(Ottawa) Un nombre record de candidats autochtones sont en lice aux élections fédérales, cette année. Ceux-ci disent vouloir contribuer à implanter des changements significatifs dans les relations entre le gouvernement et les Premières Nations, les Inuits et les Métis.

Selon une analyse de La Presse Canadienne basée sur les informations publiées sur les sites web des partis ainsi que sur des précisions obtenues auprès des formations politiques, au moins 77 candidats autochtones se présentent. Il est toutefois possible que des candidats ne se soient pas identifiés comme des autochtones.

À titre de comparaison, on recensait 62 candidats autochtones dans les 338 circonscriptions du pays lors des élections de 2019. Dix ont été élus députés, et de ce nombre, huit briguent de nouveau les suffrages.

La Presse Canadienne s’est entretenue avec certains de ces candidats au sujet de l’importance d’élire des députés autochtones au sein de ce que beaucoup considèrent comme une gouvernance coloniale.

Libéraux

Le député sortant Michael McLeod tente d’obtenir un troisième mandat pour représenter les gens de la circonscription Territoires du Nord-Ouest.

M. McLeod, un Métis, croit que le véritable changement pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis ne sera possible que lorsque les autochtones seront plus nombreux à la Chambre des communes.

« On peut entraîner plus de changement en s’impliquant de l’intérieur. Si on avait 100 députés autochtones à la Chambre des communes, vous pouvez être certains que le ton serait beaucoup plus élevé qu’il ne l’est actuellement sur les enjeux autochtones », mentionne-t-il.

Michael McLeod dit se présenter sous la bannière libérale parce que le parti en a fait davantage pour le nord que le précédent gouvernement conservateur. Il dit espérer conserver son siège pour continuer le travail entamé par les libéraux sur le logement et les titres de propriété.

La popularité du Parti libéral s’est étiolée pour diverses raisons dans les communautés autochtones au cours des six dernières années. On note, entre autres, l’achat controversé de l’oléoduc Trans Mountain. Quant à la promesse de faire en sorte que les avis d’ébullition d’eau qui persistent depuis de nombreuses années, dans certaines communautés, soient chose du passé, elle n’a pas été tenue.

La relation acrimonieuse entre le parti et la députée indépendante Jody Wilson-Raybould a aussi été dommageable. L’ex-ministre libérale et première autochtone à occuper les postes de ministre de la Justice et de procureur général a tourné le dos au parti après avoir accusé le premier ministre Justin Trudeau d’avoir fait pression sur elle dans l’affaire SNC-Lavalin.

Selon le candidat au doctorat de l’Université Western, à London, Philip Charbonneau, qui travaille sur la représentation autochtone parmi les candidats ainsi que sur le vote autochtone, certaines personnes font toujours confiance au gouvernement libéral en place.

« Je ne vois pas encore d’effondrement de la confiance », observe M. Charbonneau.

L’organisation Manitoba Keewatinowi Okimakanak, qui regroupe les Premières Nations du nord de la province, a annoncé mardi que les chefs avaient adopté une motion pour appuyer officiellement la candidate libérale Shirley Robinson dans Churchill–Keewatinook Aski.

C’est la néo-démocrate Niki Ashton, une allochtone, qui représente la circonscription à Ottawa depuis 2008.

Les chefs du Manitoba disent avoir l’intention de soutenir divers candidats autochtones dans différents partis. Le Parti libéral affirme présenter 25 candidats autochtones.

Néo-démocrates

Pour la députée néo-démocrate sortante Leah Gazan, le désir de se présenter de nouveau dans Winnipeg-Centre s’explique par son amour pour sa communauté.

« Cela a été le plus grand privilège et le plus grand honneur de ma vie de me voir confier le mandat de défendre ma communauté que j’adore », a confié Mme Gazan.

Membre de la Première Nation lakota de Wood Mountain, en Saskatchewan, elle soutient qu’une représentation diversifiée au Parlement est importante et elle entend continuer de faire pression en ce sens. Toutefois, Leah Gazan est consciente que les choses ne sont pas toujours faciles pour les femmes autochtones.

Plus tôt cette année, sa collègue néo-démocrate Mumilaaq Qaqqaq ainsi que la députée indépendante Jody Wilson-Raybould ont utilisé les réseaux sociaux pour annoncer qu’elles ne seraient pas de retour en politique fédérale.

Mme Qaqqaq, la seule députée du Nunavut, a révélé à la Chambre des communes, en juin dernier, qu’elle avait fait l’objet de profilage racial de la part des services de sécurité de la colline parlementaire et qu’elle ne se sentait pas en sécurité.

De son côté, Jody Wilson-Raybould a décrit dans un témoignage cinglant que son expérience à Ottawa avait été « toxique et inefficace ».

De l’avis de la professeure adjointe en études politiques à l’Université de la Saskatchewan, Kathy Walker, « ce n’est pas un problème de parti, c’est un problème systémique ».

Leah Gazan estime que c’est justement pour cette raison qu’il est nécessaire de voir plus d’autochtones investir l’espace politique.

« Si notre voix n’est pas là, quelle voix y sera ? »

Le NPD indique qu’il présente 29 candidats autochtones.

Conservateurs

Candidate pour la toute première fois, Laura MacKenzie, Inuite de Rankin Inlet, au Nunavut, espère repeindre le territoire en bleu pour la première fois depuis que l’ex-ministre de la Santé Leona Aglukkaq a été défaite il y a six ans.

Mme MacKenzie dit se présenter sous la bannière conservatrice parce que le parti « valorise la fiabilité et le travail ».

À titre d’ancienne propriétaire d’entreprise, Laura MacKenzie dit comprendre « les difficultés de gérer une entreprise » et croire que les conservateurs sont la meilleure option pour l’économie du Nunavut.

Le Parti conservateur dit miser sur huit candidats autochtones.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.