Adieu l'escalier, bonjour l'ascenseur privé!

Problème de genoux, d'arthrite ou de dos... À partir d'un certain âge, les propriétaires commencent à maudire les escaliers intérieurs de leur maison. Pour éviter cet inconvénient, ils peuvent déménager dans un immeuble à condos, où les escaliers servent uniquement en cas d'urgence, acheter une maison plain-pied ou encore... installer un ascenseur privé.

Problème de genoux, d'arthrite ou de dos... À partir d'un certain âge, les propriétaires commencent à maudire les escaliers intérieurs de leur maison. Pour éviter cet inconvénient, ils peuvent déménager dans un immeuble à condos, où les escaliers servent uniquement en cas d'urgence, acheter une maison plain-pied ou encore... installer un ascenseur privé.

Lucette Jetté-Duguet a choisi la dernière option. Avec ses problèmes d'arthrose, elle en a assez des escaliers qui l'empêche de se rendre à l'étage de son cottage. Quand elle et son mari ont décidé de construire leur maison de rêve au bord d'un lac, ils ont choisi de couper dans certaines dépenses - pas de voitures neuves entre autres - pour s'offrir un ascenseur résidentiel. «Pour nous, ça ne représente pas un luxe, mais une nécessité», explique cette retraitée de 66 ans.

Trônant au centre de leur résidence actuellement en construction, cet ascenseur permettra aux propriétaires de se rendre plus facilement aux étages, où se trouveront les chambres d'invités, et d'accéder plus aisément au lac, car l'ascenseur les mènera au sous-sol, dont la partie arrière est au niveau du terrain.

Vieillissement de la population oblige, les ascenseurs résidentiels pourraient devenir la norme dans les prochaines années dans les maisons de luxe, pense Michel Gaboury, président d'Ascenseurs Richelieu. «Déjà, de nombreux constructeurs de maisons de luxe» proposent systématiquement l'installation d'un ascenseur à leurs clients. Et les refus sont de plus en plus rares. «Un ascenseur coûte 30 000$, mais c'est un détail dans un budget de deux ou trois millions», estime M. Gaboury, en affaires depuis 15 ans.

Si certains clients ont véritablement de la difficulté avec les escaliers, comme Mme Jetté-Duguet, la plupart des gens qui achètent un ascenseur n'en ont pas vraiment besoin. «Ils en installent un dans une perspective à long terme. Si leur état de santé se dégrade, ils souhaitent demeurer le plus longtemps possible dans leur maison. Certains en achètent un également pour accommoder des gens de leur famille», explique Roxanne Roy, représentante pour le fabricant d'ascenseurs Savaria, une entreprise de Laval.

En vogue dans les condos

Si de plus en plus de «manoirs» ont leur ascenseur, il en va de même dans les condos de luxe. Depuis le printemps dernier, Habitation Classique, important promoteur immobilier de la Rive-Sud, offre en option l'installation d'un ascenseur privé dans ses quadruplex. La demande est fulgurante! «Un tiers de mes clients choisissent d'en installer un. J'ai même des clients qui habitent au rez-de-chaussée et achètent un ascenseur pour rejoindre le garage au sous-sol», dit Nicolas Metsos, président d'Habitation Classique.

Louis-Marie Pilote, 70 ans, vient d'acquérir un condo à l'étage dans un projet d'Habitation Classique à Boucherville. Sans ascenseur privé, il n'aurait jamais déménagé dans un condo. «Un jour, si je me fais opérer et que je suis en convalescence, ça va être beaucoup plus facile pour moi de retourner à la maison, explique-t-il. Et si je dois me déplacer en fauteuil roulant, je n'aurai pas besoin de déménager.»

Dans son condo qui lui sera livré en 2008, l'ascenseur le transportera directement de son garage double au sous-sol et jusqu'à son appartement à l'étage. Ce retraité aurait pu simplement acheter un condo au rez-de-chaussée, mais pour lui, c'était hors de question. «Je refuse de me faire marcher sur la tête», dit-il. Quant au coût supplémentaire, il considère que l'ascenseur est un investissement. «Il est clair que mon condo se revendra beaucoup plus vite que les autres», estime ce retraité.

S'il est possible d'installer un ascenseur dans un bâtiment existant, la grande majorité des installations ont lieu dans les constructions neuves. Il suffit de prévoir l'espace nécessaire pour la cabine et un lieu pour entreposer l'équipement mécanique, et le tour est joué. On peut en installer partout, y compris dans des structures en bois et en brique.

D'une capacité de 1000 livres, les ascenseurs résidentiels fonctionnent à l'hydraulique. «Ils consomment de l'énergie pour monter, mais très peu pour redescendre. Donc, en cas de panne d'électricité, des batteries permettent de faire redescendre la cabine, également équipée d'un téléphone d'urgence», assure Michel Gaboury.

La durée de vie des ascenseurs peut s'étaler sur plusieurs décennies, car dans une maison ou un condo, ils sont peu sollicités. Cependant, leurs propriétaires doivent les entretenir régulièrement. Michel Gaboury, qui installe des ascenseurs de marque Opex, recommande quatre inspections par année. Quant à Roxanne Roy, elle conseille plutôt la visite d'un mécanicien tous les six mois.

 Aussi pour les jeunes

 Le luxe d'un ascenseur privé n'est pas réservé uniquement aux baby-boomers et aux autres richissimes retraités. Même des jeunes peuvent se laisser séduire par cet équipement. C'est ce qui est arrivé à Hélène et Alexandre, jeune couple du Plateau-Mont-Royal, qui a récemment acquis un condo au troisième étage d'un triplex.

 Leur appartement entièrement rénové est équipé d'un ascenseur fraîchement installé. «Quand on a visité ce condo, j'ai trouvé l'idée de l'ascenseur privé assez comique. Puis, en réfléchissant, j'ai réalisé que cet appareil élimine tous les désavantages de vivre dans un troisième étage», explique Hélène, 29 ans. Finie la corvée du transport des sacs d'épicerie jusqu'au troisième étage. «Je me vois très bien élever mes futurs enfants ici, car les poussettes rentrent parfaitement dans la cabine», dit la jeune femme. Le seul hic, c'est qu'ils doivent endurer les quolibets des amis, qui n'hésitent pas à les traiter de paresseux!