La lutte se corse. Il ne reste maintenant plus que deux longs métrages inscrits dans la compétition mondiale à voir. Celle du 33e FFM ne passera pas à l’histoire mais elle se révèle quand même de meilleure tenue dans le dernier droit. Un thème principal se dégage clairement de l’ensemble des films: celui de l’enfance brisée. Plusieurs cinéastes l’abordent frontalement. D’autres s’en inspirent pour exprimer le tumulte intérieur d’êtres brisés, une fois devenus adultes.

C’est le cas du cinéaste danois Morten Giese. Dans Love and Rage, il s’attarde à décrire le sombre parcours d’un jeune musicien hyper doué. Ce dernier a pourtant toutes les chances de son côté. Pianiste talentueux, Daniel (Cyron Melville, dont le visage rappelle celui de Matt Damon) est promis à une brillante carrière de concertiste. L’école Julliard de New York lui fait les yeux doux. Il tombe amoureux d’une jeune musicienne. Tout va bien.

Daniel a pourtant du mal à gérer la pression. Il est atteint de crises de panique. Des relents de rage le submergent parfois. Quand il soupçonne son amoureuse d’entretenir une liaison avec un prof, son esprit jaloux s’emballe. L’histoire se répète. Son père, aussi promis à un brillant avenir de concertiste, était à l’époque habité par les mêmes démons intérieurs.

Si Love and Rage ne laisse aucun doute sur l’issue du récit, on suivra quand même avec intérêt cette mise en abime. Giese, qui signe ici son premier long métrage, maintient constamment son récit sous tension, malgré quelques invraisemblances parfois.  

Spleen slovène

Le cinéaste slovène Igor Sterk sait instaurer un climat. Celui de 9:06 se distingue par sa sobriété. Sur un rythme lent, on suit ici l’enquête que mène un policier en crise à la suite de la mort d’un musicien. Un suicide, probablement. Déjà fragile, ce policier s’identifiera au parcours de sa victime au point d’en développer une obsession. Il s’installe même secrètement dans l’appartement du disparu, usurpant même son identité. Sterk n’offre ici rien de bien original, mais son film a quand même du style. 9:06, dont l’intrigue est campée à Ljubljana, fait aussi écho à un drame apparemment fréquent dans la société slovène. Où l’on trouve l’un des haut taux de suicide au monde.

Occasion ratée

Au début d’Andrés no quiere dormir la siesta, on pense entrer dans un univers à la Constant Gardener. À la fin des années 70 en Argentine, une jeune femme meurt dans un accident. Ses enfants, dont le petit Andrés du titre, sont dévastés. En fouillant dans les affaires de la disparue, la famille lui découvre pourtant une vie secrète. Des rapports avec des membres de groupes guérilleros. À côté desquels elle se livrait à quelques activités illicites.

De ce point de départ fort prometteur, le cinéaste argentin Daniel Bustamante ne tirera pourtant rien. Le contexte n’est pratiquement jamais évoqué. On s’attardera plutôt à décrire la nouvelle vie du petit Andrés, maintenant installé chez sa grand-mère, sans aborder vraiment le cœur d’un sujet qui mêle à la fois la grande et la petite histoire. La présence, dans le rôle de la grand-mère, de Norma Aleandro (l’inoubliable interprète de L’histoire officielle) ne parvient pas à sauver le film. Que voilà une occasion ratée.

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Vanvittig Forelsket (Love and Rage) de Morten Giese. Aujourd’hui 14h au Cinéma Impérial.
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9 :06 de Igor Sterk. Demain 16h30 au Cinéma Impérial
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Andrés no quiere dormir la siesta (Andrés ne veut pas faire la sieste) de Daniel Bustamente. Aujourd’hui 16h30 au Cinéma Impérial.