Au bord du lac à la Pêche, en Mauricie, trônait autrefois une chapelle. Plusieurs années plus tard, le pignon triangulaire est toujours là. Mais l'ancien lieu de culte abrite maintenant une famille, qui a changé de vie pour s'établir à la campagne. Pour de bon.

Il y a cinq ans, la vie d'Edith Morin a basculé: elle a reçu non pas un, mais deux diagnostics de cancer - d'abord de la glande thyroïde, puis du sein. À l'époque, elle était architecte dans un bureau à Montréal, où elle vivait avec son conjoint et leur bambin.

Le cancer, avec sa ribambelle de traitements, a convaincu Edith et son conjoint de changer de vie. «La maladie, ça modifie tes valeurs, dit-elle. On a vraiment voulu changer de mode de vie et on s'est dit qu'on ne pouvait pas attendre notre retraite pour le faire parce qu'on ne sait pas ce qui peut arriver. Aussi, on a quitté la ville parce qu'on voulait une vie moins stressante.»

Depuis 2007, ils étaient propriétaires d'une ancienne chapelle dans la municipalité de Saint-Mathieu-du-Parc, qu'ils utilisaient comme chalet les mois d'été. En 2013, le couple a pris une grande décision: en faire sa résidence principale.

Malgré la fatigue et les traitements, Edith s'est attelée à la tâche et elle a dessiné les plans de ce qui allait devenir leur maison. Lorsqu'ils ont vendu leur condo de Montréal en vue du grand déménagement, elle n'en avait toujours pas fini avec le cancer. «Quand on a déménagé, il me restait encore trois traitements de chimiothérapie. Mais je commençais à prendre le dessus», se souvient-elle.

En trois ans, ces ex-Montréalais ont pleinement adopté la région: Edith a un emploi à Shawinigan, son conjoint Pascal travaille à Trois-Rivières, et leur fils Olivier, aujourd'hui âgé de 8 ans, fréquente l'école primaire alternative à Saint-Mathieu-du-Parc.

Un peu d'histoire

Construite au milieu des années 40 par le curé Longpré, la chapelle qui surplombe le lac faisait autrefois partie d'un lieu de villégiature pour la congrégation. Ce curé était d'ailleurs si influent qu'il avait réussi à faire municipaliser le chemin jusqu'à la hauteur de la chapelle.

Au fil des années, le lieu de culte a beaucoup changé: il a perdu son clocher et il a délaissé sa couleur foncée pour un revêtement blanc. Aussi, une partie «chalet» s'est ajoutée sous l'église autour des années 60, tirant profit de la pente du terrain. «Ça permettait ainsi d'avoir un "rez-de-lac"», précise Edith Morin. En 1986, le bâtiment a cessé d'être une chapelle. «Les frères l'ont vendu aux premiers propriétaires laïques», poursuit-elle.

Quand Edith et sa famille ont pris possession du chalet, il n'était pas équipé pour l'hiver. Ils l'utilisaient donc six mois par année environ. «Les murs n'étaient pas isolés, il y avait des trous partout...», résume l'architecte de 43 ans.

Quand elle a décidé d'en faire sa résidence principale, elle a dû démolir la chapelle. «Mais on s'en est inspirés pour reconstruire», souligne-t-elle.

Effectivement, la forme de l'ancienne église est encore bien reconnaissable malgré une indéniable touche moderne. Sans compter que le plafond triangulaire a gardé la même pente que la chapelle de jadis.

«Et puisqu'on est sur le bord du lac, il fallait se construire exactement à la même place, ajoute Edith. Je ne pouvais pas déborder dans l'empreinte au sol.» C'est donc grâce aux deux transepts - qui coupaient la nef principale à angle droit - que l'architecte a pu construire une véranda d'un côté et un balcon de l'autre. «Mon plan, c'est encore un plan d'église. Mais ce ne sont plus les mêmes fonctions.»

Même si elle a changé de vocation, la chapelle demeure la vedette du lac: c'est une photo d'elle qui accueille les arrivants sur la pancarte au bord du chemin. Et depuis tout récemment, cette route porte le nom de chemin de la Chapelle. C'est le curé Longpré qui serait fier!

Photo Martin Chamberland, La Presse

Des chaises en osier permettent de profiter pleinement de la véranda... trois saisons par année. «On est capables de s'en servir d'avril en octobre environ», estime la propriétaire.

Cinq pensées pour un chalet

Edith Morin parle en connaissance de cause lorsqu'il est question de chalet. Voici quelques-uns de ses conseils d'aménagement.

> Penser soleil

«Il faut choisir le site en fonction de la lumière naturelle pour la maison, mais aussi sur le terrain. Exemple: la lumière sur le quai pour la baignade. Le nôtre est ensoleillé de 10 h à 18 h.»

> Penser visite

«Il faut être conscient du pouvoir attractif du chalet... Les amis de la ville sont souvent chez nous, donc on doit être confortable pour recevoir. Quand on reçoit beaucoup, penser aussi à mettre un lave-vaisselle dans la cuisine!»

> Penser pratique

«Il faut aborder le rangement différemment. Souvent, on va au chalet les fins de semaine, donc on vit beaucoup dans nos valises. Alors, les belles garde-robes avec pôles ne servent pas beaucoup, car on ne prend pas le temps de mettre le linge sur des cintres. Il faut plutôt penser tablettes pour recevoir sacs et valises.»

> Penser chaleur

«Un poêle à bois ou un foyer au bois, c'est vraiment un incontournable. Ça étire les saisons et ça fait toute la différence en hiver.»

> Penser déco

«Il faut savoir refuser tous les meubles et accessoires déco "qui font chalet" que les gens veulent nous donner... En ce qui me concerne, je n'ai pas moins de goût au chalet qu'à la maison!»

Photo Martin Chamberland, La Presse

Une chambre d’amis a été emménagée sur la mezzanine, permettant d’accueillir les nombreux visiteurs en provenance de la ville.