Impossible de dresser une vitrine complète des 400 ans d'architecture résidentielle, depuis les maisons urbaines et rurales de la Nouvelle-France jusqu'au bungalow de la fin du siècle passé.

Impossible de dresser une vitrine complète des 400 ans d'architecture résidentielle, depuis les maisons urbaines et rurales de la Nouvelle-France jusqu'au bungalow de la fin du siècle passé.

D'autant que l'évolution des bâtiments, dans le sillage des grands courants, fit paraître les styles néoclassique, italien, régionaliste, Second Empire (toits à mansarde), byzantin, forteresse, victorien ou alsacien (à colombages). Et même des villas s'inspirant de demeures coloniales de Floride ou des Indes occidentales. Sans compter des maisons contemporaines conçues, depuis les années 30 jusqu'à dernièrement, par des architectes branchés.

C'est pourquoi, nous contenterons-nous, ici, de circonscrire quelques façons constitutives de faire qui ont, en quelque sorte, servi de tronc commun dans la définition du caractère de nos résidences. La séquence qui suit est, pour l'essentiel, de Luc Noppen, professeur et chercheur au département d'études urbaines et touristiques de l'Université du Québec à Montréal, historien de l'architecture, ancien professeur à l'Université Laval et auteur. Elle s'inscrit, du coup, dans une mission que lui a confiée, en 2002, la direction de la Maison Lamontagne de Rimouski eu égard à son petit musée de l'habitation.

Renseignements : www.maisonlamontagne.com

 La maison Girardin de Beauport est représentative de la maison rurale de la Nouvelle-France. Elle résulte d'une lente, riche et sûre transformation.

 Les maisons de cet esprit ne comprenaient, à l'origine, qu'une seule pièce. Agrandies, on était nombreux à les habiter. En promiscuité, cependant. Une façon de profiter ensemble de la terre familiale qu'il était interdit de diviser en trop de lots.

  Construite en 1751, la maison Estèbe comprend 21 pièces et huit foyers. C'est un exemple des maisons cossues et à la page du milieu du XVIIIe siècle. Elle est contiguë au Musée de la civilisation de Québec.

 Elle est née de la lutte contre le feu tandis que sa forme et sa distribution imposent aux «Canadiens» les conventions et l'art d'habiter à la française. Elle est typique de la maison urbaine de la Nouvelle-France.

  Les maisons en enfilade, rue d'Auteuil, induisent la façon britannique de construire après la Conquête, en 1759. Et la détermination des Anglais de mettre un terme à la promiscuité par la mise en place de logis unifamiliaux.

 L'espace habitable, dans ces maisons de pierre, rayonne depuis un hall ou un palier à chaque étage. Introduites chez nous vers 1815, on les appelle «londoniennes».

   Située sur Grande Allée et construite en 1849, la Maison Henry-Stuart (photo principale) est symptomatique du retour à la nature chez les citoyens d'origine britannique. Les fenêtres et portes-terrasses sont nombreuses et les vérandas, longues.

 Mode de vie qui était possible à quelques jets de pierre de l'agglomération de Québec.

 De nos jours, on cherche à satisfaire les mêmes besoins par l'horticulture ornementale dans sa cour ou en allant s'établir près des plans d'eau.

La Maison Magella-Paradis, rue du Trait-Carré à Charlesbourg, a été construite en 1833. Elle joint la famille des maisons reconnues comme véritablement québécoises qui s'élèvent dans les campagnes du Québec à partir de 1820, jusqu'à la fin du XIXe siècle. Elles en dominent le paysage.

 Elles procèdent à la fois du courant néoclassique et de la maison traditionnelle du Régime français.

 Voyez la disposition symétrique des ouvertures et des lucarnes. Génial.

 Dans les faubourgs Saint-Jean-Baptiste et Saint-Roch, excroissances périurbaines de Québec de la Nouvelle-France, les petites et modestes maisons unifamiliales foisonnent.

 Souvent, elles sont à toit à mansarde. Ce sont les petits «carrés de bois» qui ont été interdits dans la ville, par peur des incendies.

  Dans Saint-Roch, ici. l'industrialisation, milieu du XIXe siècle, crée de l'emploi à Québec. Les petites maisons des faubourgs n'arrivent plus à loger les ouvriers. Il faut occuper le sol de la manière la moins coûteuse possible.

 Donc, pas de marges de recul. Pas de ruelles non plus. Les escaliers d'accès aux logements sont incorporés aux immeubles. On accède à la cour par des portes cochères.

  Comme Grande Allée, le début du chemin Sainte-Foy a ses immeubles somptueux dans lesquels logeaient les notables tels les édiles, les notaires, les médecins ou les grandes familles marchandes.

 Plusieurs de ces maisons de choix, construites à partir du milieu du XIXe siècle, ont été désertées. Elles sont devenues souvent des bureaux de professionnels ou des résidences pour personnes âgées.

   Dans les rues Churchill et autres, à l'ouest de Marie-de-l'Incarnation. Signées par des architectes de partout au pays, ces petites maisons «modernes» à prix abordable pour les familles du baby-boom procèdent de la recherche sur l'économie de la construction.

 D'un seul niveau et à toit bas, elles annoncent les bungalows tels que dans les villes dortoir.

 Les maisons de l'après-guerre ont été l'initiative de la Wartime Housing, ancêtre de la SCHL.

  Les maisons d'aujourd'hui sont souvent préfabriquées et procèdent d'une architecture d'imitation. Certaines, cependant, véhiculent la belle audace d'architectes férus de modernité.

 Celles de demain sont écoénergiques, vertes, affranchies des sources d'énergie non renouvelables, construites avec des matériaux recyclés, recyclables, non toxiques et respectueux de l'environnement.

 Cette maison, chemin Saint-Louis, a été construite en 1945 et conçue par un architecte décorateur de renom (Blatter).

 

Photo Érick LabbĂ©, Le Soleil

Maison Girardin