Condamnant « la confusion » des mesures du gouvernement Trudeau en matière de gestion des frontières pendant la pandémie, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a promis mercredi de proposer dans les prochaines semaines un « protocole de gestion d’éventuelles menaces pandémiques ».

« On parle d’un protocole qui offrira de la clarté, de la prévisibilité, de la rapidité et aussi de la souplesse, parce que la nature des défis auxquels on sera confrontés reste encore incertaine », a expliqué le chef bloquiste lors d’une mêlée de presse tenue à Saint-Bernard-de-Lacolle mercredi avant-midi.

Sans vouloir dévoiler la nature des mesures qui seront proposées, M. Blanchet a laissé entendre qu’elles pourraient s’apparenter aux 22 mesures « pour mieux gérer les points d’entrée au pays » qui avaient été dévoilées en mars 2020 par son parti.

Au-delà de la fermeture des frontières et de l’interruption d’émission de visas, le Bloc avait alors suggéré de « doter les travailleurs aux points d’entrée sur le territoire d’une formation immédiate favorisant la probabilité de détection de possibles porteurs du virus », en réduisant du même coup le nombre de points d’entrées portuaires, maritimes et terrestres. Le parti avait recommandé « d’ajouter du personnel en santé et en sécurité aux points d’entrée », en collaboration avec Québec.

Frontières, dépistage, fabrication de vaccins, déploiement de la recherche, adaptation du réseau de la santé : « tout ça doit être l’objet d’un mécanisme pré-établi et efficace, faisant en sorte que les autorités et leurs exécutants sont capables d’intervenir », affirme Yves-François Blanchet, ajoutant « qu’on ne sait pas quand on va sortir de la pandémie ».

« Confusion et retard »

Le chef du Bloc a profité de son annonce pour décocher quelques flèches bien senties envers le premier ministre sortant Justin Trudeau, qu’il accuse de présenter un bilan en matière de frontières « qui se résume en deux mots : confusion et retard ».

« Dès le mois de janvier, on savait que ce virus allait se propager. Et il n’y a pas eu de mesures prises au Canada avant le mois de mars », a-t-il dit, en rappelant que le premier ministre québécois, François Legault, avait demandé la fermeture des frontières à plusieurs reprises avant qu’Ottawa y procède finalement.

« La mairesse de Montréal avait même envoyé elle-même des gens a l’aéroport de Dorval pour sensibiliser les gens à l’importance de suivre les consignes au retour de voyage. Elle avait dit que l’aéroport était une passoire, et je pense qu’il n’y avait pas que l’aéroport de Dorval qui était une passoire à ce moment-là », a martelé M. Blanchet.

Selon lui, il était pourtant « possible de déployer et d’imaginer rapidement un ensemble de mesures cohérents couvrant les différents aspects du risque que posait le coronavirus ». « Au lieu de ça, on a eu une inaction du gouvernement », a-t-il fustigé.

« On doit se demander si c’est une résistance idéologique du gouvernement Trudeau à contrôler les frontières. Est-ce que c’est ça, la cause qui aura engendré des retards dans l’exercice visant à contrôler la propagation du virus ? », s’est aussi interrogé le chef bloquiste, en appelant Ottawa à rendre des comptes. Sans faire de liens directs entre le nombre de décès au Canada et l’action gouvernementale, M. Blanchet a indiqué que « la santé du public aurait profité d’interventions mieux structurées et plus rapides ».