des ouvertures horizontales, permet d’avoir une vision continue sur l’extérieur. L’éclairage naturel a également des effets connus sur la santé, le niveau d’énergie, la concentration et le moral.

Encourager de bonnes habitudes de vie

PHOTO MAXIME BROUILLET, FOURNIE PAR L’ATELIER PIERRE THIBAULT

Plusieurs projets incluent des potagers ou des serres, comme ici, au collège Durocher.

L’alimentation et l’activité physique sont parmi les trois pôles du Lab-École. Ses projets incluent des cuisines où les enfants apprennent les valeurs d’une bonne alimentation tout en travaillant d’autres habiletés – le calcul, notamment. Elles incluent aussi des potagers ou des serres où les enfants peuvent jardiner et cuisiner leurs récoltes dans un cercle vertueux.

Bouger s’exprime dans la configuration de cours qui permettent de grimper sur des buttes, de jouer en équipe, de trottiner et d’utiliser une variété d’équipements, mais se fait aussi à l’intérieur de l’école où l’environnement favorise les déplacements, oblige à monter des marches, à être mobile dans l’apprentissage. Un enfant qui se déplace pour aller à l’école arrive aussi dans de meilleures dispositions, cible l’organisme. Pour ses projets, des parcours sécuritaires ont été mis en place en collaboration avec les municipalités pour inciter les élèves et leurs parents à marcher plutôt que de se déplacer en voiture.

Faire un pont avec la communauté

PHOTO MAXIME BROUILLET, FOURNIE PAR LE LAB-ÉCOLE

Les cuisines, les gymnases et les cours récréatives peuvent aussi servir à l’ensemble de la communauté. Ici, le Lab-École des Cerisiers, à Maskinongé, réalisé par Paquet-Taillefer + Leclerc architectes.

L’environnement scolaire – sa cuisine, son gymnase, sa cour – peut s’étendre à d’autres fins pédagogiques qui profitent à la communauté. « Il faut arrêter de travailler en silos et voir le portrait dans sa globalité, soutient Pierre Thibault. En créant des milieux d’apprentissage bienveillants, les effets collatéraux sont bénéfiques pour l’ensemble de la société. »