L'organisme de promotion du design québécois Mission Design n'est pas passé inaperçu lors de son passage au Taipei World Design Expo, du 22 au 30 octobre. Son kiosque d'exposition conçu de cônes orange - parmi les plus populaires, avec 100 000 visites - aura mis sous les projecteurs asiatiques la créativité québécoise.

Le cône orange. Symbole de la décrépitude des infrastructures pour nombre de Québécois, il n'en est toutefois rien pour le designer. En fait, l'objet maudit est fort positif, quand on y pense. «Ça veut dire qu'on construit des choses. Ça veut dire qu'il se passe quelque chose. On en fait une mauvaise presse, mais s'il n'y a pas de grues, s'il n'y a pas de cônes, ça veut dire qu'on ne fait rien», fait remarquer Alain Dufour, directeur général de Mission Design.

Le kiosque de 186 mètres carrés imaginé par la boîte Paprika a été fort remarqué par les médias taiwanais. «Le fait que les gens devaient aller voir dans le cône pour voir les projets, ça créait beaucoup d'intérêt.» Derrière chaque cône se trouvait l'image rétroéclairée ou la vidéo d'un concept québécois. Parmi les concepts présentés, on trouvait des pièces de design industriel, comme le Can-Am Spyder de BRP et le BIXI. En design graphique, le vidéoclip interactif Neon Bible, du groupe québécois Arcade Fire, aura attiré l'oeil - et l'oreille - de nombreux visiteurs.

Le Québec étant un marché limité pour le nombre de designers qui y oeuvrent, il est d'autant plus important pour eux d'exporter leur art. La province compte, par habitant, le plus de travailleurs du domaine du design au Canada. «Il y a [ici] une créativité indéniable.» D'ailleurs, dans cette mission qui se voulait canadienne, plus de 60 % des projets étaient issus du Québec. Une sélection qui s'est faite «en pure qualité des projets de design», souligne M. Dufour.

Audace et qualité

Nos créateurs se démarquent notamment par leur audace et la qualité de leurs concepts. Deux traits distinctifs qui font la signature des projets de design québécois et qui permettent de se démarquer sur la scène mondiale. «Taiwan a beaucoup de besoins en branding, en image de marque. C'est là où nos Québécois étaient véritablement des vedettes. On est considérés parmi les meilleurs en termes de design graphique.» En plus de la visibilité, les designers auront pu brasser des affaires. «Il va y avoir des contrats. Ça, c'est sûr qu'il va y en avoir», assure le chef de mission. Ça prendra toutefois quelque temps avant de mesurer les effets d'une telle visite.

Le design québécois se démarque aussi par son approche multidisciplinaire et multiculturelle. «On se rend compte qu'au Québec, on travaille facilement en multidisciplinarité, ce qui n'est pas le cas partout.» Le Québec multiculturel permet aussi aux concepts créés ici d'être facilement exportables. «Le branding d'un produit ou l'aménagement d'une place, ça doit pouvoir atteindre les gens, peu importe de quelle culture ils proviennent. On a déjà une longueur d'avance», souligne Alain Dufour, optimiste.

Encore faut-il que ces forces soient connues. Et c'est là où le bât blesse, constate Mission Design, qui s'efforce depuis mai 2010 à faire rayonner le design québécois. L'organisme profitait d'ailleurs de sa visite à Taipei pour inviter la crème de l'industrie au Sommet mondial du design, de l'architecture et de l'urbanisme de 2017, à Montréal. Un congrès qui concorde avec l'année du 375e anniversaire de la métropole, du 150e de la Confédération canadienne et du 50e d'Expo 67. Mission Design souhaite y attirer 6000 designers. D'ici juin 2012, l'organisme a confiance d'obtenir l'appui de 30 pays.