Le Parkland Memorial Hospital est l'hôpital de Dallas où, le 22 novembre 1963, a été transporté John F. Kennedy. Parkland de Peter Landesman suit, pendant trois jours, ces hommes et ces femmes - médecins, infirmières, spectateur anonyme devenu témoin clé, proches de Lee Harvey Oswald - dont la vie a été changée, à jamais, par l'assassinat du président. Ils sont les acteurs secondaires d'un drame dont l'Histoire a surtout retenu les personnages principaux.

Avec Parkland, le réalisateur et scénariste Peter Landesman tourne sa caméra vers les héros inconnus du 22 novembre 1963. Vers ces hommes et ces femmes qui ont tenté de sauver John F. Kennedy, vers les gardes du corps terrassés de culpabilité, vers celui qui a gravé ces terribles instants sur pellicule, vers le frère du tueur, etc.

«Mon désir était d'aller dans les émotions que ces gens héroïques ont vécues. Les médecins et les infirmières couverts du sang du président. L'homme qui a été le témoin accidentel et a filmé des images qui ont marqué l'histoire. Celui qui s'est réveillé un matin en découvrant qu'il était le frère du démon. L'identité de ces gens n'a pas été cachée ni gardée secrète, mais nous en savons peu à leur sujet, car nous avons toujours regardé dans l'autre direction, celle de l'assassinat. Eux étaient là, ils attendaient d'être découverts.»

Vérité d'émotion

Le réalisateur Peter Landesman est bien sûr un homme d'images, mais, à titre de scénariste, il est également un homme de mots. Et de passion.

Entouré de «ses» acteurs lors d'une conférence de presse tenue durant le Festival international du film de Toronto, il a été le plus volubile, celui qui a donné des explications, des précisions, des analyses, et transmis ses motivations. Son enthousiasme est contagieux. Comme celui de Tom Hanks quand il lui a remis Four Days in November de Vincent Bugliosi, brique de 2000 pages devenue la base de Parkland.

«Lorsque Tom et moi avons commencé à parler de ce projet, nous avons convenu que nous ne ferions aucun plaidoyer, que nous chercherions une vérité d'émotion plus qu'une vérité politique, explique Peter Landesman. Or, après avoir vu le film avec du public et à force d'en parler, je me rends compte combien le résultat peut sembler être un acte patriotique, ce qui est fou, je sais, en cette époque cynique. Mais je crois que c'est important. Cet événement a eu tellement de conséquences! Il y a quelque chose de shakespearien là-dedans.»

Meurtre et mystère

En particulier pour les victimes et les héros «collatéraux» de l'assassinat. Ceux sur lesquels s'attarde donc Parkland. Les médecins (Colin Hanks, Zac Efron) qui ont tenté de sauver John F. Kennedy. Abraham Zapruder (Paul Giamatti), présent pour filmer le défilé et la liesse, auteur des images sanglantes toujours gravées dans les mémoires. Robert Oswald (James Badge Dale), frère du «monstre», leur mère, Madeleine (Jacki Weaver). Et plusieurs autres.

«John F. Kennedy a été assassiné il y aura bientôt 50 ans, rappelle le réalisateur. Depuis, sa mort a été traitée comme un meurtre et mystère, on a multiplié les hypothèses et les théories, on a montré du doigt une constellation de suspects possibles. Le drame est devenu un jeu de Clue géant.

«Nous avons visé ailleurs, dans l'honnêteté des émotions, en levant le voile sur ces gens qui étaient là pendant que l'histoire regardait ailleurs.» Leur vie n'en a pas moins été changée. À jamais.

> Parkland prend l'affiche le 4 octobre.

Quelques personnages

(Paul Giamatti)

Paul Giamatti savait peu de choses d'Abraham Zapruder. Simplement qu'il s'était rendu là avec le désir de filmer le passage du président à Dallas et qu'il s'est retrouvé avec, sur pellicule, des images qui allaient marquer à jamais la nation américaine. «Il a été traumatisé. Ce juif de New York vénérait son pays et son président. Et soudain, ses images à lui sont devenues «les» images du drame. Il a été écrasé par la culpabilité, par cette responsabilité qu'il a sentie à l'idée qu'«à cause de lui», des hommes, des femmes, des enfants allaient voir, encore et encore, la tête du président exploser. Il avait fait une chose horrible, c'est comme si sa caméra était devenue une autre arme», résume l'acteur. Aujourd'hui encore Paul Giamatti n'en revient pas de ce saut dans un temps pourtant pas si lointain où «pendant une journée, personne n'a su ce qu'il y avait dans cette caméra. Ils ne trouvaient personne pour développer le film! On est loin de ce qui se passe aujourd'hui, où la moindre merde est immédiatement rendue publique. C'était un monde où il y avait plus de suspense», termine-t-il avec ironie.

Le Dr Malcolm Perry

(Colin Hanks)

Le Dr Perry était résident en chef à Parkland, vétéran de la traumatologie, le 22 novembre 1963 lorsque les portes des urgences se sont ouvertes sur le corps ensanglanté de John F. Kennedy. «Cette scène où nous tentons de sauver le président a été tournée de façon particulière. Nous n'avions pas de marques, ça semblait être le chaos, nous devions juste jouer et jouer jusqu'à ce que Peter ait ce dont il avait besoin. Mais chaque prise était différente et devait avoir l'air «fraîche». Aussi, nous devions faire abstraction des caméras et être tous bons en tout temps, être dans l'action. Nous ne savions pas quelle prise serait «la nôtre». Bref, nous tentions de sauver une vie», raconte Colin Hanks qui n'a par contre jamais improvisé le texte de son personnage. «Il est très difficile de faire de l'improvisation avec un jargon médical que vous n'avez pas étudié la moitié de votre vie», note-t-il avec ce sourire qui rappelle tellement celui de son célèbre père - l'un des producteurs du film, et l'un de ceux qui à l'origine du projet.

Le Dr Jim Carrico

(Zac Efron)

Charles Carrico, dit Jim, était un jeune chirurgien qui avait terminé ses études médicales deux ans auparavant quand le président agonisant est arrivé dans la salle d'opération. «La responsabilité qu'a soudain eue ce résident sans beaucoup d'expérience!», s'exclame Zac Efron. L'acteur a trouvé son expérience à lui «extrêmement éducative parce qu'il est impossible, aujourd'hui, d'entendre parler de cet événement sans qu'il soit question de complots et de mystère. Ce film raconte une simple vérité avec beaucoup de détails. Ça m'a mis dans la position où, moi, je me souviens des attentats du 11-Septembre», conclut le jeune acteur qui était tellement dans l'action au moment de la fameuse scène d'opération qu'il plaint le figurant incarnant le président. «J'ai dû lui casser quelques côtes», plaisante-t-il.

Marguerite Oswald

(Jacki Weaver)

La mère de Lee Harvey Oswald était, selon son interprète, Jacki Weaver, «une femme narcissique qui souffrait de délire. J'ai eu accès, pour me préparer, à des vidéos où on la voyait et où on l'entendait. J'ai eu quelques surprises, mais j'ai beaucoup appris», note celle qui a aussi lu A Mother in History, de la journaliste Jean Stafford qui a passé trois jours avec Marguerite Oswald. «Ce que je dis et fais dans le film, aussi fou et extravagant que cela puisse paraître, n'est pas exagéré», assure-t-elle.