Tout comme deux autres témoins avant lui, Anthony Clavasquin est revenu hier sur certains éléments de la déclaration qu'il avait faite aux enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) quelques heures après l'échauffourée qui a coûté la vie au jeune Fredy Villanueva, le 9 août 2008.

Fredy Villanueva ne pouvait pas toucher l'agent Lapointe lorsque celui-ci lui a tiré dessus, selon M. Clavasquin. «Aucun de nous n'a avancé proche du policier», a-t-il dit.

 

«Vous avez dit: «(Fredy) tirait sur les mains des policiers pour qu'ils lâchent Dany», a rappelé l'avocat du coroner, Me Frédérick Carle. «Je me souviens avoir fait la déclaration, mais je n'étais pas vraiment là, je voulais juste voir Fredy», a répondu le témoin.

Fredy Villanueva était «fâché» de voir son frère Dany arrêté par la police, selon Clavasquin, «mais pas au point de devenir fou». «Il n'a jamais touché un policier», a-t-il soutenu. L'agent Lapointe n'avait aucune raison de se sentir menacé et n'a pas averti les jeunes qu'il allait faire usage de son arme, selon lui.

Tout comme Denis Meas et Jeffrey Sagor-Metellus, blessés lors du drame, Anthony Clavasquin a contredit devant le coroner la déclaration qu'il avait faite à la SQ. Ce serait selon lui un hasard puisqu'il n'avait jusqu'à hier, a-t-il soutenu, «jamais entendu parler» des trous de mémoire ou des volte-face des autres témoins. Le témoignage d'Anthony Clavasquin a provoqué de vifs débats entre les avocats de la Ville et de la police et ceux de la famille Villanueva et des témoins quant à leur appartenance aux gangs de rue.

«On entend toujours parler de gangs de rue à Montréal-Nord, donc il doit y en avoir», a dit Anthony Clavasquin, qui a aussi dit qu'il ignorait, avant l'enquête du coroner, que Dany Villanueva avait été membre d'un gang jusqu'en 2006. «Moi, les gangs de rue, je sais pas exactement c'est quoi. C'est pas parce que j'habite à Montréal-Nord que je fais partie des gangs», a-t-il dit.

Le fait que des photos montrent ses amis en train de faire le signe d'allégeance à un gang ne signifie rien pour lui. «Même mon petit frère de 2 ans le fait, alors...» a-t-il justifié, suscitant quelques sourires. Le témoignage d'Anthony Clavasquin se poursuit aujourd'hui au palais de justice de Montréal.