L'enquête sur la mort du boxeur Arturo Gatti est toujours en cours au Brésil. Une juge vient d'autoriser au procureur du ministère public la recherche de compléments de preuve, dont des numéros de téléphone intrigants, a appris La Presse.

Alors que le feuilleton judiciaire entourant la succession du boxeur millionnaire de 37 ans se déroule au Québec, le procureur brésilien Roberto Brayner tente toujours d'éclaircir les circonstances de la mort d'Arturo Gatti.

L'avocat s'intéresse notamment aux noms et adresses des titulaires des numéros de téléphone brésiliens figurant sur le dernier relevé téléphonique de l'appartement-terrasse d'Arturo Gatti à Montréal. Des appels ont été faits vers des numéros de téléphone inconnus de la famille du boxeur durant le mois qui a précédé son voyage au Brésil.

La juge Andréa Calado Venâncio a accepté cette requête en ordonnant aux autorités policières d'obtenir cette information auprès des sociétés de téléphonie brésiliennes concernées. Les policiers ont 30 jours pour satisfaire la requête du procureur, peut-on lire dans le jugement rendu le 20 novembre et obtenu par La Presse.

Le procureur du ministère public de l'État de Pernambuco, Me Brayner, a aussi demandé que d'autres examens et expertises soient réalisés avec des objets saisis dans le condo de la station balnéaire de Porto de Galinhas, où Arturo Gatti a été trouvé mort.

Rappelons que la veuve du boxeur, Amanda Rodrigues, avait été arrêtée après la mort de Gatti en juillet dernier, mais elle a finalement été relâchée 18 jours plus tard, quand la police brésilienne a conclu au suicide par pendaison de l'ex-champion du monde.

Les avocats embauchés par la famille Gatti au Brésil ont soulevé des «manquements», des «lacunes» et «d'apparentes contradictions» concernant les travaux menés par la police scientifique, indique le procureur Brayner dans sa requête.

La courroie du sac à main avec laquelle Gatti se serait pendu n'aurait pas pu retenir un homme de la taille du boxeur pendant trois heures comme a conclu la police brésilienne, affirment les avocats de la famille du défunt.

«Sans remettre en question le mérite des conclusions de la police judiciaire, j'estime que les éclaircissements souhaités par les avocats (de Gatti) sont pertinents et nécessaires», plaide le procureur dans sa requête en portugais que La Presse a également obtenue et fait traduire par un professionnel.

La famille d'Arturo Gatti a refusé de commenter cette nouvelle. Il nous a été impossible de joindre Amanda Rodrigues au Brésil, où elle vit avec son bébé, Arturo Jr. Un procès civil opposant la famille Gatti à la veuve du boxeur millionnaire pourrait se tenir au Québec au plus tôt en 2011. La famille Gatti veut faire invalider le testament que le boxeur a modifié trois semaines avant sa mort pour faire de sa jeune épouse de 23 ans sa légataire universelle. La succession vaudrait de 7 à 8 millions.

La famille du boxeur allègue que Mme Rodrigues serait indigne d'hériter parce qu'elle aurait manipulé le défunt. Ils soutiennent que c'est un testament fait en avril 2007, devant un avocat et qui n'est pas signé, qui doit primer. La veuve n'y figure pas.