Dans l'histoire de l'architecture traditionnelle de chez nous, le bardeau de cèdre à motifs ou découpé est une aimable coquetterie, trouve Martin Dubois, auteur et consultant en architecture et patrimoine (société Patri-Arch) de Québec.

La circonscription de Lotbinière en produisit beaucoup. Et c'est à Saint-Apollinaire, sans doute, qu'on en découvre la plus grande concentration. Il embellit également plusieurs maisons de Saint- Antoine-de-Tilly, localité adjacente, et quelques-unes sur la Côte-de-Beaupré. Martin Dubois ne doute pas que plusieurs autres maisons en dissimulent sous leur travestissement de matériaux modernes.

 

Cette maison de Saint-Apollinaire, rue Principale, appartenant à un jeune ménage qui en prend un soin jaloux, témoigne de la créativité d'artisans, sans doute assez nombreux, à l'époque, dans la localité. «Le bardeau induit le beau qui s'exprime dans le travail, mais aussi dans la simplicité du matériau et l'humilité des moyens», continue Martin Dubois.

Ici, des rangs de vagues inversées reviennent à chaque saut de trois rangs de bardeaux droits. Sur d'autres maisons, il y en a en écailles, en pointes ou en frises. À moins qu'ils ne soient dentés ou en faux désordre. Tandis qu'on fait se succéder avec régularité les droites et les courbes sur une même bande. Tout ça inférant le triomphe de l'organisation et de la géométrie.

Imaginez! suggère Martin Dubois, le matin ou l'après-midi, alors que le soleil est rasant, les belles oppositions de l'ombre et de la lumière contre ce revêtement qui a, selon Yves Laframboise, dans son livre La maison au Québec (Éditions de l'Homme, 2001, page 230), fait ses premiers pas chez nous avec la deuxième moitié du XIXe siècle. On commençait alors à scier le bardeau plutôt que de le fendre.