C'est une première. Ubisoft Montréal a produit une série de trois films inspirés par le jeu Assassin's Creed. Révélés un mois avant la sortie du deuxième jeu de la franchise, les trois courts métrages marquent, selon le studio, une nouvelle étape vers la convergence entre le jeu et le cinéma. La Presse a rencontré, au début et à la fin de l'été, les artisans de ce nouvel hybride.

Florence, 1476. Ezio mène la vie paisible d'un jeune homme de bonne famille, entre bagarres de rue, promenades impromptues et visites surprises à sa belle. Le danger rôde et le drame change le destin d'Ezio à jamais. Vous ne jouez pas à Assassin's Creed 2. Vous regardez Assassin's Creed.

Tournés l'été dernier à Saint-Hubert avec une quarantaine de comédiens, de cascadeurs et de figurants, les films Assassin's Creed ont requis de vrais costumes d'époque, de vraies cascades et un décor virtuel: celui de Florence, au XVe siècle. Après ça, croit le réalisateur Yves Simoneau, «on pourrait tourner n'importe quoi».

Pour les films, c'est tout l'environnement du jeu qui a été utilisé, retravaillé et raffiné. «Nous nous sommes servis au début de la console de jeu pour faire un canevas où l'action va se passer. C'est un peu le monde à l'envers: on a pu faire un travail de prévisualisation avant de commencer à monter l'histoire», explique Pierre Raymond, président et fondateur de la boîte d'effets spéciaux Hybride, acquise par Ubisoft.

Ce n'est pas la première fois que le cinéma et le jeu vidéo se croisent. Hollywood a déjà adapté à sa sauce les succès de plusieurs jeux, et les jeux, eux, ont souvent été vendus en produits dérivés de films à succès. Ubisoft travaille en ce moment sur Avatar, un jeu dont la sortie coïncidera avec celle du très attendu film de James Cameron.

Bref, plus que jamais, le jeu et le cinéma convergent chez Ubisoft. «La convergence est un mot utilisé partout, dont le sens a souvent été galvaudé. Mais pour nous, c'est un réel enjeu», insiste Yannis Mallat, président d'Ubisoft Montréal.

Après la convergence des entreprises - l'acquisition, par le géant du jeu, de la firme d'effets spéciaux Hybride -, voici la convergence des technologies et du contenu.

«On parle au même consommateur. Les moyens d'expression sont importants. S'il y a bien une chose qui va perdurer et qui est commune, c'est de raconter des histoires. Ce qui est intéressant, super intéressant, pour les gens du film, c'est quel nouveau moyen d'expression le jeu peut leur amener. Ce n'est pas moi qui le dis, mais des réalisateurs comme Guillermo Del Toro», souligne Yannis Mallat.

Films «indépendants»

Ni résumés ni conclusions du jeu, les films peuvent se voir de façon indépendante, même si, indique-t-on chez Ubisoft, les spectateurs du film comprendront peut-être mieux l'intrigue du jeu. «Les gens du jeu vont avoir plus que ce dont ils rêvent», promet Yannis Mallat, qui ne souhaite pas révéler l'ampleur du budget des films.

«Nous, que l'on parte d'un scénario ou d'une BD, on a une histoire à raconter avec un réalisateur. Là, pour la première fois on a une histoire à raconter avant un jeu; c'est particulier, l'histoire ne se conclut pas de façon autonome», explique celui dont les équipes ont travaillé sur 300, Sin City ou le Marie-Antoinette d'Yves Simoneau.

Habitué aux écrans verts, Yves Simoneau est le réalisateur qui s'est rapidement imposé à l'esprit des dirigeants d'Ubisoft pour signer les films Assassin's Creed. «Il a gagné un Emmy Award, il est l'un des meilleurs et en plus, il croit beaucoup en la convergence entre Hybride et Ubisoft», rappelle Pierre Raymond.

Rencontré sur le plateau, sans le décor du film, Yves Simoneau affichait un calme olympien. «L'aspect jeu ne fait pas pour nous de grosse différence, à ceci près que l'on établit cela dans leur monde. On raconte une histoire de la même façon. La différence, c'est vraiment la production, a-t-il dit. Quand on marche, avec une équipe dans un lieu de tournage, on sait ce qui va se passer. Tout le monde le sait. Ici, nous faisons la même chose mais nous faisons du painting: nous n'avons pas de murs, pas de plafonds, c'est très abstrait.»

Conçus pour être distribués sur tous les supports, «de l'iPhone au grand écran», selon Pierre Raymond, les films Assassin's Creed ne devraient pas rester une expérience unique. «C'est une porte qui s'ouvre vers le long métrage», croit Yannis Mallat. Les artistes d'Hybride continueront à travailler sur les films, après leur sortie.

«Le jeu et le cinéma se croiseront dans le futur», promet-il.

Quelques faits sur les films Assassin's Creed

-Le premier film sera distribué le 27 octobre de façon numérique dans le monde; le second volet du jeu sortira le 27 novembre. Les deux prochains épisodes seront diffusés les 9 et 16 novembre.

-Les films sont un prélude au jeu: à Florence, au XVe siècle, Giovanni, le père d'Ezio est, comme ses ancêtres, un assassin. Il essaie de déjouer un complot visant Laurent de Médicis, mais cache à sa famille ses activités d'assassin.

-Les films sont réalisés par Yves Simoneau. Avec Romano Orzari (Giovanni Auditore), Manuel Tadros (Rodrigo Borgia), Jesse Rath (Frederico Auditore), Devon Bostick (Ezio Auditore) et Claudia Ferri (Maria Auditore).

Assassin's Creed, le jeu

Sorti en novembre 2007, Assassin's Creed, produit à Ubisoft Montréal, est un jeu d'action-aventure et l'un des grands succès du studio montréalais. La sortie d'Assassin's Creed II, toujours une création d'Ubisoft Montréal, est quant à elle prévue cet automne.

Le jeu emmène le joueur dans plusieurs villes et plusieurs époques. On navigue ainsi entre les croisades, le futur (2012) et le principe est assez simple: dans la peau d'un tueur, membre de la confrérie des Assassins, plongé au coeur d'un univers visuellement riche, le joueur doit abattre des cibles.

Assassin's Creed met aussi en scène des personnages historiques et des personnages de fiction. Ils sont tous deux mis en scène dans l'avenir ou dans le passé, durant les croisades.

Le deuxième Assassin's Creed change quant à lui d'époque et entraînera le joueur dans les rues de Florence, en Italie, au XVe siècle. Les combats sont toujours très contemporains et, d'après la démonstration à laquelle nous avons assisté, le joueur peut toujours multiplier les courses et cascades. Les films sont le prélude du deuxième jeu.