Le cinéaste français Jacques Demy (1931-1990) est passé à l'histoire pour ses mémorables comédies musicales : Les parapluies de Cherbourg et Les demoiselles de Rochefort.

Mais son parcours ne se limite pas à ces deux films «en couleur et en chanté», qui ont connu un gros succès dans les années 60 - le premier remportant même la Palme d'or en 1963.

La rétrospective complète que lui consacre la Cinémathèque québécoise (L'univers enchanté de Jacques Demy) révèle une oeuvre autrement plus diverse qui mérite certainement d'être redécouverte.

En 30 ans de carrière, Jacques Demy a réalisé une quinzaine de long métrages. C'est avec Lola, lancé en 1961, dans l'effervescence de la Nouvelle vague, qu'il impose sa vision déjà personnelle, qui mélange l'influence de Cocteau, Ophüls ou Bresson, avec le lyrisme des «musicals» hollywoodiens.

Conçus en étroite collaboration avec le compositeur Michel Legrand, Les parapluies... (1964) et Les demoiselles... (1967) assurent très vite sa pérennité - et celle d'une certaine Catherine Deneuve. Un bref séjour à Los Angeles se solde par le flottant Model Shop (1968), suite officieuse de Lola. Puis il confirme sa réputation de cinéaste «en chanté» avec deux contes de fées musicaux : Peau d'âne (Deneuve, encore) et Le joueur de flûte (avec le chanteur folk Donovan), sortis en 1970 et 1972.

Faute de financement, Demy tourne moins. On hésite à produire ses projets de moins en moins commerciaux. Il revient au premier plan dans les années 80 avec Une chambre en ville, Parking et Trois places pour le 26, une autre comédie musicale, avec cette fois Yves Montand en vedette. Ainsi se clôt la trajectoire particulière de Jacques Demy, qui meurt du sida en 1990.

Inventeur d'un cinéma «néoréaliste poétique» (dixit le Dictionnaire du cinéma mondial), Demy laisse une oeuvre absolument unique qui n'a - sans doute pour cette raison - pas fait école.

En marge de sa rétrospective, la Cinémathèque propose toutefois quelques films qui s'en inspirent (Jeanne et le garçon formidable) où qui lui rendent hommage (Jacquot de Nantes), en plus d'une poignée de courts métrages, réalisés par Demy à l'orée de sa carrière.

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Rétrospective Jacques Demy, à la Cinémathèque, jusqu'au 8 mars. Informations : www.cinematheque.ca