(Québec) Imaginez : vous êtes candidat aux élections fédérales. Parleriez-vous de votre passé si vous aviez des antécédents judiciaires ?

Le candidat bloquiste Louis Sansfaçon dit qu’il le fait, même s’il traîne un des plus lourds bagages peut-être de toute l’Histoire politique canadienne.

C’est un ex-policier qui a été condamné sept ans de pénitencier pour des crimes relatifs à la possession et au trafic de stupéfiants dans les années 1990.

Il était alors un agent double de la Sûreté du Québec comptant 17 ans de service.

Au cours des dernières années, M. Sansfaçon s’est fait connaître pour le combat qu’il mène au nom de sa fille Émilie, aujourd’hui morte, qui luttait en faveur de la bonification de 15 à 50 semaines, des prestations d’assurance-emploi pour les travailleurs souffrant de maladie grave.

Mais son passé a refait surface, maintenant qu’il est candidat bloquiste dans Québec, où il affronte le ministre libéral fédéral Jean-Yves Duclos. Les électeurs lui en parlent-ils et comment abordent-ils le sujet ?

« Les électeurs ne m’en ont pas tant parlé, mais moi, je leur en ai parlé », a-t-il confié en conférence de presse samedi matin au côté de son chef Yves-François Blanchet.

Je n’ai pas à me sauver de mon passé, j’ai agi comme policier, j’ai été agent d’infiltration.

Louis Sansfaçon, candidat du Bloc québécois dans la circonscription de Québec

Il dit que ses déboires et son engagement par la suite ont permis notamment d’améliorer les pratiques et l’encadrement législatif relatifs aux agents d’infiltration.

« Je sais que quelquefois, les nouvelles s’arrêtent au moment où les gens devraient comprendre que lorsque je travaillais comme policier, la loi (actuelle) n’existait pas, a-t-il expliqué. La loi a évolué pour donner aux policiers la possibilité d’agir illégalement à des fins légales. »

« Malgré mon vécu, grâce à mon vécu »

Il a ajouté qu’il ne pouvait détailler davantage les techniques utilisées permettent de mener à des arrestations, en raison du travail d’infiltration de nos jours,

« Il ne faut pas que se concentrer sur les accusations, mais sur la gestion du lendemain. Les citoyens doivent savoir que lorsqu’on me confie un dossier, je vais le mener à terme, malgré mon vécu, et surtout grâce à mon vécu. »

M. Sansfaçon a finalement purgé 18 mois de pénitencier et a obtenu son pardon en 2010.

Il est gestionnaire d’entreprise et détient des diplômes en droit et en relations industrielles.

Il affronte un ministre important du cabinet Trudeau dans la circonscription de Québec : le président du Conseil du trésor, Jean-Yves Duclos.

M. Duclos l’a emporté avec à peine plus de 300 votes au scrutin de 2019 contre la candidate bloquiste Christiane Gagnon.