«Nous ne cherchions pas forcément une maison, mais nous avons tout de suite vu le potentiel extraordinaire de celle-ci», racontent joyeusement Hanane Sina et Luc Bruneau. Ils habitent maintenant, avec leurs deux fillettes, cette magnifique et surprenante demeure de style contemporain, dans Rosemont-La Petite-Patrie.

L'énorme cube en forme de L, couché à l'angle de deux rues perpendiculaires, tranche parmi les bungalows avoisinants. Les Sina-Bruneau habitent la longue partie du L, la maison ayant été divisée depuis déjà longtemps.

 

En 1959, un architecte à la sensibilité avant-gardiste l'a fait construire pour lui-même. Pour l'avoir restaurée, depuis quatre ans, dans le plus grand respect de ce courant architectural de l'époque, le couple a eu l'heureuse aventure de voir sa maison choisie parmi les cinq «coups de coeur» de l'Opération Patrimoine architectural de Montréal 2009.

Surprenante donc, dès l'entrée, par un haut mur concave en pierre massive jaune, structure seule, non attachée à d'autres et non portante, à côté d'un escalier très épuré et présentant une douce courbe. La pierre a été patiemment nettoyée «presque à la brosse à dent», et abritera bientôt une fontaine et un peu de verdure. À sa droite, l'escalier, sans contremarche, est supporté par un morceau d'acier discret sous le milieu et muni d'une rampe tout aussi discrète et moderne, mène au plancher principal. Derrière l'escalier, un petit segment de mur est lui aussi arrondi. Malgré la pierre massive qui monte quelques pieds au-dessus du premier plancher, les formes arrondies apportent charme et intérêt dans le vaste espace cubique.

Modernité et ... beauté classique

À l'étage principal, environ 10 marches au-dessus du niveau du sol, quelques secondes d'observation dans le vaste espace ouvert suffisent pour repérer un alignement de colonnes digne ... d'un temple grec. «Cette maison pourrait très bien se passer totalement de murs», fait remarquer Luc. De fait, elle s'en passe presque, puisque seules les deux chambres et la salle de bain sont fermées. Les colonnes (des poutres) en cèdre rouge massif, placées à intervalles réguliers, dessinent trois lignes parallèles: deux sur les longs côtés du rectangle de la maison et une en son centre.

La fenestration est très généreuse, pour l'époque surtout, sur les deux longs murs, et pratiquement absente sur les deux murs plus petits, aux extrémités du rectangle.

Les murs sont massifs, en «quatre par quatre» de cèdre collés les uns aux autres. Pas besoin de chercher les montants quand vient le moment de poser les cadres et les armoires!

Géothermie

Un des premiers gestes de rénovation a consisté en l'acquisition d'un système géothermique, couplé à un système de chauffage et de ventilation à air pulsé. «C'était moins courant il y a quatre ans et il n'y avait pas encore de subvention, relate Luc. Un ingénieur m'a confirmé que c'était un investissement rentable. Maintenant, l'efficacité énergétique de la maison rejoint presque la norme de Novoclimat. Quand nous aurons rénové les fenêtres, elle atteindra ce standard.»

Par ailleurs, les propriétaires ont courageusement restauré le toit, le foyer, le plancher du sous-sol (maintenant doté d'un chauffage radiant électrique), la salle de bain, une partie de la cuisine. Quatre années satisfaisantes, animées d'enthousiasme, mais aussi «qui ont demandé des sacrifices», conclut Hanane Sina.