Un village perdu, autant géographiquement qu'économiquement, un médecin «de la ville» venu temporairement, sous la contrainte, et des villageois prêts à tout pour le convaincre d'adopter l'endroit. Pourquoi changer une recette qui a si bien fonctionné?

Un village presque parfait, le remake français de La grande séduction, est présenté depuis hier sur les écrans de France, près de 12 ans après la sortie du film de Jean-François Pouliot.

Au village de pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, on a substitué une commune ultra reculée des Hautes-Pyrénées, dans le sud de la France, qu'on a appelé Saint-Loin-la-Mauderne. Les sublimes paysages côtiers du film écrit par Ken Scott ont laissé place aux montagnes grandioses de la vallée d'Aure, dans ce département français bordant la frontière espagnole.

S'arrêtent ici les différences. L'adaptation française est, à peu de choses près, une copie de l'original. Même trame, mêmes scènes dans le même ordre, mêmes blagues qui tombent aux mêmes moments.

Certains acteurs choisis pour interpréter les rôles du film français ressemblent même à s'y méprendre à leurs homologues québécois, de Didier Bourdon en Germain (joué par Raymond Bouchard dans la version québécoise) à Elie Semoun qui joue le jeune doué en informatique et amateur de musique, Denis (le personnage de Steve, joué par Bruno Blanchet).

Saint-Loin-la-Mauderne

Certes, à l'heure des téléphones intelligents, le film français s'est adapté à la modernité. Fraîchement débarqué à Saint-Loin-la-Mauderne, Max-le-médecin-parisien (joué par Lorànt Deutsch) cherche un réseau cellulaire, tenant son téléphone à bout de bras. «Vous n'avez pas le WiFi? Vous plaisantez?», s'étonne-t-il un peu plus tard.

Il y a bien sûr quelques références bien françaises, à la poitrine de Nabilla, vedette de téléréalité, ou encore à la dentition du joueur de soccer Franck Ribéry. Et quelques clins d'oeil, carrément, au film original, comme cette affiche à l'entrée du village qui annonce que la commune est «ville jumelée» avec Sainte-Marie-la-Mauderne, au Canada (du nom du village dans le film québécois).

Mais la formule fonctionne encore. Et le public rit de bon coeur devant toutes les acrobaties faites par les villageois pour convaincre le médecin de s'établir dans le petit village, condition nécessaire à l'obtention d'une subvention «de Bruxelles», siège de l'Union européenne, pour l'ouverture d'une usine.

Et la problématique sociale derrière le film demeure d'actualité, autant en France qu'au Québec, où des tonnes de petits villages ruraux peinent à survivre et voient leur jeunesse les quitter pour la «grande ville».

«En France, l'avenir d'un petit village comme le nôtre, ça n'intéresse personne», dira Germain au médecin pour le convaincre de rester. C'était vrai au Québec, ce l'était à Terre-Neuve, où a été tourné le remake canadien-anglais, The Great Seduction (sorti en 2013), et c'est une facette moins connue d'une France en difficulté économique, où des régions entières souffrent de chômage endémique.