Il n'y a pas que François Hollande à vouloir réussir son entrée en Chine: le Marsupilami est aussi sur les rangs, tout comme quantité d'autres films réalisés en France qui espèrent profiter de l'immense marché chinois.

Le président français, attendu jeudi à Pékin, a été précédé cette semaine dans la capitale chinoise par de célèbres compatriotes du 7e Art: la comédienne Anne Parillaud, les réalisateurs Jean-Jacques Annaud (La guerre du feu, Le mom de la rose, L'amant), Luc Besson (Le Grand bleu, Nikita, Léon, The Lady) et Alexandre Arcady (Le coup de sirocco, Le grand pardon).

Ainsi que par une foule de professionnels, moins connus, mais tous convaincus que c'est désormais ici qu'il faut être. Une dizaine de grands écrans s'ouvrent quotidiennement dans le pays.

«On se retrouve aujourd'hui en Chine comme aux États-Unis en 1910», estime Pitof, un spécialiste des effets spéciaux rencontré en marge des deux festivals de films internationaux organisés ces derniers jours à Pékin.

«Aujourd'hui la Chine a la volonté de s'exporter, de devenir une culture qui se vend dans le monde, comme l'a été la culture américaine depuis cent ans», ajoute ce quinquagénaire qui a également réalisé Catwoman et Vidocq. À l'inverse, «j'ai le sentiment qu'on s'essouffle un petit peu avec notre culture occidentale», confie-t-il en citant les multiples suites de Spiderman et Superman.

Pitof a décidé de s'installer en Chine pour tourner The Dragon Angel, un film d'aventure pour public familial produit par un Français, Igor Darbo. Ce dernier a quitté son emploi de consultant à Pékin pour se lancer dans la production cinématographique.

La Chine est désormais le deuxième marché mondial des films derrière les États-Unis. Tout en imposant une censure pesante sur les oeuvres culturelles et des quotas draconiens d'entrée de films étrangers, elle reste considérée comme l'eldorado mondial.

Luc Besson a ainsi affirmé lundi à Pékin voir «davantage de liberté» à chacune de ses venues en Chine.

Sa société, EuropaCorp, compte sortir au moins quatre longs métrages par an en Chine, sous le régime très recherché du partage des recettes. Seuls 34 films étrangers ont été admis en 2012 dans ce quota.

«La Chine sera en 2020 le premier box-office mondial et les positions se prennent aujourd'hui», a expliqué à l'AFP Christophe Lambert, directeur général d'EuropaCorp, qui a signé un accord exclusif de distribution et de coproduction avec un partenaire chinois, Fundamental Films.

«Entre nous et les grands studios américains - les Fox, les Universal, les Warner -, on ne va pas dire qu'on est à égalité mais en tout cas on n'est pas loin», a-t-il assuré.

Le premier film de l'accord EuropaCorp/Fundamental distribué en Chine sera Malavita de Luc Besson avec Robert De Niro, Michelle Pfeiffer et Tommy Lee Jones. La sortie chinoise est prévue le 28 septembre, huit jours après les États-Unis.

En parts de marché réelles dans le pays le plus peuplé du monde, le cinéma américain représente 40 à 45%, la Chine 50% et le reste du monde doit se partager 5 à 10%, détaille Isabelle Glachant, représentante pour la Chine d'UniFrance.

Cet organisme chargé de promouvoir le cinéma français à l'étranger a demandé au président Hollande d'évoquer ce déséquilibre lors de ses entretiens officiels à Pékin.

Car, même si la Chine «a commencé à accepter de plus en plus de films étrangers non américains, c'est toujours très difficile», souligne Li Lianxia, de Domo Media, une société de Hong Kong spécialisée dans la négociation en Chine des droits des films français.

Après avoir distribué Adèle Blanc-Sec ou Les rivières pourpres en Chine, Mme Li espère y faire entrer la comédie d'Alain Chabat Sur la piste du Marsupilami. Afin de simplifier les choses, l'animal sauteur a été rebaptisé «Maxiu» pour les Chinois.