Inkheart parle de la passion des livres, du pouvoir de la lecture et de l'amour d'un père pour sa fille. Les artisans du film inspiré du roman de Cornelia Funke font de même.
Il fut un temps où Brendan Fraser était moins occupé qu'aujourd'hui.
 

«Après Looney Tunes, ma carrière a connu un creux», a indiqué, lors de rencontres de presse organisées à Los Angeles, celui qui, en moins d'un an (!), a été la tête d'affiche de Journey to the Center of the Earth, The Mummy: Tomb of the Dragon Emperor et sera celle de Inkheart. 

Pendant ce temps mort, il a reçu un roman. Celui dont est inspiré le film d'Iain Softley. À l'intérieur, un mot écrit de la main de l'auteure, Cornelia Funke: «Merci de m'avoir inspiré le personnage de Mo. J'espère que vous aurez un jour l'occasion de lire cette histoire à haute voix à vos enfants», lui faisait savoir la romancière allemande... loin de se douter qu'un jour, l'acteur incarnerait Mo à l'écran. 

«C'est ainsi que je travaille, je vole des voix, des attitudes, des visages aux comédiens», admet Cornelia Funke qui a signé une cinquantaine de livres pour enfants - dont la trilogie qui s'ouvre avec Inkheart (best-seller traduit en 37 langues - une nouvelle édition française paraîtra d'ailleurs chez Gallimard en février). 

Pour Mo, elle avait besoin de la voix de Brendan Fraser. «Il me fallait une voix de conteur exceptionnelle, pour qu'on croie en son pouvoir», dit la romancière. Parce que Mortimer Folchart, dit Silvertongue, a le don de faire sortir personnages et objets des histoires qu'il lit à haute voix. «C'est un don mais aussi une malédiction», ajoute Brendan Fraser. 

Puisque, quand quelqu'un s'échappe du livre, quelqu'un de bien réel est envoyé à l'intérieur. C'est ce qui est arrivé à la femme de Mo, Resa, qui est aussi la mère de Meggie (Eliza Hope Bennett). 

Depuis neuf ans, l'homme et sa fille recherchent donc Inkheart, le livre où Resa a disparu, pour tenter de la ramener dans leur vie. À leurs côtés, la très bourrue tante Elinor (Helen Mirren), qui sait comment traiter les livres rares, mais n'a aucune manière avec les humains. Sur leurs traces, le sombre Capricorn (Andy Serkis), «né» dans Inkheart. Et dans leur ombre, le très ambigu Dustfinger (Paul Bettany). 

Personnage romantique 
«Je ne connaissais pas le roman, mais quand j'ai reçu le scénario, je me suis rendu compte que mon fils était en train de le lire», raconte l'acteur qui a accepté le rôle «dans une tentative désespérée de me faire aimer davantage de cet enfant». Et de pouffer de rire sous... son crâne lisse: «C'est de la faute à Darwin.» 

Non, les lois de l'évolution ne jouent pas ici. Ce sont celles du septième art qui imposent leur sceau: Paul Bettany est en train de tourner Creation, l'histoire de Charles et d'Emma Darwin - laquelle est interprétée par Jennifer Connelly, femme à la ville du comédien. C'est d'ailleurs lui qui a eu l'idée de lui faire jouer le rôle de la femme de Dustfinger dans Inkheart. 

De courtes apparitions, mais extrêmement significatives. «Un des points qui m'attiraient dans ce scénario, c'est le romantisme du personnage: il veut retourner dans le livre où est sa vie, auprès de sa femme, même s'il sait que la mort l'y attend. Il y a plus de substance en Dustfinger que dans bien des rôles que j'ai eus jusqu'ici à créer.» 

Et de rire en pensant à la voix de JARVIS qu'il «interprète» dans Ironman. Une heure de travail pour se glisser dans les cordes vocales du système d'intelligence artificielle qui gère la maison de Tony Stark. Succès énorme. Il sera de retour pour la suite. 

Comme il sera de retour dans la suite de Inkheart, Inkspell, si suite il y a à l'écran (là, c'est la loi du box-office qui s'appliquera). De retour parce qu'il aime que cette histoire pour jeunes mette en scène, comme la vie, des hommes et des femmes qui ne sont pas entièrement bons ou entièrement méchants. Et que la fantasy y côtoie des images évoquant des chapitres troubles de notre histoire. Ces hommes en uniforme brûlant des livres, par exemple. 

Promouvoir la lecture
«Je ne lis pas de romans fantastiques et j'ai vraiment été surprise d'autant aimer Inkheart», note d'ailleurs ici Eliza Hope Bennett. «Il y est davantage question de relations entre les gens, un père et sa fille, que de magie. Et c'est ce qui est venu me chercher.» 

Même son de cloche chez Brendan Fraser - qui a aussi vu là «une manière subtile de faire la promotion de la lecture auprès des jeunes. Il y a de bien pires choses à promouvoir!». Et chez Cornelia Funke: «Deux choses constituent le coeur de mon histoire et il était essentiel qu'elles se retrouvent dans le film: la passion des livres et l'amour d'un père pour sa fille.» Là encore, il y a pire à promouvoir... 

Inkheart prend l'affiche le 23 février, en anglais et en français (Coeur d'encre).
Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Alliance Vivafilm (New Line).