Une des plus belles maisons de Westmount subit actuellement une cure de rajeunissement. La splendide résidence acquise par Samuel et Saidye Bronfman, en 1928, sur le boulevard Belvédère, fait l'objet d'importants travaux pour mieux revivre. Le propriétaire, Stephen Bronfman, veut rénover la demeure centenaire de la façon la plus verte possible, tout en préservant son cachet. Il ne vise rien de moins qu'une certification LEED.

Une des plus belles maisons de Westmount subit actuellement une cure de rajeunissement. La splendide résidence acquise par Samuel et Saidye Bronfman, en 1928, sur le boulevard Belvédère, fait l'objet d'importants travaux pour mieux revivre. Le propriétaire, Stephen Bronfman, veut rénover la demeure centenaire de la façon la plus verte possible, tout en préservant son cachet. Il ne vise rien de moins qu'une certification LEED.

Les travaux vont bon train et devraient se poursuivre jusqu'en 2010. Ils incluent la réparation du revêtement de brique, la rénovation du bâtiment existant, de même que son agrandissement, à l'extrémité est de la maison, où se trouvaient la cuisine désuète et les pièces réservées au bon fonctionnement de la maisonnée. Cette section de la maison a été minutieusement déconstruite. L'agrandissement, réalisé dans le respect de la demeure originale, abritera une vaste cuisine et une pièce vitrée, ouverte sur le jardin. L'aménagement paysager du vaste domaine de 1,86 acre sera aussi refait.

Les travaux sont effectués conformément au système d'évaluation LEED Canada NC, élaboré pour les bâtiments institutionnels et commerciaux. Pour améliorer l'efficacité énergétique du bâtiment, les systèmes de chauffage et de climatisation sont optimisés avec l'ajout, entre autres, d'un système géothermique.

 Des panneaux thermiques solaires, installés sur le toit du garage et le pavillon de jardin, seront utilisés pour chauffer l'eau domestique, de même que l'eau de la piscine. L'isolation des murs du bâtiment existant a fait l'objet d'une attention particulière pour ne pas endommager le revêtement de brique ni modifier l'apparence extérieure de la maison.

 L'isolant pare-air, pare-vapeur, à base de soya, a ainsi été appliqué de l'intérieur. L'eau de pluie, captée dans une citerne, sera de plus réutilisée dans les toilettes et servira à l'irrigation du terrain. Beaucoup d'efforts sont déployés, par ailleurs, pour recycler tout ce qui peut l'être.

Pour Stephen Bronfman, membre notamment du conseil d'administration de la Fondation David Suzuki, il ne pouvait en être autrement. Et il espère en inspirer d'autres. «Être vert, c'est à la mode, convient l'homme d'affaires et philanthrope de 44 ans. Mais c'est aussi bon pour les affaires. Trop d'entreprises ne se préoccupent que de leurs résultats trimestriels. Or en investissant tout de suite dans la construction verte, on diminuera d'ici quelques années nos coûts d'énergie et d'exploitation. Mais pour ce faire, il faut une vision.»

Pour élaborer cette vision et la mettre en pratique, il s'est entouré d'une équipe multidisciplinaire. Pas question d'y aller à moitié. «Ce sera la plus grande maison au Canada à être certifiée LEED, précise-t-il. C'est déjà une maison incroyable. Je veux qu'au cours du prochain siècle, elle vive et respire d'une nouvelle façon.»

La résidence, où ont grandi le père de Stephen, Charles Bronfman, et sa tante, Phyllis Lambert, a été conçue en 1906 par l'architecte Robert Findlay, qui a aussi dessiné la bibliothèque municipale de Westmount et son hôtel de ville. Elle a été agrandie en 1928 par les architectes Hutchison et Wood. De style château, la demeure est un des 48 bâtiments de Westmount que la municipalité considère comme exceptionnels. Celle-ci a travaillé étroitement avec la firme d'architectes Architem Wolff, Shapiro Kuskowski pour s'assurer que les travaux n'affectent en rien l'apparence de la maison patrimoniale.

«De grands efforts sont faits pour rendre le site autosuffisant, sans que rien ne soit éventuellement visible de la rue», apprécie Joanne Poirier, directrice du service d'aménagement urbain de Westmount.

Solidement ancré dans les traditions, Stephen Bronfman était célibataire lorsqu'il a acheté la maison après le décès de sa grand-mère, en 1995. Pendant 10 ans, sans y habiter, il s'est assuré que la résidence était bien entretenue. Marié depuis bientôt quatre ans et père de deux bambins et d'un bébé, il la transforme pour y vivre avec sa jeune famille. «La vie étant moins formelle qu'avant, j'enlève certains murs au rez-de-chaussée pour rendre la maison chaleureuse et invitante, souligne-t-il. La circulation entre la salle à manger et le salon sera par exemple beaucoup plus fluide.»

Comme de nouvelles fenêtres ne peuvent être ajoutées dans la partie existante, la réorganisation de l'espace permettra de mieux profiter des fenêtres en place, fait remarquer l'architecte Andrea Wolff. «Dans un projet LEED, l'éclairage naturel est très important», précise-t-elle.

Stephen Bronfman, qui siège aussi au conseil du Centre canadien d'architecture, fondé et présidé par Phyllis Lambert, a montré les plans à sa tante. «J'ai besoin de son approbation, quand même! s'exclame-t-il en riant. Ce n'est pas un projet qu'elle ferait elle-même, car je suis plus traditionnel qu'elle. Mais elle nous a fait de bons commentaires.»

Un exemple? L'agrandissement sera légèrement en retrait pour bien marquer qu'il s'agit d'un ajout; il s'en distinguera intentionnellement, pour mieux respecter l'architecture du bâtiment original.

 

Photo Rémi Lemée, La Presse

La demeure, qui appartient depuis 1995 à Stephen Bronfman, fait l'objet d'importants travaux. Elle est rénovée de la façon la plus verte possible, tout en préservant son cachet.