Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

S’il fallait résumer l’histoire de cette maison-château, ça irait un peu comme ceci. II était une fois un Montréalais qui aimait une femme de L’Assomption. Un jour, il lui dit : « Ma douce, on va se bâtir là, juste en face du chalet de vos parents. J’ai le plan en tête. » C’est ainsi qu’en l’an 1974 du siècle dernier naquit dans le rang du Bas-de-L’Assomption cette somptueuse demeure, où ils vécurent heureux et eurent deux enfants.

« En 1975, en sortant de l’hôpital Santa Cabrini après ma naissance, je suis venu directement ici, dans cette maison », relate David-Alexandre Coiteux, le cadet des fils du couple. La maison venait, elle aussi, de venir au monde, après deux ans de travaux sous la gouverne de son père, Robert Coiteux, qui en avait également conçu les plans.

C’était là une autre facette des talents du paternel, qui était avant tout un « gars de char ». Robert Coiteux avait été pilote automobile avant d’accrocher son casque à la mort de son propre père, pour reprendre l’entreprise que ce dernier avait fondée en 1945, Coiteux automobiles, avenue Papineau. Les belles voitures de British Leyland (Triumph, Rover, Mini Cooper…), on les trouvait là dans les années 1960 et 1970. Robert, qui avait étudié en Angleterre, « pour apprendre l’anglais », et avait pas mal voyagé dans d’autres pays d’Europe, était fasciné par les châteaux. Il s’en est donc inspiré pour concevoir la maison où il allait vivre avec sa douce, Pierrette Vanier, et leurs enfants.

Les moyens de ses ambitions

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

La demeure est dotée d’une tour, qui a attisé la curiosité de plusieurs au fil des ans.

Pierres importées d’Indiana et d’Israël, marbre d’Italie, portes en chêne, poignées de porcelaine et de cuivre finement ciselées, lavabos ornés de fleurs délicates… L’homme n’a pas lésiné sur les moyens pour rendre son projet à terme et lui donner du lustre. Il a retenu les services d’artisans, dont un Italien qui a peint les caissons du plafond de la salle à manger, réalisé de faux finis ailleurs dans la demeure et fait une grande toile illustrant l’aîné des fils, dans une scène épique. Le petit Jean-Sébastien n’avait pas encore 2 ans, mais le peintre l’a dessiné comme s’il en avait 6. « À 6 ans, mon frère ressemblait à ce qu’il avait l’air sur la peinture », s’étonne encore David-Alexandre.

À l’extérieur, l’aménagement paysager s’accorde élégamment avec l’architecture typique de la maison.

Mais attention : ici, l’esprit de château n’est pas un artifice pour le passant ; il s’impose aussi quand on pénètre dans la maison.

Les voûtes du plafond dans l’entrée et le salon donnent l’impression d’être dans un autre siècle, sur un autre continent. Pourtant, on est bien ici, à une quarantaine de minutes de Montréal, et à deux ou trois kilomètres de l’autoroute 40, qu’on devine de loin, mais qu’on n’entend pas. Et la maison offre tout le confort moderne.

Pareille demeure dans la municipalité de L’Assomption a fait beaucoup jaser, reconnaît David-Alexandre, qui se souvient qu’il y a eu des articles de journal sur le « château de l’Est ». Pour lui et son frère, qui y ont grandi, c’était une maison normale, mais la réaction des gens leur faisait prendre conscience de sa particularité. « Les jeunes voulaient savoir ce qu’il y avait dans la tour. Il y avait souvent des couples de mariés qui venaient se faire prendre en photos devant la maison, avec leur cortège d’honneur… »

Beaucoup d’amour

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Vue sur la propriété et son terrain

Cette maison qu’il avait façonnée à son goût, Robert Coiteux l’a beaucoup aimée et n’a jamais songé à déménager, selon son fils. Il l’entretenait méticuleusement, mais hormis la cuisine, qui a été rénovée trois fois, et le garage, qui a été transformé en salle de cinéma, peu de choses ont changé en 50 ans. Le décor de plusieurs pièces est d’origine, de même que le tapis qui court le long de l’escalier et du corridor des chambres. Celui de la chambre principale a pour sa part été changé il y a un certain temps. À un endroit du tapis, les initiales du couple sont gravées dans la laine, enlacées.

Robert Coiteux est mort le 9 janvier 2023, quatre ans après sa femme. Il avait 77 ans, demeurait encore dans sa maison de L’Assomption et dirigeait toujours la concession automobile de l’avenue Papineau, Hyundai, dont il était devenu un des premiers concessionnaires au Canada. « Il faisait ses traitements de chimio le matin et allait travailler l’après-midi », signale David-Alexandre.

La maison-château est donc l’objet d’une vente de succession. Les deux fils ont fait leur vie ailleurs qu’à L’Assomption. David-Alexandre, qui œuvre en cinéma, voyage régulièrement entre Montréal et Los Angeles, tandis que Jean-Sébastien tient les rênes de la concession automobile à Montréal. Malgré cela, l’attachement pour la maison de L’Assomption est bien présent.

« C’est difficile de la vendre, reconnaît David-Alexandre, avec émotion. Il y a eu tellement d’amour ici et il y a tellement de souvenirs. Si vous voulez un vrai test de vie, videz la maison de vos parents, passez à travers tous les souvenirs… »

L’histoire de cette maison n’est pas finie, mais ce sera au prochain propriétaire d’écrire le nouveau chapitre. Les châteaux ont une longue vie, c’est bien connu.

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La propriété en bref

Prix demandé : 1 795 000 $

Évaluation municipale : 526 000 $

Date de construction : 1974

Description : Maison de pierres dont l’architecture s’inspire des châteaux médiévaux, tout en offrant le confort moderne. Trois chambres, deux salles de bains, salle de cinéma, sous-sol fini.

Superficie du terrain : 44 444 pi⁠2

Taxes municipales : 4729 $

Taxe scolaire : 462 $

Courtiers : Liza Kaufman et Alfee Kaufman, Sotheby’s